« Les Amazones d’Afrique », indispensables voix de femmes en lutte.

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Depuis 2015, le collectif féminin « Les Amazones d’Afrique » ne cesse de lutter en musique contre les violences faites aux femmes sur le continent africain, mais pas que…
Leurs armes dans ce combat? La musique bien sûr, leurs voix splendides et leurs textes courageux pour dire l’intolérable.
Pour présenter leur nouvel opus, elles seront à Paris le 12 mars dans la salle de la Philharmonie.

Nous devons nous soulever et combattre l’injustice car, hommes et femmes, nous sommes tous égaux.

Chanson: Play the Kora (2017)

Chanson: Play the Kora (2017)

Parfois, dans ses intentions, une création musicale porte plus en elle-même que la simple beauté de son discours esthétique.
Parfois une œuvre musicale nous rapproche de LA question: Une musique peut-elle changer notre perception du monde?

Parfois, une chanson, indépendamment de ses qualités musicales propres, est habitée d’une force qui nous oblige à bouger, à nous révolter, à dénoncer les injustices ou la cruauté de ce monde.
Parfois, pour faire de la musique, il faut aussi beaucoup de courage et un sens certain de la solidarité.
Le collectif musical « Les Amazones d’Afrique » sera en concert dimanche soir dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, et c’est bien de ça qu’il sera question. Une musique de dénonciation de combat, mais aussi de tendresse. Le combat pour les droits des femmes, la condamnation des violences de genre, l’égalité homme/femme, c’est ce qui habite leur nouveau CD rageur et solaire, « République Amazone », et ce qui se donnera à entendre dimanche.
Le collectif est composée de femmes, uniquement de femmes, de divas, de reines, d’amazones. Même si leurs intentions sont pacifiques, la force de leur détermination semble à toute épreuve. Kandia Kouyaté, Mamani Keita, Rohia Koné, Mariam Doumba (d’Amadou et Mariam), Nneka,  chantent pour leurs filles leurs sœurs, leurs mères. Un casting qui réunit quelques-unes des plus belles voix de l’Afrique de l’Ouest
C’est en 2005 au Mali, d’où sont originaires la plupart des artistes, que tout commence. A l’origine de ce projet, la rencontre entre la grande chanteuse Oumou Sangaré et la productrice de Salif Keita, Valerie Malot:

Je suis allée pas mal de fois à Bamako. La société malienne est à la fois très traditionnelle et la place de la femme y est hyper importante Avec Mamani Keita et Oumou Sangaré on a voulu monter un groupe qui parle des problèmes des femmes et qui change la vision qu’ont les hommes des femmes. Cette musique et ces chansons abordent l’éducation des petites filles mais aussi les mariages forcés. De son côté, Kandia Kouyate milite pour que beaucoup de femmes se lancent dans la politique, qu’on leur donne d’avantage la parole

Valérie Malot Productrice
Le Point 2016

Valérie Malot Productrice
Le Point 2016

Il suffit d’écouter les paroles du titre phare de l’album « République Amazone » pour saisir l’urgence de leurs chants, en commençant par leur première chanson qui sonne comme une revendication: I Play the Kora.
La kora est une harpe-luth mandingue originaire d’Afrique de l’Ouest, et dans la tradition exclusivement joué par des hommes. Et ici, bien sûr, vous l’aurez compris c’est une femme qui joue, abattant avec art une tradition sexiste qui n’avait que trop duré.

Ce n’est pas un détail, c’est une profession de foi, un engagement: Les bénéfices de la vente de ce titre seront reversés à la Fondation Panzi du Docteur Mukwege à Bukavu (RDC). Ce chirurgien lauréat du célbre prix Sakharov 2014, est surnommé en Afrique l’homme qui répare les femmes. Depuis plus de 20 ans ce médecin a apporté son soutien et ses soins à plus de 80 000 femmes victimes de violences sexuelles liées à la guerre. Dans ces régions de l’est de la RDC, le viol est utilisé comme arme de destruction massive du tissu social.

De plus, les Amazones soutiennent une campagne de crowfunding pour aider à financer le travail de la Fondation Panzi. Vous pouvez faire des dons sur www.generosity.com

Je suis né à Bamako. Je vis en France depuis plus de 29 ans. Quand je repars chez moi en vacances je constate que les femmes n’ont pas la place qu’elles méritent. On veut changer les mentalités, on veut montrer que les femmes on peut se défendre, on ne peut aider les autres femmes à se défendre contre les inégalités

Mamani Keita 2016

Mamani Keita 2016

Bousculer la tradition sans rien perdre de ses racines, donner à entendre l’Afrique de demain, un continent sonore éclectique et moderne, voici le pari musical très réussi de cet album. Une révolte qui sonne juste, des voix qui comptent, un combat qui donne envie de danser. Parfois, ça arrive. Parfois. 

 
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