Femme et photographe de guerre, ce sont les femmes dans la guerre qu’elle fixe dans des images fortes, souvent inattendues.
C’est en moto que la belle dame rejoint notre studio. Profession reporter-photographe, de préférence dans les régions compliquées d’un monde qui se plaît à s’affronter. Autant dire que ses terrains de chasseuse d’images ne manquent pas. Avec une préférence pour l’Afghanistan depuis qu’elle fait ce métier à hauts risques.
« La peur ne me fait pas peur« , lâche-t-elle sans la moindre bravade. Pourtant, elle a parfois eu très peur, comme dans ce cyber-café de Kaboul où, alors qu’elle envoyait ses images, un kamikaze s’est fait exploser: 5 morts. Courageuse, audacieuse mais pas tête brûlée. « La peur, c’est plutôt une amie qui m’aide à être plus vigilante.«
Véronique de Viguerie voulut d’abord être militaire. Déjà la volonté de s’engager. Son père lui conseille de faire du droit pour au moins être officier. Elle s’exécute mais la lecture d’un livre sur les femmes reporters change son destin. Elle abandonne le droit pour une école de photo en Angleterre qui en stage l’envoie… en Afghanistan. Elle n’a que 25 ans mais aussitôt son stage terminé elle retourne dans ce pays désormais en guerre endémique. Elle pensait y séjourner 3 mois, elle y restera 3 ans. Son professionnalisme est sanctionné par des premières publications dans le Figaro Magazine, Paris Match et des journaux anglais.
Binôme féminin
La photo ailleurs plutôt qu’ici, c’est sa vie. « Au bout de 2 semaines à Paris, je m’ennuie! » exagère-t-elle un peu. N’empêche qu’elle est quand même un tiers d’année ailleurs pour shooter avec son Leica Q.
Depuis 12 ans, Véronique ne voyage plus seule. Manon Quérouil-Bruneel est de toutes ses sorties. L’une photographie, l’autre écrit, le binôme féminin envisage, prépare, réalise et publie, c’est une histoire de confiance et d’amitié.
Le duo revient du Brésil où, plutôt que d’empiler des images déjà toutes vues sur le carnaval carioca, elles ont été chercher le carnaval des gangs, celui qui se déroule dans les favelas, là ou la fête peut parfois dégénérer en affrontements sanglants. Elle repart bientôt au Brésil, espérant faire un portrait du contestable président Bolsonaro. A moins que ce soit au Venezuela. Toujours là où c’est compliqué.
On trouve très juste que Reporters Sans Frontières ait choisi Véronique de Viguerie pour son nouvel album qui résume son travail de baroudeuse sensible privilégiant les femmes dans la guerre. On la remercie d’avoir accepté pour Des mots de minuit de commenter dans une Photo parlée une image étonnante de femmes flics à Kandahar.
Octobre 2019, Véronique de Viguerie et Manon Quérouil-Bruneel publient un nouvel ouvrage sur le conflit du Yémen:
- Yémen, la guerre qu’on nous cache. 112 pages, 47 photographies. Editions Images plurielles
→ Véronique de Viguerie est née en 1978 à Carcassonne. Elle suit une formation de photographe en Angleterre et publie depuis dans quantité de journaux. Elle est primée à de nombreuses reprises, notamment par le Prix Bayeux des correspondants de guerre (2010) et un Visa d’Or (2018). Elle est membre de l’agence Getty.
• Véronique de Viguerie est signataire de la tribune Sauvez la photographie! parue en juin 2020 pour alerter sur les grandes difficulté de la profession après la période de confinement.
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