« L’hermine »: un beau mot et un signifiant dont Christian Vincent fait un film 🎬

0
582

Il y a de la malice derrière les lunettes de Christian Vincent. Avec « L’hermine » Il réussit sur fond de cour d’assisses audomaroise (il apprécie le Pas de Calais) une comédie dramatique qui convoque parmi des non-professionnels une étonnante paire d’acteurs: un Luchini presque en retenue et une Sidse Babett Knudsen toute en fausse froideur. A Sarlat, le « mot à mot » du réalisateur …

… dont le film était dans la sélection du 24ème festival du film de Sarlat.  Il y est question d’un département dans lequel le cinéaste a tourné il y a vingt ans à Lièvin et dans lequel il prépare son prochain film à Calais. Se méfiant de Paris et des stéréotypes que l’on peut y trouver, Christian Vincent -et de ce point de vue, ses films seraient « politiques »- préfère les lieux et les villes de province où se disent mieux les mixités et les mélanges sociaux, pluralité à laquelle il attache de l’importance. Sinon il dit prendre plus de plaisir à faire des films qu’il y a vingt cinq ans, évoque une évidence de casting et la Sainte-barbe…    

 

Fabrice Luchini avec Christian Vincent.

 « L’hermine » -1H38- : 

Scénario : « Bougon et droit dans ses bottes, Michel Racine, président de cour d’assises à Saint-Omer dans le Pas de Calais ne fait pas de sentiment. Il a même un surnom: « le président à deux chiffres » car ses sentences dépassent les dix ans. Il a raté sa vie personnelle en épousant une femme plus riche que lui qui vient de le quitter. Lors d’un procès, des jurés doivent être choisis et il est très surpris et ému de découvrir que parmi eux figure un médecin qui lui sauvé la vie mais brisé le coeur. Un chagrin d’amour qui l’a rendu amer. Alors que leur relation n’existait pas, il lui a écrit une lettre dans laquelle il lui déclarait sa flamme. A son contact, il pourrait bien apprendre la compassion… »

L'hermine illustration

                               

La critique Desmotsdeminuit :  

Il a tout pour déplaire à tous ce Michel Racine, président médaillé de la Cour d’assises de Saint-Omer. D’ailleurs sa femme vient de le congédier l’envoyant dormir à l’hôtel. Il déplait aussi à ses collaborateurs qui n’en disent rien mais qu’il traite du haut de sa fonction notoire et notable dans cette ville modeste du Nord, aux avocats de ceux qu’il fait généralement condamner lourdement. Sa suffisance déplait également immédiatement aux spectateurs que nous sommes. Circonstance aggravante en cette ouverture d’un procès qui va l’ennuyer -tant d’autres déjà…- il est grippé, donc encore plus grognon. L’affaire devrait être facilement expédiée: un pauvre type, alcoolique, qui, contre des évidences policières, nie avoir tué son bébé trop bruyant à coup de rangers.
Pourtant le dispositif s’enraye vite: parmi les jurés tirés au sort figure une femme, Ditte, médecin qui avait soigné Racine pendant 7 semaines à l’hôpital. De ce contact quotidien était né un protocole particulier entre eux, une relation bien plus particulière que médicale dont on ne saura pas vraiment si une suite fut réelle, rêvée ou fantasmée, ce qui est sûr c’est qu’elle a laissé de fortes traces. Au point que, tout à coup, la justice ne peut plus être rendue de sa façon habituellement mécanique. Hasard ou nécessité, sans savoir pourquoi, l’ensemble du prétoire est pris d’un trouble productif, emporté par un président redevenu homme, sensible. Amoureux? Il y a une vie après l’audience.

 

Aigre doux
Christian Vincent a tout bon. Il ne saurait sans doute pas dire s’il a préféré le sucre de la romance ou le sel de la réalité judiciaire. C’est bien le génie de son film que d’imbriquer les deux, de rappeler l’humanité au fatal pour les interroger et peut être les réassocier.
On se méfie des superlatifs mais, disons-le, sa façon cinématographique est proche du parfait. Pas un plan n’est négligé, tout est utile dans sa mise en scène, sans démonstration, dans la captation de ces minutes d’une cour d’assises, rare lieu où la diversité des couches sociales se rencontre. Un regard, un geste, une hésitation, un son même lointain, tout installe, dans un montage qui impressionne par sa fluidité, un moment unique comme seul le cinéma peut le faire.
Fabrice Luchini – que Christian Vincent connaît bien depuis même avant La discrète (1990)- aurait pu écraser le casting de son renom, il est au service. Modeste dans son incontestable talent, il laisse toute leur place aux autres, les seconds rôles qui font aussi la matière du film. Et surtout à Sidse Babett Knudsen, comédienne danoise qui, dans les mystères et la discrétion de son jeu est une grande révélation pour le cinéma français.
Rémy Roche 

     

 

 CHRISTIAN VINCENT :

« Lycéen en banlieue parisienne dans les années 70, il se consacre davantage au militantisme politique qu’à la cinéphilie. Mais la découverte, à 21 ans, de La Règle du jeu est un choc pour le jeune homme, qui s’oriente alors vers le 7ème art. Après des études de sociologie et de cinéma, il intègre l’IDHEC en 1979. Dans ce cadre, il tourne plusieurs courts-métrages remarqués, comme Il ne faut jurer de rien (1983) avant de devenir assistant monteur sur les derniers films de Max Pécas. Son premier long métrage est La Discrète, brillante comédie de caractères avec un Luchini, acteur rohmérien encore inconnu du grand public. Succès critique et commercial inattendu, le film récolte trois César en 1991, dont celui de la meilleure première oeuvre, et fait du cinéaste l’un des jeunes auteurs en vue, aux côtés de Rochant ou Desplechin. En 2015, il est lauréat du Prix Osella pour le meilleur scénario pour L’Hermine, à la Mostra de Venise.
Filmographie :
1983 : Il ne faut jurer de rien (court métrage)
1985 : Classique (court métrage)
1987 : La Part maudite (court métrage)
1990 : La Discrète
1992 : Beau fixe
1994 : La Séparation
1996 : Je ne vois pas ce qu’on me trouve
2000 : Sauve-moi
2003 : Mon accident
2004 : Les Enfants
2005 : Quatre étoiles
2012 : Les Saveurs du palais
2013 : Les Complices (téléfilm)
2015 : L’Hermine »

 

samedi 14  novembre  au Rex de Sarlat, le Festival a rendu hommage au journaliste et critique de Cinéma, Jean-Jacques Bernard, décédé brutalement pendant le Festival.

 

 

Palmarès du Festival  du Film de Sarlat 2015
LONGS MÉTRAGES

  • « SALAMANDRE D’OR », Meilleur film, désigné par le vote du public, Prix de la Mairie de Sarlat:

                                                   DEMAIN de Cyril Dion et de Mélanie Laurent

 

  • PRIX DES LYCEENS, Meilleur film, désigné par le vote des lycéens, PRIX du CONSEIL REGIONAL D’AQUITAINE :

 

                                                   ROSALIE BLUM de Julien Rappeneau

 

JURY JEUNES SONY PLAYSTATION (vote du Jury Jeunes) : 

 

  • PRIX DU MEILLEUR FILM, désigné par le vote du Jury Jeunes, PRIX du CONSEIL GENERAL DE DORDOGNE :

 

                                                       ARRETEZ-MOI LA de Gilles Bannier

 

  •  PRIX D’ INTERPRETATION FEMININE, désigné par le vote du Jury Jeunes :

 

NOEMIE LVOVSKY pour son rôle dans ROSALIE BLUM de Julien Rappeneau

 

 

  • PRIX D’ INTERPRETATION MASCULINE, désigné par le vote du Jury Jeunes :

 

BENJAMIN LAVERNHE  pour son rôle dans LE GOUT DES MERVEILLES d’Eric Besnard

 



COURTS METRAGES (vote du Jury courts métrages)

 

  • 1er PRIX DU MEILLEUR COURT METRAGE, doté par l’école « Intérieur Déco » : SOUS TES DOIGTS de Marie-Christine Courtès

 

  • 2eme PRIX DU MEILLEUR COURT METRAGE, doté par « l’ESEC » : MAMAN(S)  de Maimouna Doucouré

 

 

PRIX DES FILMS réalisés par les LYCEENS pour le Bac 2015 (Jury des films du Bac), doté par GROUPAMA

 

  • 1er PRIX : Lycée Poincaré de Nancy pour Qui a peur du grand méchant Roux.

 

  • 2er PRIX : Lycée de la Communication à Metz pour La Nuit.

 

  • 3ème PRIX : Lycée Leconte de Lisle  à St Denis de la Réunion pour  Naufrage. 

 

 

La page facebook des mots de minuit,  Abonnez-vous pour être alerté de toutes les nouvelles publications.
@DesMotsDeMinuit