DMDM #341. « L’idée que j’ai eue: faire semblant d’être mort! » Yan Pei-Ming
Tout est question ici de faux départs. Quand l’artiste se fait la main contraint par la propagande de Mao; quand le cancre devient l’écrivain des « Malausène » que l’on sait. Quand grandir avec celles et ceux des marges sociales fait écrire avec justesse la condition humaine. Quand avoir un peu de ventre disqualifierait pour la danse. Sinon, musicalement l’Éthiopienne enchante le Tigre des platanes
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
CONVERSATION:
Tout au Louvre est gigantesque . Je me suis adapté et j’ai imaginé. L’idée que j’ai eue, c’est de faire semblant d’être mort pour y exister. Et, comme tous les peintres autour de moi, comme Géricault par exemple, sont tous très, très colorés, alors j’ai choisi la couleur grise pour faire la différence. D’ailleurs l’ombre est toujours grise… Je n’ai jamais senti le succès. Je reste comme j’ai commencé. Chaque projet est un recommencement. Je vais travailler tous les jours dans mon atelier comme un ouvrier va travailler à l’usine… Pour le Louvre et Mona Lisa, j’ai pensé, en toute liberté, le projet pendant un an et je l’ai réalisé en dix jours.
Yan Pei-Ming. DMDM, 2009.
S’il avait apporté un objet, il aurait amené son chien Oust.
Moi, j’ai grandi avec des gens à la marge. Donc, j’ai évolué avec eux et ça m’intéresse toujours les gens qui souffrent mais pas forcément d’être en marge. Ils souffrent d’être eux-mêmes et de ne pas pouvoir l’être. Ils ont un rapport au monde différent. Ils n’attendent pas grand chose de lui. Ils attendent beaucoup de leur vie intérieure, du rapport à l’autre, à l’amitié, à l’amour. Ils ne sont pas inscrits dans le rapport social, dans le travail ou la nécessité de carrière. Ça, ça ne les inquiète pas… Ils essayent d’agir par eux-mêmes en essayant d’être comme ils sont.
Barbara Israël. DMDM, 2009.
Bartelby raconte l’histoire d’un copiste employé chez un notaire incarnant le système, l’histoire d’un homme qui s’arrête sans donner d’explications car les explications font déjà partie du jeu des hommes. Son employeur en devient cinglé. Il passe par tous les sentiments possibles et imaginables : la fureur, l’exaspération, la compassion, la compréhension et tous ces sentiments n’aboutissent à rien. Toutes les interventions qu’il fait auprès de Bartelby pour le comprendre n’aboutissent à rien. Il se heurte à un mur contre lequel sa cohérence s’effrite et c’est absolument bouleversant… Des deux côtés d’ailleurs.
La prouesse de Melville c’est de tenir une nouvelle épaisse sur un argument aussi mince. Tous les lecteurs de Bartelby sont haletants jusqu’au bout!Daniel Pennac. DMDM, 2009.
Je préférerais ne pas
« Bartelby ». Herman Melville, 1853.
Le rire ou l’autodérision pour un danseur ou quelqu’un d’un peu grassouillet dans notre société, c’est une défense, une façon de passer au dessus. C’est toujours souligné, c’est toujours présent parce que pour un danseur, il y a toujours le critère d’être bien fait, d’avoir un corps long, agréable à regarder. J’ai eu une dérogation au conservatoire avec obligation de faire un régime. Certains jeunes danseurs s’arrêtent parce que c’est trop difficile psychologiquement. Le plus dur a été de m’accepter même si ça ne m’a pas gêné pour danser ou dans la vie courante. Ce qui me gênait, c’est le regard qu’on portait sur moi. Finalement, on est un cas, on est repéré, catalogué!
Thomas Lebrun. DMDM, 2009.
« L’objet… » Il n’en a pas sinon ce ventre qu’il montre et qui le « cataloguerait »…
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