« Olli Makï »: le cœur a ses raisons que le poing ne connaît pas 🎬
Le boxeur est amoureux. Ça compte sur la balance de la vie.
Humour tendre, en noir et blanc
Olli Mäki existe bel et bien, en vrai, cette histoire de 1962 a bien eu lieu, il a en effet rencontré alors une belle Raija et le match s’est terminé par… on ne le dit pas, mais c’est pas très dur d’en imaginer l’issue, le film n’est pas un film à suspens. Pas davantage un film de boxe, rien à voir avec un Rocky, tant mieux, pas un biopic non plus. Juho Kuosmanen (dont c’est le premier long-métrage) s’inspire d’un personnage et d’un contexte et prend sa liberté d’artiste pour interroger, sans prise de tête, le dilemme succès professionnel / réussite de la vie personnelle. Question universelle, bien au delà des cordes d’un ring – le ring est aussi dans l’entreprise -, à quoi servent le succès et la gloire si l’on leur sacrifie ses passions, l’amour par exemple? Spectacle ou dignité? Une séquence frappante, l’une des meilleures, s’en amuse amèrement. Dans une foire que visitent Olli et son amoureuse, les spectateurs balancent des projectiles en direction de deux femmes en tenue légère pour les faire tomber dans l’eau. Le public s’esclaffe, les modèles beaucoup moins, de retour dans leur loge crasseuse en enlevant leur perruque et leurs faux-cils.
Il y a une marque de fabrique du cinéma nordique, finlandais en particulier, emmené depuis quelques décennies par Aki Kaurismäki. Une façon de manier un humour froid, décalé, noir parfois, un peu triste, mélancolique, désabusé. Le noir et blanc lui va bien (Kaurismäki l’a souvent utilisé). Kuosmanen a déniché pratiquement tout ce qu’il restait du stock de pellicule 16 mm N&B de la planète pour retrouver le grain des archives d’alors. Sa caméra sans cesse mobile mais toujours précise rappelle drôlement le cinéma vérité de l’époque. Son film, impressionniste, est pourtant l’inverse d’un documentaire, mais il suggère quelques belles vérités.
Bien que l’histoire parle d’une crise existentielle et de la difficulté à se trouver soi-même, il est capital pour le récit de ne pas se vautrer dans la boue, mais plutôt de voler comme un cerf-volant.
Juha Kuosmanenen, réalisateur de Olli Mäki
> extrait:
Olli Mäki – Juho KUOSMANEN (Finlande) – 1h32
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