Sylvie Gracia, Emmanuel Adely 📚 Pierre et Gilles 📷 Scholastique Mukasonga 📚 Nadav Lapid 🎥 et 🎼 avec Milkymee #451
Dans une société de l’immédiateté et de l’image des écrivain -e-s qui cherchent des mots pour le dire. Être d’un pays dont l’histoire a subi et gravé le mot génocide et trouver d’autres mots pour le dire. De la photo, ne faire que la prémisse d’une œuvre à paillettes. D’une société déchirée de l’intérieur, faire un film. C’est Des mots de minuit: métis, radical, réjouissant!
Des mots de minuit #451 du 21 mars 2012
Avec:
- L’écrivaine et éditrice Sylvie Gracia
- L’écrivain Emmanuel Adely
- Les plasticiens Pierre et Gilles
- L’écrivaine Scholastique Mukasonga
- Le réalisateur Nadav Lapid
Musique:
- L’auteure compositrice interprète Milkymee
INCERTAIN REGARD :
Sylvie Gracia écrivaine et éditrice signe Le livre des visages aux Éditions Jacqueline Chambon.
… Sur le Livre des visages, elle couche des moments, des lieux, des cieux, des yeux, saisis par la vue, arrachés à la vie, les fait vivre par son écriture, autrement. Rapport direct de désignation, de commentaire, ou de dénégation, l’écriture faisant comme si l’image n’était pas là. Paradoxalement, cette esthétique du fragment, jouant tour à tour de la disjonction du texte et de l’image et de leur communion, ne produit pas du désordre. Nous ne lisons pas au jour le jour, sur ordinateur : livre en main, le temps laisse émerger les thèmes. La famille perdue, les enfants qui s’éloignent, l’amour à construire se mêlent à l’espace social. On peut ainsi lire aussi cet ouvrage comme une immersion dans « Balkaland », dite aussi « Lev-Lev », alias Levallois-Perret, noyau dur du cynisme politique et affairiste. Sylvie Gracia réinvente alors peut-être un genre, celui des légendes, au sens plein du mot : des textes qu’on doit lire.
© Alain Nicolas. L’Humanité, 2012.
Emmanuel Adely écrivain, pour son Blog NMR (no more reality éléments pour les années 00),
Écrivain et romancier, Emmanuel Adely s’intéresse aux rapports et aux écarts qu’entretiennent l’expression orale et l’expression écrite, à la possibilité ‘‘d’écrire comme on parle et de lire comme on dit’’. C’est dans cette approche des potentialités d’atteinte d’une réalité orale par l’écrit qu’il s’illustre dans une écriture flux, souvent libérée d’une seule traite et, dans une spontanéité, celle-ci même qui caractérise la parole, balayant jusqu’à l’ultime ponctuation. Ainsi, ‘‘Mad about the boy’’ paru aux éditions Joëlle Losfeld, est un texte sans majuscules, sans point, sans virgule, comme une interminable phrase déclamée dont la longueur s’invente à mesure qu’elle est prononcée, ainsi les monologues et les dialogues de ‘‘Mon amour’’ rétifs à toute structuration syntaxique.
© Aurélie Noury. La maison des écrivains et de la littérature.
CONVERSATION :
Scholastique Mukasonga est l’autrice de Notre-Dame du Nil (Gallimard/Continents noirs).
L’objet qui prolonge Scholastique Mukasonga est un collier en coquillage très vieux et rare, qui représente l’une des raisons de sa vie. Il a appartenu aux femmes de sa famille et a été transmis malgré les vicissitudes de l’histoire. Pour elle, c’est la mémoire de sa famille.
« Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d’altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d’accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l’intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi.
Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un «vieux Blanc», peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d’insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d’autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu’il a bâti pour elle.
Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c’est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d’une écriture directe et sans faille. »
© Gallimard
Pierre et Gilles artistes, photographes et plasticiens, pour leur Autobiographie en photomatons 1968 1988 (Bazar Édition). C’est une recension de photomatons rassemblés sur vingt ans. Elle compose une histoire racontée à la première personne par Gilles Blanchard, sous formes d’images légendées, celle d’un adolescent timide du Havre qui monte à Paris où il s’éprend de Pierre Commoy.
Pierre et Gilles ont pour objet qui les prolonge une gourmette à leur nom, cadeau d’un ami tué pendant la guerre d’Algérie.
Nadav Lapid cinéaste, pour son film Le policier. Un grand film et une révélation…
L’objet de Nadav Lapid est un dictionnaire, Le Robert micro qui symbolise sa venue en France. Lors de son arrivée, il ne pouvait s’exprimer que grâce à ce « meilleur ami ».
« Yaron, policier d’élite, fait partie d’une brigade antiterroriste avec Danny, Schlomi, Amir et Ariel. Il chérit ses collègues plus que tout, et honnit avec la même force les ennemis d’Israël. Nili, sa femme, est sur le point d’accoucher de leur premier enfant, ce qui le perturbe fortement. Non loin, en ville, Nathanaël a fondé un groupuscule prônant la lutte des classes. Inexpérimentés mais déterminés, Shira, Yotam, Michaël et Oded sont éblouis par la force oratoire de leur mentor. Ces jeunes rebelles fomentent une prise d’otages lors d’un mariage entre jeunes gens de la haute société israélienne. Yaron devra combattre ces ennemis de l’intérieur… »
MUSIQUE:
Émilie Hanak, auteure compositrice et interprète dite Milkymee chante A little bite too fast et Before the truth
Des mots de minuit #451
Réalisation: Anthony Mutti
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Des mots de minuit/France2
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