Le Laboratoire de Lumière. Semaine 49. « Tankers solitaires ».
Nous errons sans savoir réellement où nous amarrer, c’est un de nos points communs. Peu importe nos routes se croisent parfois.
Après Montréal, New-York et un court séjour à Paris, je suis reparti voir un ami, qui, comme moi n’a jamais envie de rentrer de voyage.
Le temps nous a séparés, les distances aussi. Dix ans de balades dans le monde entier sans se rencontrer, avec maintenant des voyages à raconter et des regards à partager. Nous avons longuement marché en longeant la côte, pour observer le ciel et la mer se confondre en nuances. Nous en discutons encore, nous ne savons pas où nous poser et pourquoi le faire. Il y a l’univers pour se déplacer et rêver. Du jazz à écouter, des vins à goûter, des femmes à courtiser, des capitales à découvrir. Nous n’avons pas refait le monde ! Nous avons rappelé nos errances sans rancoeur. Constaté que le temps passe à une vitesse folle, qu’il dépasse nos pensées, qu’il est irréversible, qu’il faut faire avec. Nous avons parlé de nos vie de solitaires sans adresse fixe, de nos journées parfois passées dans le silence. Mais surtout qu’il nous faut savoir rêver encore. Nous ne nous sommes pas déguisés pour nous fondre dans la foule, ce monde n’est pas à notre portée. Se poser dans un lieu précis limiterait notre regard, notre perception de la vie et nous comblerait de son ennui. La vie, c’est fait pour croiser d’autres vies, pour voler vers ses envies et effleurer des désirs. Les voyages, c’est fait pour partir ! Rentrer c’est mourir un peu et comme lui, je retarde le moment de rentrer. Et pour rentrer où ? Il y beaucoup à faire… Ailleurs ! L’un comme l’autre, nous avons réduit la taille de nos bagages à deux sacs, pour voyager léger. Je traîne sur la route, je fais des détours pour remplir mon œil de paysages et de visages. Ben est reparti pour un autre ailleurs, en attendant de pouvoir poser son regard sur une mer aux couleurs turquoises et trouver un voilier pour d’autres traversées. Je repars dans le sud de la Bretagne pour rencontrer à nouveau Lionel et parler de l’exposition aux Jardins de Mémoires. Plus question de s’égarer, le temps est compté. Pas question de se poser, il me faut encore avancer sur le projet, trouver le lien entre mes images et mes pensées. J’en tisse la trame au fil de mes rencontres. Je fais des remontées dans le temps pour retrouver les bases que je ne voyais plus. J’avais égaré mon regard dans des fuites en avant. Je courais en solitaire comme on court sur le bord d’un trottoir en faisant des paris. Je n’ai plus envie ! Je veux pouvoir me retourner et regarder le passé sans avoir la nausée.
Je veux pouvoir composer au présent… avec le passé !
Je veux pouvoir composer au présent… avec le passé !
LLL. Semaine 49
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