Les Carnets d’ailleurs de Marco & Paula #139 : Sur les bords du Bosphore…
Paula découvre un Istanbul auquel elle ne s’attendait pas…
Mais il y avait un autre son de cloche; j’avais aussi entendu dire que c’était une belle ville et Marco, qui l’a visitée deux fois en quarante ans, m’en parlait avec des étoiles dans les yeux. Alors, quand nous avons décidé de passer quelques jours en Turquie, j’étais très curieuse de découvrir cette ville multi-millénaire qui fut Byzance, puis Constantinople et finalement Istanbul.
C’était une bonne idée.
Istanbul est fort vaste, assez vaste pour abriter 17 millions d’habitants. En dix jours, nous n’en avons évidemment vu qu’une petite partie, mais nous l’avons régulièrement traversée d’est en ouest, nos amis habitant la partie orientale alors que les sites classiques sont dans la vieille ville sur la rive occidentale du Bosphore.
Ayant suivi à Abidjan un MOOC qui parlait de l’importance de la connectivité urbaine pour la prospérité économique, j’ai été fascinée par la façon dont la ville affronte les contraintes posées par les deux zones séparées par la mer (l’une d’elle est de plus coupée par un bras de mer), la forte densité urbaine et un risque sismique élevé.
Malgré trois ponts et un tunnel qui relient l’orient à l’occident, il vaut mieux habiter et travailler du même côté ou être plus que matutinal (l’ami chez qui nous étions quitte son domicile à 6 heures du matin pour éviter les encombrements, et rentre après 19 heures pour la même raison). Les bouchons sont aussi déprimants que partout ailleurs sauf que les bas-côtés des nombreuses voies rapides sont aménagés de façon très sophistiquée avec des murs végétaux et des fresques florales. Alors, en attendant que ça bouge, on peut compter les fleurs qui résistent encore en ce début décembre, ou les couples assis en haut des talus.
Les transports urbains semblent assez développés, depuis les minibus jusqu’au métro sans oublier ferry et bateau bus. Mais nous avons raté le métro. Nous avons vu des rames de tramway, comme à Tunis ou comme le futur métro d’Abidjan, et et nous n’avons pas cherché plus loin, alors que des lignes souterraines ultra-modernes sillonnent certains quartiers de la ville depuis 1992.
La ville est en chantier, de hauts immeubles poussent partout avec souvent des audaces architecturales qui rappellent plus Londres ou Los Angeles qu’Abidjan ou Dakar.
Située sur une faille, Istanbul est sous menace permanente d’un tremblement de terre. Les autorités de la ville ont donc développé une politique urbaine que j’ai trouvée remarquable. Les traditionnels immeubles de moins de six étages ne répondant plus aux normes sismiques adoptées ces dernières décennies, pour inciter leurs propriétaires à accepter une reconstruction aux normes, la ville leur offre deux incitatifs. Si ils acceptent de quitter leur habitation, ils recevront en échange deux appartements dans le nouvel immeuble (un pour eux-même, un autre qu’ils pourront mettre en location) et pendant deux ans, le temps du chantier, ils seront relogés gratuitement. Pour que cette manipulation soit économiquement viable, les nouveaux immeubles sont donc bien plus hauts. Toutefois, l’opération nécessite l’accord de tous les propriétaires de la zone, ce qui n’est sans doute pas simple et doit occasionner quelques tractations souterraines.
Finalement, Istanbul m’a fait penser aux États-Unis, que ce soit les gratte-ciel ou les lotissements sécurisés haut de game de la banlieue. Je n’ai trouvé l’orient – ou la représentation que j’en ai – que dans la ville historique, dans la partie occidentale. J’imagine bien qu’en parcourant les quartiers populaires excentrés, qu’en bons touristes nous n’avons pas vus, la ville me semblerait moins lisse.
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