« Britannicus » : Braunschweig et la naissance de Néron, monstre en devenir.
Les tyrans politiques, une histoire antique que Jean Racine revisitait avec « Britannicus ». Quatre siècles plus tard, Stéphane Braunschweig, le nouveau directeur de L’Odéon, s’empare à son tour de Néron, le monstre naissant. Il choisit d’installer sur la scène de la Comédie-Française une ambiance élyséenne mais les comédiens, très appliqués, ne prennent pas beaucoup de risques.
Sur son trône avec lui j’allais prendre ma place.
Néron, monstre en devenir, avide de gloire, dispose de toutes les semences de ses futurs crimes et s’affranchit de ses tutelles. Agrippine en fait les frais et va perdre son influence pour être, à son tour, vaincue.
Une belle fresque contemporaine. Une leçon sur les détenteurs du pouvoir et un avertissement contre les jouissances de la puissance. Dans la même veine qu’Ivo Van Hove, avec « Kings of War », Stéphane Braunschweig met en lumière l’avidité à gouverner. Il joue entre visible et invisible, passant du public à l’intime. La pièce se déroule dans un décor contemporain: une salle de réunions officielles, moquette rouge, longue table, chaises de conseil des ministres. Les murs sont gris et froids. Aucun objet de décoration mais une structure scénique innovante et discrète. De part et d’autre de la salle de réunion, sont disposées des portes blanches déclinées en quinconce. Les murs sont escamotables en fonction de la confidentialité ou du secret des propos. Qu’assume-t-on au regard de tous? Que dissimule-t-on? Plans perfides, conflits d’intérêts et luttes de pouvoir.
J’embrasse mon rival mais c’est pour mieux l’étouffer.
Britannicus, de Jean Racine – mise en scène Stéphane Braunschweig
Paris – Comédie Française, jusqu’au 23 juillet 2016
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