Depuis 26 ans, l’intrépide Fabien Barontini tricote en banlieue parisienne (94) le festival le plus libre et le plus audacieux qui se puisse voir en France. Tandis que d’autres ont l’œil sur le remplissage de la salle et autres considérations comptables, Barontini revendique une programmation vivante qui nous dit sans peur le temps qu’il fait dans le monde de la musique vivante d’aujourd’hui.
…que le jazz est une musique pour vieux….
…que le jazz ça fait shabada-shabada…
…que le jazz n’est pas de l’Art…
…que le jazz ne doit pas être une musique de combats et de revendications…
…que vous pensez tout savoir…
…qu’il ne peut pas y avoir de bons concerts en banlieue…
…que vous préférez n’écouter uniquement que ce que vous connaissez déjà…
…que vous n’allez écouter que ce que vous avez dejà vu à la télé…
…que vous n’aimez pas être surpris…
…que vous pensez que les musiciens ne font pas de politique….
…que vous n’aimez pas être bousculé dans vos goûts routiniers…
…que…
Bref, n’allez pas au festival Sons d’hiver si les sons de la Liberté vous indifférent ou vous font peur.
Par contre, si vous ne craignez pas le vent de l’aventure, si l’audace et la musique buissonière vous attirent, si vous avez toujours vingt ans dans les oreilles, si vous êtes prêt à laisser les artistes de conserves pour préférer ceux qui conversent, le festival Sons d’hiver, vingt-sixieme du nom, est l’endroit qu’il vous faut.
De Nasheet Waits à Mederic Collignon, de Jacques Schatz-Bart à James Blood Ulmer, cette année comme toutes les vingt-cinq précédentes, le parcours stupéfiant concocté par Fabien Barontini, est une cave aux trésors qui laisse année aprés année les mélomanes bouches ouvertes et enthousiastes. Surprises, trouvailles, mystères et une programation comme un slogan défendant une idée précise et combattante de cette musique comme aventure créative, une aventure dont les enjeux esthetiques et politiques sont plus que jamais brulants d’actualité. Tout ça pourrait avoir l’air cérébral et pompeux, mais c’est tout le contraire. Il s’agit ici de joies, de beautés et de colères; dans l’ordre qui vous plaira. Et parce que le Beau fait du bien, les salles sont pleines.
Le festival de cette année se place sous le signe du centenaire du jazz en France. En effet, c’est en 1917, que ce qu’on nomma alors la syncopated music débarque dans l’hexagone.
Mais le festival de Barontini ne versera pas dans l’hommage poussièreux! Pas lui! Bien au contraire. Juste à chaque concert, l’evidence palable de desirs de liberté mis en musique parce qu’il faut donner à entendre cette impatience.
La musique c’est le fruit de la pensée transformé en attitude ou en état d’esprit.
Amiri Baraka
La musique TRANSCENDENCE, sur le plan social nous permet de rejoindre l’esprit de nos communautés, et aide à assumer notre culture et nos identités. WORKSONGS nous dit des histoires de perseverences et d’intelligence humaine. Cela parle des souffrances au travers des esclaves afro-américains.
Jaimeo Brown
L’ambition de Sons d’hivers est exactement située aux antipodes de cela, et ce, depuis vint-six ans maintenant. Pour le plus grand plaisir des melomanes curieux, certes, mais aussi de tout un public qui a grandi avec ce festival pas comme les autres, et qui, aujourd’hui, savant et disponible, rempli chaque soir les salles qui s’offrent à l’aventure. Le froid hiver de banlieue va reculer 16 soirées durant, avec comme à chaque fois, le sentiment offert aux spectateurs d’avoir vécu une victoire belle, momentanée et légère sur le triste temps qu’il fait actuellement dehors.
Et pour savoir où et quand…
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