Raphaël Liogier et Pascal Reverte: civilisation et trompe la mort. #530
Pour l’un, la prétendue guerre des civilisations ne sert qu’à goinfrer les fantasmes belliqueux de toute obédience. Pour l’autre, l’article de la mort est bien défini dans un temps d’hôpital et de chimie, alors qu’il « flirtait » avec la camarde. Quand la qualité d’argumentaire de l’essayiste oblige à mieux penser la menace terroriste, l’homme de théâtre écrit et joue une comédie sous morphine.
Les jihadistes ne passent même pas par un endoctrinement politique construit, ils sautent directement dans la case jihad, sans passer par la case islam, car ils ont préalablement ce désir de violence. 20 % d’entre eux ne sont même pas nés dans un milieu théoriquement musulman. Dans les 80 % restants, ce sont des musulmans théoriques, par l’origine, qui sont touchés, mais en général dans un milieu très peu pratiquant. Avant de devenir des professionnels du jihad, les frères Kouachi buvaient de l’alcool, Coulibaly faisait des casses, Mohamed Merah se rêvait militaire d’élite…
« Les Inrocks », 7 février 2015
La menace qui pèse sur nous à l’heure actuelle n’est pas seulement celle de l’effondrement du système financier et de l’économie mondiale, ni seulement celle du développement d’un terrorisme endémique, ou qu’éclatent des guerres civiles planétaires nées de disparités matérielles régionales trop énormes et donc insupportables. Notre nouveau problème majeur est la préservation de notre environnement naturel.
R.L.
R.L.
Raphaël Liogier a également publié à l’automne 2015 Le complexe de Suez, essai dans lequel il évoque « ce continent européen narcissiquement meurtri » notamment par la « crise » de Suez en 1956.
Pascal Reverte a la présence sympathique de ceux qui se savent revenir de loin. Il n’aura passé dans son commerce possiblement mortifère qu’une poignée de secondes. Elles ont été suffisantes pour qu’il crée et interprète avec ses complices Aude Léger et Vincent Reverte « I feel good », une pièce dont le décor est une salle de réanimation où, dans les effluves des substances qui aident à faire délirer le réel, un homme et une femme croisent leur misère.
Qu’est-ce que se souvenir ? Comment raconter ce qui n’est pas racontable ?
Il y a chez les frères Reverte, fondateurs de la compagnie « Le tour de cadran » et inconditionnels de Melville ou de Semprun une réelle implication de terrain. Ils se partagent entre la Normandie et l’Oise. Leur spectacle est coproduit par La Manekine, Scène intermédiaire, Communauté de Communes des pays d’Oise et d’Halatte et donné à Paris, au théâtre les déchargeurs jusqu’au 26 mars 2016.
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