Olivia Gay, photographe 📷. Le deuil et le confinement: une double peine

Le confinement renvoie aux murs et aux lieux qui nous protégent, en principe, de la virose. Y sont accrochés ou, à l’entour, nous parlent ces objets qui font un univers personnel ou un amer. Quel est celui de celles et ceux qui, pour l’instant seulement, ne peuvent pas encore revenir sur le plateau Des mots de minuit ? Voici Murmure, quelques confidences de temps incertains de ces cinéastes en herbe. Aujourd’hui la photographe Olivia Gay.

Murmure est une carte blanche vidéo proposée aux invité-e-s aujourd’hui confiné-e-s- Des mots de minuit…

Olivia Gay est photographe

Depuis longtemps Olivia Gay, sensible autant que courageuse, témoigne par ses images fortes le confinement captées dans des lieux intranquilles, ici ou là-bas. Celui des femmes, bannies parmi les bannis des camps palestiniens, celui des condamnées dans les prisons où elle conduit des ateliers photo, des favelas du Brésil, des (in)soumises du Mali, des grévistes, tant d’autres…, plus récemment, celui des demandeurs d’asile qui attendent incertains dans un centre proche de son hameau normand où elle se ressource dans un confinement – cette fois choisi – entre deux reportages.
Madeleine, sa grand-mère chérie, est partie soudainement quelques semaines avant l’injonction officielle de confinement national. Juste le temps de lui dire adieu et de récupérer quelques-uns de ses souvenirs pour qu’ils deviennent les siens, les albums photos surtout de cette aïeule qui, plus que d’autres, avait toujours encouragé la carrière de photographe de sa petite-fille.

Confinée depuis plus d’un mois dans les images et la mémoire de ma grand-mère, Madeleine, partie le 1er février 2020. Elle allait avoir, le 4 février 2020, 93 ans.
Fille de Siméon Ischenko, immigré russe arrivé en France en 1917, et de Marguerite Gendre, suisse, elle a grandi entre les montagnes de Neufchâtel et la région parisienne. Avec elle disparaît ce qu’il nous restait de notre mémoire russe.
Je n’ai eu qu’une grand-mère, et nous étions très proches. Elle s’intéressait beaucoup au monde dans lequel elle vivait, et elle aimait beaucoup mes photographies, surtout celles des Sœurs. Je comprends mieux, en regardant ses albums, ce que cette communauté de croyantes signifiait pour elle: la joie d’être entourée.
J’ai saisi l’opportunité de cette mise à l’écart du monde pour prendre le temps de me plonger dans ses albums récupérés quelques jours avant l’annonce du confinement.
À mesure que je regarde ces photographies, pour la plupart inconnues, je découvre son histoire marquée par l’exil de son père, la foi et les valeurs transmises par le mouvement de jeunesse scout, et qui ont façonné toute sa vie – discrète, silencieuse- de femme, mère, épouse et grand-mère.
Des images rassemblées sur fond musical des Chœurs de l’armée rouge, Kalinka – son morceau préféré.

Olivia Gay

Avec l’aide éclairée de son fils Marius Larrayadieu, Olivia Gay nous envoie ce Murmure, une ode à la vie autant qu’au souvenir, comme pour suggérer que le passé est une force pour construire un futur.

▶︎ (re)voir la Photo Parlée d’Olivia Gay

• Le site d’Olivia Gay

• Olivia Gay est signataire de la tribune Sauvez la photographie! parue en juin 2020 pour alerter sur les grandes difficulté de la profession après la période de confinement.

► La série Murmure sur Des mots de minuit

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