Le murmure d’outre Atlantique… Le Laboratoire de Lumière. Semaine 41
C’est dans un petit bar à l’atmosphère tiède que j’ai décidé de passer une partie de la journée. J’y avais déjà fait une pause, en avais apprécié l’ambiance feutrée et le Jazz que diffusent les hauts-parleurs dissimulés dans le plafond. Je peux y réfléchir et me laisser bercer entre deux réflexions par les conversations murmurées de mes voisins de table…
Dans presque trois semaines, je serai dans les airs, et là il ne sera plus question de faire machine arrière. Le choix du matériel photographique à transporter pour ma petite expédition au Canada doit être rigoureux. Pas question de s’encombrer, pas question de succomber au poids du matériel!
Lors d’un reportage à Saint-Domingue (République Dominicaine) en 2003, un des premiers que je réalisais avec du matériel numérique, à la demande d’un client, et à plus de sept mille kilomètres de chez moi, j’avais dû en emporter plus de quatorze kilos. Un appareil photo numérique, différentes optiques, un ordinateur et pour réaliser des images sous-marines un boîtier étanche. Mais là ne s’arrêtait pas la liste. Pour sécuriser le reportage -l’histoire ne me donnera pas tort- j’avais emporté des films et deux boîtiers mécaniques, capables de résister au climat et dont j’étais surtout sûr de la fiabilité, contrairement au matériel numérique qui ne m’inspirait à l’époque qu’une maigre confiance. Je devais chaque soir sélectionner les meilleures images de la journée afin de les mettre sur le site internet du client. C’était il y a plus de dix ans. Les connexions sur la belle île paradisiaque n’étaient pas aussi performantes que le laissait entrevoir le repérage fait par l’agence. La belle euphorie du numérique s’était arrêtée, le troisième soir… Les hôtels dans lesquels nous nous reposions le soir après les balades de la journée n’étaient finalement pas tous équipés du matériel nécessaire et souvent le système était défectueux. J’en garde un souvenir douloureux. Je devais doubler l’ensemble des images réalisées en numérique, par des prises de vues en argentiques.
Il est vrai, qu’à quelques jours du départ, je ne peux m’empêcher de penser à tout cela. J’ai envie de voyager léger. De tout inverser. De ne pas m’encombrer. Il y a du matériel que je peux trouver sur place à Montréal, tel qu’un pied photo pour réaliser des images de nuit en poses longues pour voir les étoiles et les nuages raconter des histoires
Le temps de pose utilisé pour les prises de vues de nuit est un vrai temps de pause. Entre les deux claquements du miroir de l’appareil photo, je peux entendre les bruits de la ville au loin. La rumeur de la nuit, un train qui passe, le miroir redescend dans un bruit de mécanique. Clac ! Je recommence l’opération dans le silence que je m’impose pour écouter la nuit.
J’ai envie de mettre un peu d’adrénaline dans cette aventure outre-Atlantique, alors pourquoi ne pas travailler en argentique? Et livrer le secret des banquises.
« Le goût du danger,
Des routes à prendre ou à laisser ?
Est-ce que vous en avez ? »
Alain Bashung
LLL. Semaine. 41
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