📚 Gilles Paris, « La lumière est à moi »: droit au cœur

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L’auteur de « Autobiographie d’une courgette » signe un recueil de nouvelles à hauteur d’enfant: un condensé d’émotion, de tendresse et de poésie. Bouleversant.

Ils s’appellent Ben, Anton, Brune, Lior, Rose, Tom… Ils ont entre cinq et quinze ans et une vie déjà cabossée qu’ils s’efforcent d’oublier. Certains se rêvent différents. D’autres parlent aux buses. D’autres s’inventent des histoires. Leur point commun: la solitude. À l’image d’Anton qui passe le plus clair de son temps dans les arbres depuis qu’il a perdu sa maman et à propos de qui Gilles Paris écrit cette phrase qui pourrait tous les caractériser: « C’était un être à la sensibilité extrême qui retenait tout, pareil à une digue sur le point de céder. » Son isolement était sa force. Celui de l’héroïne d’Incendies  sera sa faiblesse (cf la vidéo de la lecture). Trop souvent livrée à elle-même, la jeune fille finira par prendre ses désirs pour la réalité. Le réveil sera cuisant mais la leçon de courte durée. 
On n’empêche pas un enfant de rêver. « Je n’ai pas besoin qu’on me raconte des histoires. L’imagination est tout pour moi », affirme Lucie, fille d’Angus, qui hésite entre « se suspendre à la poutre de la grange, ou régler son compte au pot de glace coco citron. » Ou Benji qui a tellement rêvé que sa grand-mère tombe par la fenêtre qu’elle a fini par tomber un matin « comme une pierre qui a roulé jusqu’aux rhododendrons ».

Lumières

Rêve ou réalité? Qu’importe. Il faut les croire. Car seuls les fous et les enfants disent la vérité. Si les héros de Gilles Paris ont souvent la vie dure –parents séparés, malades, décédés ou simplement trop absents– ils ont aussi le pouvoir de la transfigurer. A l’image de Lior héroïne inoubliable de la nouvelle qui clôt ce recueil et lui donne son titre. « J’ai quinze ans et je m’appelle Lior. Ce prénom en hébreu signifie la lumière est à moi je suis née à Herzliya, mais je n’y ai pas vécu . » Ainsi commence le dernier monologue de ce recueil qui en compte dix-neuf et dans lequel Gilles Paris a su saisir toute la grâce, la lumière et l’acuité de ce pays dont il parle trop bien pour l’avoir totalement quitté: l’Enfance.
Gallimard – 208 pages
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  les lectures d’Alexandra
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