A bord du « Shakespeare » #35: Ai-je vraiment raté quelque chose?
La première semaine à terre a été pour le moins étonnante, avec ce sentiment de décalage partagé par notre entourage. Ce décalage n’est pas négatif, il est même très intéressant, alors qu’il se manifeste pour moi, par moment, par un certain dépit. Attentats, Régionales, COP 21. Du cercle vicieux au cercle vertueux qui résonne souvent comme une mauvaise blague.
Rentrer en France entre des attentats meurtriers et des élections régionales sous tension après sept mois loin de tout ceci, a quelque chose d’étrange. D’un côté, il y a la crainte d’avoir raté tant de chapitres de notre histoire franco-française qu’il sera difficile d’y comprendre quelque chose. De l’autre, bouger, voyager, rencontrer et partager des journées, des idées, avec des anglo-saxons nous a permis de confronter notre petit territoire à celui de nos amis voyageurs.
Premier constat, nos chers circum-navigateurs bien que vivant sur les mers restent très attachés à ce qui se passe dans leur pays d’origine, comme nous d’ailleurs. Chaque attaque mortelle aux Etats-Unis a été discutée, développée, argumentée, avec en toile de fond le droit pour chaque américain de posséder une arme, ce qui a pu amener quelques conflits eu égard à des positions un peu extrémistes sur le sujet… Nous avons appris beaucoup de leur monde à leur contact. Entre ceux qui ont quitté les USA depuis longtemps et ceux pour qui le voyage ne fait que commencer.
La violence, quand elle est de surcroît l’un des piliers du monde dans lequel nous vivons, prend une dimension différente suivant où l’on se trouve.
En mer, elle se matérialise par la crainte de la piraterie. On peut essayer de l’éviter, mais quand elle frappe, on courbe l’échine.
A terre, tout dépend du pays dans lequel vous vous trouvez. La tendance générale va consister à bannir les pays à contentieux, ce n’est que prudence me direz vous. Le voyageur a une valeur « marchande« . La fuite de « chez l’autre« , de ses conflits qui ne vous regardent pas, dont vous ne voulez pas, est une solution simple et égoïste. Bassement humaine.
Non, cette violence-là, terroriste, a une résonance particulière, chez nous, à Paris.
Ce que je sais aujourd’hui de vos vies, de votre quotidien, de vos colères, de vos craintes, je le tiens des réseaux sociaux, de ce que vous partagez ou pas. Et c’est instructif.
Oui quelque chose a changé, je ne sais pas encore le formuler, dans quelques jours peut-être, avec les pieds et la tête résolument sur terre. Lorsque je serai au milieu de vous. Pour l’heure, encore à la Réunion, ce n’est que théorique.
Et puis il y a la politique franco-française, des élections régionales qui, comme les départementales n’intéressaient personne il y a quelques années encore. La grande majorité des votants s’interroge sur l’utilité des uns et des autres, les derniers observent, les hommes politiques peinent à convaincre quiconque. C’est à se demander s’ils parviennent à se convaincre eux-mêmes. C’est triste pour ne pas dire affligeant. On ne vote plus « pour » depuis longtemps déjà ou alors probablement pour les extrêmes, on vote « contre« . La crainte que j’avais de ne pas avoir suivi les débats depuis des mois et d’être perdue s’est vite envolée.
Non. Je n’ai strictement rien raté. Les mêmes questions sans réponses, les mêmes débats stériles, les mêmes alliances contre nature, les mêmes discours vides. Vides de sens. Vides d’ambition, de vision, d’enthousiasme, d’envie, de rêve, d’utopie même. Nos ambitions devraient être démesurées. Bien sûr. Pourquoi pas après tout? Prenons exemple sur ces jeunes qui se bougent, ont des rêves et refusent ce mot si agaçant du vocabulaire français, « impossible« .
Un peu de dépit dans tout cela face à la faillite de l’analyse de notre société, de nos attentes, par ceux qui devraient s’y atteler.
Et la COP 21 dans tout ça? Tant qu’on n’aura pas compris et admis la différence entre vivre et survivre, entre économie et profit, entre politique politicienne et bien commun, entre utopistes et réalistes rêveurs, on pourra faire tous les sommets de la terre qu’on voudra, la fumée qui sortira des cheminées sera toujours gris sale.
Il faudrait tout reprendre. A l’origine. Recommencer et comprendre. Pour ne pas se noyer ou se laisser emporter par une vague. Scélérate. Forcément. La crainte suprême du marin.
Premier constat, nos chers circum-navigateurs bien que vivant sur les mers restent très attachés à ce qui se passe dans leur pays d’origine, comme nous d’ailleurs. Chaque attaque mortelle aux Etats-Unis a été discutée, développée, argumentée, avec en toile de fond le droit pour chaque américain de posséder une arme, ce qui a pu amener quelques conflits eu égard à des positions un peu extrémistes sur le sujet… Nous avons appris beaucoup de leur monde à leur contact. Entre ceux qui ont quitté les USA depuis longtemps et ceux pour qui le voyage ne fait que commencer.
La violence, quand elle est de surcroît l’un des piliers du monde dans lequel nous vivons, prend une dimension différente suivant où l’on se trouve.
En mer, elle se matérialise par la crainte de la piraterie. On peut essayer de l’éviter, mais quand elle frappe, on courbe l’échine.
A terre, tout dépend du pays dans lequel vous vous trouvez. La tendance générale va consister à bannir les pays à contentieux, ce n’est que prudence me direz vous. Le voyageur a une valeur « marchande« . La fuite de « chez l’autre« , de ses conflits qui ne vous regardent pas, dont vous ne voulez pas, est une solution simple et égoïste. Bassement humaine.
Non, cette violence-là, terroriste, a une résonance particulière, chez nous, à Paris.
Ce que je sais aujourd’hui de vos vies, de votre quotidien, de vos colères, de vos craintes, je le tiens des réseaux sociaux, de ce que vous partagez ou pas. Et c’est instructif.
Oui quelque chose a changé, je ne sais pas encore le formuler, dans quelques jours peut-être, avec les pieds et la tête résolument sur terre. Lorsque je serai au milieu de vous. Pour l’heure, encore à la Réunion, ce n’est que théorique.
Et puis il y a la politique franco-française, des élections régionales qui, comme les départementales n’intéressaient personne il y a quelques années encore. La grande majorité des votants s’interroge sur l’utilité des uns et des autres, les derniers observent, les hommes politiques peinent à convaincre quiconque. C’est à se demander s’ils parviennent à se convaincre eux-mêmes. C’est triste pour ne pas dire affligeant. On ne vote plus « pour » depuis longtemps déjà ou alors probablement pour les extrêmes, on vote « contre« . La crainte que j’avais de ne pas avoir suivi les débats depuis des mois et d’être perdue s’est vite envolée.
Non. Je n’ai strictement rien raté. Les mêmes questions sans réponses, les mêmes débats stériles, les mêmes alliances contre nature, les mêmes discours vides. Vides de sens. Vides d’ambition, de vision, d’enthousiasme, d’envie, de rêve, d’utopie même. Nos ambitions devraient être démesurées. Bien sûr. Pourquoi pas après tout? Prenons exemple sur ces jeunes qui se bougent, ont des rêves et refusent ce mot si agaçant du vocabulaire français, « impossible« .
Un peu de dépit dans tout cela face à la faillite de l’analyse de notre société, de nos attentes, par ceux qui devraient s’y atteler.
Et la COP 21 dans tout ça? Tant qu’on n’aura pas compris et admis la différence entre vivre et survivre, entre économie et profit, entre politique politicienne et bien commun, entre utopistes et réalistes rêveurs, on pourra faire tous les sommets de la terre qu’on voudra, la fumée qui sortira des cheminées sera toujours gris sale.
Il faudrait tout reprendre. A l’origine. Recommencer et comprendre. Pour ne pas se noyer ou se laisser emporter par une vague. Scélérate. Forcément. La crainte suprême du marin.
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