« Oui, chez nous, tout le monde a le même salaire! » Ariane Mnouchkine. #306
Quand il s’agit de dire la langue du théâtre comme on évoque un combat et le refus des injustices; quand chanter permet de financer des écoles au Népal; quand les mots de Victor Hugo ne sont pas ceux du colonisateur; quand se joue au français « La fin du monde », c’est DMDM! De la Cartoucherie de Vincennes au Tchad en passant par le Népal, le chemin est évident… Et la musique? Argentine!
Des mots de minuit : émission N°306 du 23 avril 2008.
Réalisation: Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
- CONVERSATION :
- Avec la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, l’écrivain d’origine tchadienne Nimrod, le metteur en scène Michel Raskine, le comédien Laurent Stocker et la chanteuse et écrivaine tibétaine Ani Chöying Drolma.
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Quand je fais une proposition, c’est comme si je proposais un terrain de jeux, un terrain vague, un terrain vierge, et plus il est vierge meilleur il est pour les acteurs. La communion est alors possible, le sublime est possible, le vivre ensemble est possible.
Ariane Mnouchkine. DMDM, 2008.
Le Théâtre du Soleil, qui est dirigé par cette femme de théâtre et de feu fonctionne comme une coopérative de travailleurs dans un esprit communautaire. Quelques-uns des principes régissant le fonctionnement de la compagnie ont marqué les esprits et continuent de le faire: même salaire pour tous, maquillage en public, soupe servie aux spectateurs; Ariane Mnouchkine déchirant elle-même les tickets au contrôle de l’entrée. Mélange de légendes et de traditions. Et toujours l’exigence des choix artistiques au plus haut, comme une revendication politique et sociale. Elle parle ici de sa passion, bien sûr, mais aussi de ses engagements pour la lutte tibétaine ou de son travail avec de jeunes acteurs afghans.
« L’objet qui la prolonge… » Un tract qu’elle porte à même le pull-over pour le respect des droits de l’homme en Chine. Un façon de faire pression sur les autorités de Pékin avant les JO de 2008.
Deux hommes ont compté dans ma vie et m’ont faite comme je suis: mon père parce qu’il m’a battue, et mon Maître bouddhiste, parce qu’il m’a aimée. Sans la colère de l’un et la compassion de l’autre, sans soute serais-je mariée à un commerçant de vingt ans de plus que moi, sans doute serais-je une épouse soumise comme la majorité des tibétaines, occupée en cuisine le matin, lavant l’après-midi, et occupée à le satisfaire la nuit.
Ani Chöying Drolma.
Ani Chöying Drolma est née à Katmandou au Népal. Elle est nonne bouddhiste (couvent de Nagi Gompa, près de Katmandou) et musicienne. Elle est connue à travers le monde pour avoir popularisé les chants du bouddhisme et du folklore tibétains. Une manière de financer ses engagements. Dans son livre autobiographique « Ma voix pour la liberté » (Oh Éditions), elle raconte comment elle a créé une école pour nonnes afin d’aider les jeunes femmmes à sortir de la situation (violences, mariages forcés) qui leur est souvent assignée.
Elle interprète en direct sur le plateau l’une de ses chansons.
La langue a plusieurs registres. La langue du colonisateur n’est pas la langue de Victor Hugo. La langue qui sert à la chicotte n’est pas la langue qui sert à faire un poème.
Nimrod. DMDM, 2008.
Le poète tchadien Nimrod -
L’écrivain poète et essayiste Nimrod Bena Djangrang évoque son parcours et ses affinités avec son pays, le Tchad, ainsi que la situation politique qui y règne. Il parle de son dernier livre « Le bal des princes » (Actes Sud).
Il cite le grand Senghor: « Dans les débris du colonialisme il nous est resté une merveille: la langue française. »
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Quand on s’intéresse au théâtre du langage, ça vaut vraiment le coup. Plus on a le sentiment d’en apprendre sur les personnages, plus ceux-ci sont mystérieux.
Michel Raskine. dmdm 2008
Michel Raskine met en scène à la Comédie Française une pièce de Jean-Luc Lagarce (1957/1995): « Juste la fin du Monde » (Molière du théâtre public en 2008). Cet auteur faisant ainsi son entrée au Français.
« L’objet qui le prolonge … » est un jouet, cadeau d’une actrice, recu lors d’une « première » qui était aussi sa première mise en scène. Michel Raskine était jusque là comédien. Dans cette pièce traitant du marasme économique, une femme, pour survivre se fait passer pour un homme et devient grutier.
C’est vraiment primordial d’être dans l’écoute parce que c’est ce qui fait que le jeu peut être développé. Le texte c’est ce qui me met en colère, puis la colère est sublimée par le personnage.
Laurent Stocker dmdm 2008
Laurent Stocker est sociétaire de la Comédie-Française. Il est Antoine dans Juste « La fin du monde », pièce de Lagarce mise en scène par Michel Raskine
« L’objet… » une lithographie offerte par une galeriste de Bram Van Velde. En écho au livre de Charles Juliet « Rencontre avec Bram Van Velde » que Laurent Stocker avait dans sa loge.
MUSIQUE :
Le chanteur de tango argentin Daniel Melingo, accompagné de ses musiciens, qui interpréte un extrait de l’album « Maldito tango » -
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