Jérôme Charyn, Adel Rifaat et Bahgat Elnadi, Alain Rey, Frédérique Clémençon; Le groupe Caravan Palace #333

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Quand il s’agit de montrer dans les récits qui racontent le Prophète que le Coran peut se lire à l’aune des évolutions sociales; quand l’écrivaine fait du sens du détail une clef de littérature; quand l’écrivain américain commence à rêver en français mais est attaché à l’anglais que ne parlaient pas ses parents; quand le lexicologue origine le mot « mot »; quand Caravan Palace électro-swingue…

Des mots de minuit : émission N° 333 du 4 février 2009.
Réalisation: Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2

CONVERSATION:

On n’a pas à militer pour le changement d’une langue, elle s’en charge toute seule. Il n’y a pas de système de communication et d’expression dans aucun pays du monde et à aucun moment qui soit resté le même constamment. Il peut y avoir des illusions, des désirs de fixation, des besoins de stabilité et à certains moments, mais on ne fera jamais rien contre le fait qu’une langue est en reconstruction perpétuelle et en disparition continuelle.

Alain Rey. DMDM, 2009.

Alain Rey
Le lexicographe donne d’abord la définition du mot « mot ». Alain Rey signe « Le Français, une langue qui défie les siècles » sur l’évolution de l’utilisation de la langue française et l’édition annuelle du « Petit Robert ».
Un carnet.
« L’objet qui le prolonge… »  Un objet d’une « banalité absolue, le plus rempli possible à l’intérieur, dont j’ai toujours un exemplaire et sans lequel, je suis perdu, je suis mort! »

Nous sommes originaires d’un pays musulman, l’Égypte, nous avons vécu dans une société musulmane pendant trente ans et plus. Nous avons l’habitude d’entendre le Coran, nous connaissons l’Islam et les prêches du vendredi dans lesquels l’imam raconte l’histoire du Prophète… mais quand nous avons lu les livres écrits par les premiers chroniqueurs de notre foi, nous avons découvert une autre réalité…

Baghat Elnadi. DMDM, 2009.

Adel Rifaat et Bahgat Elnadi 

Ce n’est pas une biographie que nous avons composée. C’est la somme des écrits de tous les grands chroniqueurs classiques et reconnus – elle fait des dizaines de milliers de pages, difficiles d’accès, confuses – que nous avons explorée pendant cette dizaine d’années pour essayer d’y trouver un essentiel. Mais nous n’avons ajouté aucun mot… Ces textes, « les chroniques », ont été composés à partir de la fin du 8ème siècle de l’ère chrétienne par des chercheurs qui ont passé une partie de leur vie à retrouver, en passant par la chaîne des transmetteurs, ceux qui ont vécu auprès du Prophète et qui ont raconté des choses sur lui.

Adel Rifaat. DMDM, 2009.

Les deux auteurs, politologues égyptiens – par ailleurs proches de Benny Lévy et des Palestiniens – écrivent sous le pseudonyme de Mahmoud Hussein, un essai « Penser le Coran » (Éditions Grasset), qui offre, non une éxégèse mais une synthèse des « chroniques » écrites sur le prophète Mahomet qui se réfèrent aux mots du Prophète ou aux récits de ses compagnons. Ils refusent un littéralisme du texte et reviennent sur la distinction entre les rationalistes qui estiment que la parole du prophète est une parole créée, donc interprétable, et les traditionnalistes qui, au contraire, la rendent consubstantielle à sa toute puissance, donc intouchable.

Un stylo-gomme.
« L’objet… » de Bahgat Elnadi est un crayon-gomme « symbole » de leur dix ans de travail sur les chroniqueurs du Coran…

… /… Pour répondre à cette question sur l’observation aiguë ou la volonté descriptive de mon écriture, je ne peux que recourir à mon expérience de lectrice… Je trouve très souvent que la force de dévoilement des textes romanesques naît d’une description juste. Si la littérature a quelque chose à voir avec la vérité, je pense que, quand on écrit des livres, c’est que l’on est soucieux d’une certaine forme, d’un désir de dévoilement, d’aller voir ce qu’on n’a pas envie de voir. Cette justesse-là, je la cherche comme lectrice.

Frédérique Clémençon. DMDM, 2009.

Frédérique Clémençon
La romancière (par ailleurs professeure de français) pour son roman « Traques » (Éditions de L’Olivier), qui met en scène quatre personnes exclues. (« La prose éblouissante de Frédérique Clémençon donne toute sa force à ces paroles de faibles. Mélange de « rugueuse réalité » et de pur romanesque, Traques fait résonner longtemps la portée politique de leur destin ». ©Ed. L’Olivier)

Me mettre à parler le français? Excellente question parce que la musique que j’ai dans la tête, c’est celle de l’anglais. C’est donc un risque que d’apprendre le français. Certes, je commence à rêver en français et je perds un peu le sens de ma langue d’origine. Mais à chacun de mes retours en France où je vis, après mes voyages aux États-Unis, des mots nouveaux sont apparus. Une espèce d’amnésie se crée alors face à eux. C’est donc dangereux pour moi d’apprendre le français. J’aime bien l’écouter, mais pas le parler!

Jerôme Charyn. DMDM, 2009.

Jérôme Charyn
Le romancier américain de parents polonais et russe et dont Flaubert est la référence première évoque (en français et en anglais) l’élection de Barack Obama et présente l’adaptation en bande dessinée de son roman « Marilyn la dingue » (Éditions Denoël Graphic)
Un foulard.
« L’objet … »  un foulard, quasi fétiche, qu’il utilise partout, pour jouer au ping-pong, notamment avec Georges Moustaki, quand il dort ou quand il prend l’avion.

MUSIQUE:

Le groupe Caravan Palace chante « Jolie coquine » puis « Ended with the night ».

Caravan Palace en son site…

 DMDM, L’Émission… 

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