DMDM #341. « L’idée que j’ai eue: faire semblant d’être mort! » Yan Pei-Ming

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Tout est question ici de faux départs. Quand l’artiste se fait la main contraint par la propagande de Mao; quand le cancre devient l’écrivain des « Malausène » que l’on sait. Quand grandir avec celles et ceux des marges sociales fait écrire avec justesse la condition humaine. Quand avoir un peu de ventre disqualifierait pour la danse. Sinon, musicalement l’Éthiopienne enchante le Tigre des platanes

Des mots de minuit : émission #341 du 1er avril 2009.
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
 

CONVERSATION:

Tout au Louvre est gigantesque . Je me suis adapté et j’ai imaginé. L’idée que j’ai eue, c’est de faire semblant d’être mort pour y exister. Et, comme tous les peintres autour de moi, comme Géricault par exemple, sont tous très, très colorés, alors j’ai choisi la couleur grise pour faire la différence. D’ailleurs l’ombre est toujours grise… Je n’ai jamais senti le succès. Je reste comme j’ai commencé. Chaque projet est un recommencement. Je vais travailler tous les jours dans mon atelier comme un ouvrier va travailler à l’usine… Pour le Louvre et Mona Lisa, j’ai pensé, en toute liberté, le projet pendant un an et je l’ai réalisé en dix jours.

Yan Pei-Ming. DMDM, 2009.

Yan Pei-Ming
L’artiste peintre qui vit à Dijon et a depuis 20 ans la même Polo rouge expose au Louvre (« Les funérailles de Mona Lisa »). Depuis Picasso en 1971, aucun peintre vivant n’a eu cette occasion. En la circonstance et comme un noir clin d’oeil, il s’est peint lui même mort. Il s’est aussi attaché à la reproduction du plus célèbre tableau du musée, la Joconde. Il travaille essentiellement en noir et blanc sur de très grands formats. C’est à Shanghaï qu’il a débuté sa carrière en peignant des portraits de Mao, À l’époque, c’était une obligation propagandiste. 
S’il avait apporté un objet, il aurait amené son chien Oust

 

Moi, j’ai grandi avec des gens à la marge. Donc, j’ai évolué avec eux et ça m’intéresse toujours les gens qui souffrent mais pas forcément d’être en marge. Ils souffrent d’être eux-mêmes et de ne pas pouvoir l’être. Ils ont un rapport au monde différent. Ils n’attendent pas grand chose de lui. Ils attendent beaucoup de leur vie intérieure, du rapport à l’autre, à l’amitié, à l’amour. Ils ne sont pas inscrits dans le rapport social, dans le travail ou la nécessité de carrière. Ça, ça ne les inquiète pas… Ils essayent d’agir par eux-mêmes en essayant d’être comme ils sont.

Barbara Israël. DMDM, 2009.

 

Barbara Israël
Auteure et documentariste, elle explique l’univers de son roman, « Miss Saturne » (Stéphane Millon Editions). Elle accepte la comparaison de son travail avec celui de Virginie Despentes. 

 

Un disque vinyle.
« L’objet qui la prolonge.. » Elle présente la pochette d’un disque vinyl du groupe anglais Bradford. C’est l’objet qui l’intéresse. Elle est nostalgique du vinyl et pointe la photo de cet enfant des rues qui fume, qui traîne dehors et pour qui « la vie est ailleurs, quitte à se perdre… »

 

Bartelby raconte l’histoire d’un copiste employé chez un notaire incarnant le système, l’histoire d’un homme qui s’arrête sans donner d’explications car les explications font déjà partie du jeu des hommes. Son employeur en devient cinglé. Il passe par tous les sentiments possibles et imaginables : la fureur, l’exaspération, la compassion, la compréhension et tous ces sentiments n’aboutissent à rien. Toutes les interventions qu’il fait auprès de Bartelby pour le comprendre n’aboutissent à rien. Il se heurte à un mur contre lequel sa cohérence s’effrite et c’est absolument bouleversant… Des deux côtés d’ailleurs.
La prouesse de Melville c’est de tenir une nouvelle épaisse sur un argument aussi mince. Tous les lecteurs de Bartelby sont haletants jusqu’au bout!

Daniel Pennac. DMDM, 2009.

Je préférerais ne pas

« Bartelby ». Herman Melville, 1853.

 

Daniel Pennac
L’écrivain, vient présenter la lecture qu’il donne au Théâtre de la Pépinière du texte « Bartleby » de Herman Melville dont il explique la densité de l’écriture. Il raconte également comment il enseignait la littérature du XVIIIe siècle à ses élèves. 

 

Un colis breton de lycéens de Rennes.
« L’objet… » Arrivé d’une conférence donnée l’après-midi devant des lycéens à Rennes, Daniel Pennec a apporté « Les merveilles culinaires » qui lui ont été données en remerciement (sel de Guérande, biscuits), « un objet encombrant mais comestible! »

 

Le rire ou l’autodérision pour un danseur ou quelqu’un d’un peu grassouillet dans notre société, c’est une défense, une façon de passer au dessus. C’est toujours souligné, c’est toujours présent parce que pour un danseur, il y a toujours le critère d’être bien fait, d’avoir un corps long, agréable à regarder. J’ai eu une dérogation au conservatoire avec obligation de faire un régime. Certains jeunes danseurs s’arrêtent parce que c’est trop difficile psychologiquement. Le plus dur a été de m’accepter même si ça ne m’a pas gêné pour danser ou dans la vie courante. Ce qui me gênait, c’est le regard qu’on portait sur moi. Finalement, on est un cas, on est repéré, catalogué!

Thomas Lebrun. DMDM, 2009.

 

Thomas Lebrun
Le danseur est à l’affiche avec le spectacle « Itinéraire d’un danseur grassouillet ».  Sa troupe, la Compagnie Illico, compte 15 danseurs. Il explique son travail sur l’identité, et celui sur la représentation de l’étoile sur terre. Il est interrogé sur son poids qui ne correspond pas à la norme des danseurs. 

 

Son ventre.

 « L’objet… » Il n’en a pas sinon ce ventre qu’il montre et qui le « cataloguerait »

 

MUSIQUE :

 

 

Le tigre des platanes avec Eténesh Wassie interprètent « Ambassel ».
Grâce à Francis Falceto, directeur de collection chez Buda Musique, Le Tigre des platanes, groupe toulousain, collabore avec la chanteuse d’éthio-jazz Eténèsh Wassié
 

Accès à la vidéothèque… 

 DMDM, L’Émission… 



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