C’est définitif et irrémédiable, la Tour 13 n’est plus qu’un tas de gravats. Dans la poussière, une expérience de street art inédite et passionnante. Les candidats à sa visite devaient faire des heures de file d’attente. Pourquoi? Retour en images sur cette aventure unique et désormais caduque.
Avant d’être un style, le Street Art c’est le choix, certes contraint, d’un support, celui de la ville dont on squatte les surfaces. Murs, palissades, rames de métro et de trains de banlieue, mais aussi (phénomène à expliquer) les camions de fruits et légumes qui font les marchés. Espaces publics.
Paris Tour 13, c’était tout autre chose...
La grande nouveauté de l’installation provisoire Paris Tour 13, c’est que c’est un immeuble entier, promis à la démolition, qui a été livré à quelques 30 artistes internationaux du Street Art. En utiliser les façades, c’est à peine nouveau, on reste dans cette utilisation d’un espace visiblement public. C’est une autre audace que leur a proposé la Galerie Itinnerrance d’investir les lieux privés de sa trentaine d’appartements encore chauds de leurs occupants tout juste déménagés. Il y a les traces de leur vie, leurs empreintes, leurs salissures, parfois un meuble oublié, une armoire de toilette qui n’a pas été décrochée. Cette étrange sensation que l’on ressent aussi en se frayant un chemin dans une maison abandonnée qu’envahissent ronces et mauvaises herbes qui ne parviennent pas encore à l’emporter sur ce que l’on imagine de ses anciens occupants, de ce qui était leur espace intime. C’est la première sensation ressentie en visitant cette Tour 13 de 9 étages + caves. D’autant que quelques appartements sont encore occupés. Etrange mise en abime. On en reste pas là, pourtant durablement imprégné de cette sensation d’intrusion dans l’intime. Car la force des propositions de ces artistes squatteurs est tout juste fulgurante. La variété et la haute qualité de leurs divagations prend toujours en compte la spécifié de l’originalité de ce support. A leur gré ils ont savamment détruit, détourné, redécoré ces lieux oû hier encore, à l’abri des regards, on habitait, mangeait, dormait, se lavait, pissait, s’engueulait ou faisait l’amour, on vivait. Salon, salle à manger, chambre des parents, des enfants, petite salle de bain, cuisine, des voyous de l’art ré-interprètent ces traces de vie. La diversité de leurs divagations est d’autant plus visible et spectaculaire que tous ces appartements avaient été créés sur un plan identique. Et il y a plastiquement des idées exceptionnelles. Beaucoup. Il y avait… Les visites sont terminées, pas de prolongations, l’immeuble sera détruit comme prévu, les œuvres aussi. L’éphémère faisait partie du plaisir. Les files d’attente duraient des heures, elles se formaient dès le petit matin. Restent des photos, des vidéos. Mais l’émotion ne s’enregistre pas.
Reportage photos.
le site de Tour Paris 13
Une initiative de la Galerie Itinerrances
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