Un film venu du froid. Son humour discret réchauffe, la pertinence de ses croquis de l’intime d’une famille ou d’un village interroge. Comment étouffer dans les grands espaces de la « terre de glace » et de ses volcans toujours menaçants.
Paris of the North – Hafsteinn Gunnar SIGURDSSON (Islande) – 1h35
Un titre étrange que rien n’expliquera, peut-être un private joke islandais puisqu’on est en Islande cette île lointaine si proche qui fait rêver, notamment pour sa froide indépendance.
Huigi, 31 ans, il a fui la grande ville, son tumulte, ses tentations et un amour évanoui. Le voilà, déjà depuis un an, prof remplaçant dans un village au bout du monde de ce bout du monde, indépendant lui aussi, enfin pas tant que ça. Il pointe chaque semaine aux Alcooliques Anonymes, anonymes c’est pas possible dans une si petite communauté: ils sont trois, Svanur et son fils Richard, le mari de Erna avec qui Huigi termine une laborieuse liaison. Le huis-clos villageois est vite planté, le décor c’est au contraire un paysage immense et magnifique de fjords bordés de montagnes étranges.
C’est l’été, l’école est finie, que faire de ses jours qui sous ces latitudes ne connaissent pas les nuits? Des joggings que Huigi s’impose comme des pénitences. Il n’a pas d’amis, sauf le petit Albert, 10 ans –le fils d’Erna– avec qui il tape des ballons, un pis-aller.
Débarque Veigar, le père de Huigi, un aventurier vieillissant qui croit tout savoir de la vie qu’il a brûlée par les deux bouts. Il revient d’un exil ambigu en Thaïlande et avec ses pulsions de jouisseur fatigué il va jeter le trouble.
Une belle réussite tranquille que ce blues islandais. L’acidité de sa petite musique se dilue dans les grands espaces: au pays des volcans, on ne semble pas pratiquer les éruptions affectives, on est tout juste à côté du Groenland. Et si on pense d’abord que le film manque de densité, on comprend vite que c’est sous nos tropiques d’excès qu’on est intoxiqués d’une agitation compulsivement et artificiellement réinventée. Le drame tranquille qui se noue sous nos yeux est sans effusion, il n’est pas pathologique, il est juste sincère. S’il se joue ici dans un microcosme étouffant, les thèmes qu’il aborde sont universels, parentalité, masculinité, et surtout tous ces non-dits qui empoisonnent la vie d’une famille et d’une communauté. Paris of North est un film d’hommes, même si la virilité peut leur faire défaut, c’est d’abord un film de nous tous.
L’écrin du film est beau, l’Islande est belle, Sigurdsson, le réalisateur, excelle aussi à souligner la beauté de ses gris argentés.
Un titre étrange que rien n’expliquera, peut-être un private joke islandais puisqu’on est en Islande cette île lointaine si proche qui fait rêver, notamment pour sa froide indépendance.
Huigi, 31 ans, il a fui la grande ville, son tumulte, ses tentations et un amour évanoui. Le voilà, déjà depuis un an, prof remplaçant dans un village au bout du monde de ce bout du monde, indépendant lui aussi, enfin pas tant que ça. Il pointe chaque semaine aux Alcooliques Anonymes, anonymes c’est pas possible dans une si petite communauté: ils sont trois, Svanur et son fils Richard, le mari de Erna avec qui Huigi termine une laborieuse liaison. Le huis-clos villageois est vite planté, le décor c’est au contraire un paysage immense et magnifique de fjords bordés de montagnes étranges.
C’est l’été, l’école est finie, que faire de ses jours qui sous ces latitudes ne connaissent pas les nuits? Des joggings que Huigi s’impose comme des pénitences. Il n’a pas d’amis, sauf le petit Albert, 10 ans –le fils d’Erna– avec qui il tape des ballons, un pis-aller.
Débarque Veigar, le père de Huigi, un aventurier vieillissant qui croit tout savoir de la vie qu’il a brûlée par les deux bouts. Il revient d’un exil ambigu en Thaïlande et avec ses pulsions de jouisseur fatigué il va jeter le trouble.
Une belle réussite tranquille que ce blues islandais. L’acidité de sa petite musique se dilue dans les grands espaces: au pays des volcans, on ne semble pas pratiquer les éruptions affectives, on est tout juste à côté du Groenland. Et si on pense d’abord que le film manque de densité, on comprend vite que c’est sous nos tropiques d’excès qu’on est intoxiqués d’une agitation compulsivement et artificiellement réinventée. Le drame tranquille qui se noue sous nos yeux est sans effusion, il n’est pas pathologique, il est juste sincère. S’il se joue ici dans un microcosme étouffant, les thèmes qu’il aborde sont universels, parentalité, masculinité, et surtout tous ces non-dits qui empoisonnent la vie d’une famille et d’une communauté. Paris of North est un film d’hommes, même si la virilité peut leur faire défaut, c’est d’abord un film de nous tous.
L’écrin du film est beau, l’Islande est belle, Sigurdsson, le réalisateur, excelle aussi à souligner la beauté de ses gris argentés.
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