Photographe, attelé à la construction d’un « Laboratoire de Lumière » -une manière de nommer l’atelier que je me fabrique-…
…Avant je n’aimais pas l’eau.
J’ai appris à nager dans le lac du Korong, posé entre Rostrenen et Carhaix connu pour son Festival. Pas dans le lac de Guerlédan.
J’ai appris à nager. Mais je n’aimais pas l’eau…!
En 2006 une agence de téléphonie nationale me propose d’accompagner un groupe qui part en Corse faire un court séjour à l’issue de bonnes performances commerciales. Je dois y faire un reportage photos; au programme, entre autres activités, il y a un baptême de plongée. Pour cette entreprise, j’ai fait d’autres images que je montrerai plus tard.
Je décide de dépasser mon aversion pour l’eau; en me formant à la plongée sous-marine et en faisant quelques tests photographiques en piscine. Expérience que je n’avais jamais réalisée auparavant. Je n’ai que quinze jours devant moi. Même si à l’issue des premiers essais avec masque, palmes, bouteilles d’air comprimé sur le dos et un détendeur en bouche, je me sens bien dans l’eau, le résultat sur les films est catastrophique. Mes images sont mal contrôlées: problèmes de flashs étanches, de joints en tout genre. Les mouvements des plongeurs que je photographie ne sont pas très esthétiques. Je ne m’en sors pas avec ce mélange de techniques cumulées (photo et plongée). Le départ en Corse est dans quelques jours. Je ne maîtrise rien.
Je pars en Corse avec la ferme intention de ne pas rester sur le bateau en attendant la remontée des plongeurs; je veux en être et surtout faire des images sous l’eau.
Je pars en Corse avec la ferme intention de ne pas rester sur le bateau en attendant la remontée des plongeurs; je veux en être et surtout faire des images sous l’eau.
Les photos faites en Corse satisfont mon client mais je ne suis pas très heureux du résultat des images subaquatiques. Les membres du club de plongée dans lequel je me suis préparé jugent les images peu flatteuses pour les gestes techniques que les « plongeurs » expérimentés peuvent montrer. Qu’à cela ne tienne: je vais nager avec eux et apprendre. La formation va durer six mois entre la natation et la plongée en piscine avec un matériel photo étanche.
J’accompagne le club lors d’une sortie à la presqu’île de Giens dans le sud de la France.
J’accompagne le club lors d’une sortie à la presqu’île de Giens dans le sud de la France.
A ce moment de la photographie pour moi, c’est un double challenge. L’eau et l’image. Il en est ainsi.
Il me faut un boîtier performant: Le Nikonos-V de chez Nikon. Je rêvais de travailler avec ce cailloux (terme utilisé pour le désigner). Il est équipé d’une optique de 35mm avec une ouverture de 1:2.5. Celui-ci est fabriqué dès 1984 par Nikon. Pour ces prises de vues j’en fais l’acquisition.
Ce boîtier légendaire et étanche semble plus léger dans l’eau de mer, mon corps aussi. Je me suis adapté à l’eau au cours de ma formation. Je n’utilise pas de flash pour être plus à l’aise pour faire mes images. Les tests en piscine révèlent de nombreuses particules flottantes qui produisent de petits points blancs sur la photo. Pour éviter cette perturbation de l’image, Il faut soit tenir le flash d’une main et le boitier de l’autre (pas très simple!) ou utiliser un flash orienté à 45° par rapport à l’axe optique et déporté sur un bras articulé, fixé au Nikonos. Cela permet d’éviter une réflexion de la lumière sur les particules en suspension (micro-algue, planctons …). Je dois me passer du flash pour le type d’image que je veux réaliser.
Je choisis pour l’occasion un film Fuji Couleur de 800 asa que je pousse à 1600 ASA et d’autres petits trucs (secret de LLL)… Il me faut gérer un seul film de 36 poses par plongée. Celles-ci sont limitées dans le temps à 45 minutes.
Il me faut un boîtier performant: Le Nikonos-V de chez Nikon. Je rêvais de travailler avec ce cailloux (terme utilisé pour le désigner). Il est équipé d’une optique de 35mm avec une ouverture de 1:2.5. Celui-ci est fabriqué dès 1984 par Nikon. Pour ces prises de vues j’en fais l’acquisition.
Ce boîtier légendaire et étanche semble plus léger dans l’eau de mer, mon corps aussi. Je me suis adapté à l’eau au cours de ma formation. Je n’utilise pas de flash pour être plus à l’aise pour faire mes images. Les tests en piscine révèlent de nombreuses particules flottantes qui produisent de petits points blancs sur la photo. Pour éviter cette perturbation de l’image, Il faut soit tenir le flash d’une main et le boitier de l’autre (pas très simple!) ou utiliser un flash orienté à 45° par rapport à l’axe optique et déporté sur un bras articulé, fixé au Nikonos. Cela permet d’éviter une réflexion de la lumière sur les particules en suspension (micro-algue, planctons …). Je dois me passer du flash pour le type d’image que je veux réaliser.
Je choisis pour l’occasion un film Fuji Couleur de 800 asa que je pousse à 1600 ASA et d’autres petits trucs (secret de LLL)… Il me faut gérer un seul film de 36 poses par plongée. Celles-ci sont limitées dans le temps à 45 minutes.
Attendre le mouvement, l’instant…
…36 images possibles en 45 minutes. Des millions de possibilités; du mouvement de mon corps à l’angle de prise de vue. L’appareil à une vitesse d’obturation qui oscille entre 1/30 ème de seconde et 1/90 ème de seconde…
Les plongées vont se dérouler sur 3 sites différents : Au «plongeant» de la Gabiniére à Port Cros et Porquerolles. Durant ma première plongée en mer je ne fais pas de photo de façon à m’habituer à ce nouvel équipement: une combinaison en néoprène semi étanche: l’eau passe dans la combinaison et c’est la température du corps qui réchauffe l’eau contenue entre la peau et le scaphandre souple. Cette première plongée me permet de faire connaissance avec le milieu sous-marin et de tester tout cet accoutrement avant de faire mes images.
Je m’intéresse surtout au corps évoluant dans l’eau et peu à la faune et la flore. Cela dit, je n’y suis pas insensible. Un banc de Barracudas nous surprend lors de la deuxième plongée. Les eaux se réchauffent dans le sud de la France depuis plusieurs années. En Méditerranée, différents poissons tropicaux y viennent, peut-être en éclaireurs ? Le banc de poissons rapide passe devant moi et remonte en spirale. Je suis dedans; je fais rapidement deux images. Il faut aller vite et le réarmement du film se fait entièrement manuellement, en tourbillonnant dans le sens contraire des poissons.
…36 images possibles en 45 minutes. Des millions de possibilités; du mouvement de mon corps à l’angle de prise de vue. L’appareil à une vitesse d’obturation qui oscille entre 1/30 ème de seconde et 1/90 ème de seconde…
Les plongées vont se dérouler sur 3 sites différents : Au «plongeant» de la Gabiniére à Port Cros et Porquerolles. Durant ma première plongée en mer je ne fais pas de photo de façon à m’habituer à ce nouvel équipement: une combinaison en néoprène semi étanche: l’eau passe dans la combinaison et c’est la température du corps qui réchauffe l’eau contenue entre la peau et le scaphandre souple. Cette première plongée me permet de faire connaissance avec le milieu sous-marin et de tester tout cet accoutrement avant de faire mes images.
Je m’intéresse surtout au corps évoluant dans l’eau et peu à la faune et la flore. Cela dit, je n’y suis pas insensible. Un banc de Barracudas nous surprend lors de la deuxième plongée. Les eaux se réchauffent dans le sud de la France depuis plusieurs années. En Méditerranée, différents poissons tropicaux y viennent, peut-être en éclaireurs ? Le banc de poissons rapide passe devant moi et remonte en spirale. Je suis dedans; je fais rapidement deux images. Il faut aller vite et le réarmement du film se fait entièrement manuellement, en tourbillonnant dans le sens contraire des poissons.
Pour la troisième plongée nous descendrons jusqu’à une épave située à plus de 20 mètres de profondeur. Les restes de l’épave sont très dispersés. A cette profondeur, il y a peu de lumière; seules les torches des plongeurs donnent leurs vraies couleurs à ce milieu plein de vies.
Il y a peu de lumière autour de l’épave, la température de l’eau avoisinne les 8 degrés, les palmes des plongeurs soulèvent le sable sur lequel repose le navire et brouillent les images. Les couleurs deviennent fades à cette profondeur. Le spectre de lumière change avec l’eau, la couleur rouge disparaît rapidement, puis l’orange et le jaune: pour ne garder qu’une dominante de bleu. Malgré l’obscurité, le film que j’utilise me permet encore de ramener une image avec un peu de couleur jaune.
Dans le lac j’ai visité des maisons, en mer j’ai visité une guerre.
LLL. Semaine 5.
À suivre.
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