La photographe Marianne Barthélemy: mettre en lumière ceux de l’ombre 📷
Ses images sont douces et belles, les sujets qu’elle choisit ne le sont pas toujours. Précarité, différence, isolement, enfermement ont des hors-champ que la jeune photographe s’applique à capter sereinement.
Elle est française, même si a elle a passé enfance, jeunesse et étudié aux États-Unis (sa mère est en poste à l’ONU). Mais dès son retour/installation à Paris il y a à peine un an, c’est bien les questions sociales et sociétales d’une France qu’elle découvre pas si douce qui focalisent l’attention de la jeune photographe.
Outre-Atlantique, Marianne Barthélemy avait dépisté son attirance pour l’image et ses vertus, la belle image qui n’est pas que belle mais qui dit mieux parce qu’elle est belle. Là-bas, elle avait construit un sujet dans les quartiers noirs et pauvres de Brooklyn sur le homeschooling, un mouvement visant à installer l’enseignement à la maison pour faire face à la discrimination des élèves de couleur dans les écoles. Un engagement et une première belle récompense puisque le projet est consacré par La bourse du talent à qui elle le propose en 2018.
En France, le nombre de personnes emprisonnées ne cesse de croître. Ceux et (surtout) celles qui leur rendent visite augmentent en proportion. Pour elles et eux, c’est synonyme de contraintes administratives, mais aussi, de temps, de déplacements, d’hébergement. C’est à ce hors-champ de la détention pourtant bien réel que s’est intéressé Marianne Barthélemy dans un hôtel associatif de Rennes qui accueille pour des prix très modiques les proches de détenus. Suggérant ainsi en contrepoint la (double) peine qui leur est infligée.
Ce qui frappe dans ce sujet dont elle commente l’une des images dans cette Photo Parlée, ça n’est pas seulement l’attention qu’elle porte aux personnes qu’elle photographie, c’est aussi la façon raffinée avec laquelle elle les met en lumière.
Pas de lumière, pas de photo! avait dit l’un des profs à cette admiratrice d’Edward Hopper et du Caravage.
Ses images n’ont pas que du sens et de l’engagement, elles sont lumineuses.
→ Marianne Barthélemy est née en 1992. Elle passe son enfance et sa jeunesse aux USA. Elle étudie les Sciences Politiques. Après diverses collaborations dans des postes de décoration sur des longs-métrages, elle étudie la photographie à la Syracuse University. Elle s’installe en France en 2018. La même année, elle est distinguée par La bourse du talent pour sa série Homegrown, consacrée au mouvement du black homeschooling dans les quartiers noirs de Brooklyn, projet qu’elle souhaite compléter. Elle envisage également de s’intéresser à l’école en France dans le contexte de la crise actuelle qui concerne aussi bien enseignants qu’élèves.
- le site de Marianne Barthélemy
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