« Riquet à la houppe » d’Amélie Nothomb: la beauté des laids
La romancière belge revisite le célèbre conte de Charles Perrault. Une ode à la différence aussi subtile que poétique.
Librement inspiré du conte publié en 1697, son « Riquet à la houppe » est transposé dans le Paris d’aujourd’hui. Il était une fois un petit garçon d’une laideur n’ayant d’égale que son intelligence qui répondait au doux nom de Déodat et une petite fille d’une grande beauté capable de rester des heures sans rien faire qui s’appelait Trémière. Du fait de leur différence, les deux enfants vivaient dans le plus grand isolement. « Les gens ne sont pas indifférents à l’extrême beauté: ils la détestent très consciemment. Le très laid suscite parfois un peu de compassion; le très beau irrite sans pitié. » Aussi Trémière et Déodat apprirent-ils très tôt à composer avec leur étrangeté. Déodat trouva du réconfort dans la fréquentation des livres. Tremière dans celle de sa fantasque grand-mère. Ces deux là étaient bien sûr fait pour se rencontrer. Ce qu’ils firent sur un plateau de télévision – n’oublions pas que nous sommes en 2016 – avant de prendre la poudre d’escampette et de vivre leur amour à l’abri des regards qui les avaient fait souffrir.
S’il est une guerre presque absolue qui gouverne les chefs-d’oeuvre de la littérature amoureuse, c’est qu’ils doivent se terminer très mal.
Amélie Nothomb
La littérature se méfie des bons sentiments. Les contes étant l’exception qui confirme la règle, la majeure partie d’entre eux ayant une fin heureuse. Ce n’est pas là le seul avantage de ce genre que la romancière avait déjà abordé en 2012 avec « Barbe-Bleue« . « L’ambiguïté du conte, rappelle-t-elle provient du fait que sous couleur de s’adresser aux enfants, on parle aussi et peut être d’abord aux adultes ». Ce dont son « Riquet à la houppe » donne la plus poétique des preuves.
Riquet à la houppe – Amélie Nothomb – Albin Michel – 198 pages
(photo d’illustration © Marianne Rosenstiehl)
Les lectures d’Alexandra
La critique Littéraire desmotsdeminuit.fr
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