« Espèces menacées » de Gilles Bourdos: fracas familiaux ordinaires 🎬
Un film ultra-sensible sur les tempêtes familiales quand ce ne sont pas des ouragans de violences conjugales.
La noce a dû être joyeuse et arrosée, elle défile bruyamment en cortège motorisé sur le front de mer niçois. Joséphine (Alice Isaaz) et Tomasz (Vincent Rottiers) rejoignent un hôtel de luxe, c’est le plus beau jour de leur vie, mais la nuit de noce va tourner au cauchemar. Tomasz s’empêtre dans des vannes douteuses à propos de la mère et de l’ex de Joséphine qui finit par tourner le dos.
Un an plus tard, Tomasz est bûcheron-voltigeur, Joséphine fait les courses et croise son père Joseph (Gregory Gadebois) au supermarché, ils ne se sont plus vus depuis le mariage, méfiance réciproque par rapport à une union désapprouvée par des parents qui se renvoient la balle et la responsabilité de ne pas avoir empêché cette relation avec un être qui inquiète, louche, mauvais garçon, trop de tatouages.
Vincent (Eric Elmosnino), lui, reçoit un coup de fil de sa fille Mélanie (Alice de Lencquesaing) qui lui annonce qu’enceinte, elle va se marier avec Yann (Carlo Brandt), son prof de fac, 63 ans, donc 40 de plus qu’elle, 20 de plus que Vincent qui s’en étrangle. N’empêche que lui-même se sépare de sa femme.
Juste une coïncidence, Anthony (Damien Chapelle) est un élève de Yann, le vieux prof ci-dessus. Un grand dadais intelligent mais incapable d’avoir une relation avec une femme. Sa mère, Nicole (Brigitte Catillon) l’appelle pour lui dire qu’elle s’est faite larguer par son mari parti avec une jeunette, elle a incendié la voiture du traître et elle part à l’hôpital psychiatrique. Ils habitaient une vaste villa qu’Anthony retrouve dans un état dantesque. Pour la nettoyer, il embauche une jeune femme de ménage, il fantasme maladroitement, ça n’est donc pas réciproque.
Un an plus tard, Tomasz est bûcheron-voltigeur, Joséphine fait les courses et croise son père Joseph (Gregory Gadebois) au supermarché, ils ne se sont plus vus depuis le mariage, méfiance réciproque par rapport à une union désapprouvée par des parents qui se renvoient la balle et la responsabilité de ne pas avoir empêché cette relation avec un être qui inquiète, louche, mauvais garçon, trop de tatouages.
Vincent (Eric Elmosnino), lui, reçoit un coup de fil de sa fille Mélanie (Alice de Lencquesaing) qui lui annonce qu’enceinte, elle va se marier avec Yann (Carlo Brandt), son prof de fac, 63 ans, donc 40 de plus qu’elle, 20 de plus que Vincent qui s’en étrangle. N’empêche que lui-même se sépare de sa femme.
Juste une coïncidence, Anthony (Damien Chapelle) est un élève de Yann, le vieux prof ci-dessus. Un grand dadais intelligent mais incapable d’avoir une relation avec une femme. Sa mère, Nicole (Brigitte Catillon) l’appelle pour lui dire qu’elle s’est faite larguer par son mari parti avec une jeunette, elle a incendié la voiture du traître et elle part à l’hôpital psychiatrique. Ils habitaient une vaste villa qu’Anthony retrouve dans un état dantesque. Pour la nettoyer, il embauche une jeune femme de ménage, il fantasme maladroitement, ça n’est donc pas réciproque.
Mosaïque d’aliénations
Les trois histoires sont lancées, trois paysages intimement adverses, une jeune femme et son bourreau, un père et sa fille qui le désarçonne, un fils qui a raté son œdipe. Elles sont faussement chorales, on est plutôt dans une mosaïque, les uns et les autres se croisent sans autres réelles conséquences, sauf à construire un inventaire de soumissions et d’aliénations.
L’affrontement addictif de Joséphine et Tomasz est central, il aurait pu faire le film en entier, c’est le plus creusé, le plus abouti, notamment grâce à l’exceptionnelle performance des acteurs qui incarnent jusqu’au sang des conjoints à la vie, à la mort. Il ne sait pas pourquoi il la martyrise, elle ne sait pas pourquoi elle le défend contre toute raison.
On ne connaissait pas trop Alice Isaaz: les vraies présentations sont ici ébouriffantes, une jeune comédienne toute en technique sobre y compris dans les excès de son personnage, elle domine un casting par ailleurs impeccable. On savait les capacités de Vincent Rottiers (depuis « L’hiver dernier« ), on est ici épaté par son engagement de toutes les situations, de tous les plans.
Bien écrit (à partir de nouvelles de l’auteur américain Richard Bausch), remarquablement dialogué, astucieusement mis en scène, joliment filmé, « Espèces interdites » est douloureux mais on ne doit pas s’en passer, il n’est pas sans espoir, il suggère des réconciliations.
Après un « Renoir » aseptisé, Gilles Bourdos renoue avec la pertinence d’un de ses anciens films, « Inquiétudes » (2003), déjà des victimes et des bourreaux dans la sphère familiale.
Il y a du mal à se faire du bien. Et inversement?
On ne connaissait pas trop Alice Isaaz: les vraies présentations sont ici ébouriffantes, une jeune comédienne toute en technique sobre y compris dans les excès de son personnage, elle domine un casting par ailleurs impeccable. On savait les capacités de Vincent Rottiers (depuis « L’hiver dernier« ), on est ici épaté par son engagement de toutes les situations, de tous les plans.
Bien écrit (à partir de nouvelles de l’auteur américain Richard Bausch), remarquablement dialogué, astucieusement mis en scène, joliment filmé, « Espèces interdites » est douloureux mais on ne doit pas s’en passer, il n’est pas sans espoir, il suggère des réconciliations.
Après un « Renoir » aseptisé, Gilles Bourdos renoue avec la pertinence d’un de ses anciens films, « Inquiétudes » (2003), déjà des victimes et des bourreaux dans la sphère familiale.
Il y a du mal à se faire du bien. Et inversement?
Espèces menacées – Gilles Bourdos (France) – 1h45
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