« La fille à histoires » d’Irène Frain: l’imagination au pouvoir
Dans son dernier roman, l’auteur de « Sorti de rien » poursuit l’exploration de son histoire familiale. Un récit à hauteur d’enfant d’autant plus émouvant que dénué de pathos.
« La faculté à recevoir des chocs est ce qui fait de moi un écrivain« . La phrase est de Virginia Woolf, elle aurait pu être d’Irène Frain tant son dernier livre en donne une illustration saisissante. Aujourd’hui l’on parlerait de résilience. Mais le terme à force d’être employé finit par occulter les traumas par lesquels il a bien fallu en passer. Jugez un peu. Une mère « froide et distante » qui ne l’a jamais acceptée. Jamais aimée. « Elle aurait bien voulu (…). Elle n’a pas pu ». Un père aimant qui préfère pourtant laisser la sage-femme aller déclarer son enfant sous le prénom de son ancienne maîtresse. Il y a des débuts plus simples dans la vie. Mais Irène Frain n’est pas du genre à s’apitoyer. « Ne pas être aimé de sa mère ou de son père est tristement banal, le monde est peuplé de fils et de filles qui ne s’en consolent pas ». A défaut de s’en consoler, on fait avec. Puis un jour, on écrit.
La petite fille montre très vite des dispositions pour cette activité considérée à haut risque dans sa famille. Sa revanche, sa manière de survivre, ce sera l’imagination. Sa génitrice ne lui témoigne aucune tendresse, qu’à cela ne tienne, elle va s’inventer des mères de substitution. Madame Ec et ses seins généreux. Puis ces mères de papier, aussi blondes que la fillette est brune, dont elle découpe les silhouettes dans les journaux. En apparence Irène est une petite fille bien sage. « De celle dont on dit qu’elles ne font jamais d’histoires. Alors que dans (sa) tête, il n’y que ça des histoires », qu’elle déroule, cachée dans ce grenier de la maison familiale, où elle passe le plus clair de son temps. Récit des origines La fille à histoires, s’il raconte l’enfance d’une petite fille rejetée par sa mère, est aussi celui d’une filiation accomplie. « Ma mère (…) avait un don inouï pour les histoires. Courtes ou longues, vraies ou fausses. C’était sa façon de conjurer la souffrance, la vie difficile. Elle m’a ainsi ouvert ces portes invisibles qui transfigurent le monde et font jaillir l’espoir « .
Cette volonté de l’auteur de ne pas céder au règlement de compte est sans doute ce qu’il y a de plus émouvant dans ce récit qui relate avec pudeur la naissance d’un écrivain.
La petite fille montre très vite des dispositions pour cette activité considérée à haut risque dans sa famille. Sa revanche, sa manière de survivre, ce sera l’imagination. Sa génitrice ne lui témoigne aucune tendresse, qu’à cela ne tienne, elle va s’inventer des mères de substitution. Madame Ec et ses seins généreux. Puis ces mères de papier, aussi blondes que la fillette est brune, dont elle découpe les silhouettes dans les journaux. En apparence Irène est une petite fille bien sage. « De celle dont on dit qu’elles ne font jamais d’histoires. Alors que dans (sa) tête, il n’y que ça des histoires », qu’elle déroule, cachée dans ce grenier de la maison familiale, où elle passe le plus clair de son temps. Récit des origines La fille à histoires, s’il raconte l’enfance d’une petite fille rejetée par sa mère, est aussi celui d’une filiation accomplie. « Ma mère (…) avait un don inouï pour les histoires. Courtes ou longues, vraies ou fausses. C’était sa façon de conjurer la souffrance, la vie difficile. Elle m’a ainsi ouvert ces portes invisibles qui transfigurent le monde et font jaillir l’espoir « .
Cette volonté de l’auteur de ne pas céder au règlement de compte est sans doute ce qu’il y a de plus émouvant dans ce récit qui relate avec pudeur la naissance d’un écrivain.
Le Seuil – 272 pages
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(photo d’llustration © François Frain)
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