La jeune réalisatrice brésilienne signe un premier long-métrage stylé et cinglant. Quand des adolescentes troublées et troublantes semblent déjà ne plus avoir d’avenir.
Une très jeune fille, dans la nuit, plan serré, elle nous regarde, une larme, son adresse est comme une demande d’explication qui ouvre un film séduisant autant que dérangeant.
Une banlieue middle-class de Rio, une bande de quatre adolescentes en éveil de tout ce qui pourrait faire leur vie, leurs mini-shorts annoncent la couleur et le désir de jeunes filles en fleurs qui veulent séduire. Mais c’est d’abord la mort qui les impressionne: une série de meurtres horribles affecte leur quartier. Elles s’en inquiètent, plus encore leur sauvagerie les fascine, elles épluchent les détails qu’en rapporte la presse, inventant d’autres histoires plus atroces encore. Des histoires qui mêlent le sang et le sexe qu’elles découvrent dans un imaginaire étrange et trash, violent.
Bia, sous ses traits qui n’ont pas encore complètement gommé ceux d’une fillette, est la plus fragile en même temps que la plus la plus cynique et la plus inquiétante. Elle ne laisse pas le loisir à son premier boyfriend d’attendre un hypothétique mariage pour coucher et puisque c’est comme ça, jalouse qu’il s’en aille, elle ira rouler des pelles à des filles dans les toilettes du lycée. Emblématique d’un film où les rivalités rentrées s’affrontent autant sur un terrain de handball que dans des jeux de rôles morbides.
Certes, le contexte est moderne, dans tout ce qu’il a aussi de futile mais obligatoire: vanité des selfies, tyrannie des standards véhiculés par les réseaux sociaux, mièvrerie addictive des soap operas, même si « Je ne comprends rien au romantisme« . Dans ce cocktail de l’aliénation il y a aussi la religion, mise au goût du jour par une prêcheuse sexy-pop qui chante ses homélies devant une croix fluo, alimentant les ambiguïtés: « Viens Jesus, le sang de mon corps. L’amour est sur la croix. » Troublant en effet. L’adolescence flirte avec la mort, dans la nouvelle envie de petites morts.
Une banlieue middle-class de Rio, une bande de quatre adolescentes en éveil de tout ce qui pourrait faire leur vie, leurs mini-shorts annoncent la couleur et le désir de jeunes filles en fleurs qui veulent séduire. Mais c’est d’abord la mort qui les impressionne: une série de meurtres horribles affecte leur quartier. Elles s’en inquiètent, plus encore leur sauvagerie les fascine, elles épluchent les détails qu’en rapporte la presse, inventant d’autres histoires plus atroces encore. Des histoires qui mêlent le sang et le sexe qu’elles découvrent dans un imaginaire étrange et trash, violent.
Bia, sous ses traits qui n’ont pas encore complètement gommé ceux d’une fillette, est la plus fragile en même temps que la plus la plus cynique et la plus inquiétante. Elle ne laisse pas le loisir à son premier boyfriend d’attendre un hypothétique mariage pour coucher et puisque c’est comme ça, jalouse qu’il s’en aille, elle ira rouler des pelles à des filles dans les toilettes du lycée. Emblématique d’un film où les rivalités rentrées s’affrontent autant sur un terrain de handball que dans des jeux de rôles morbides.
Certes, le contexte est moderne, dans tout ce qu’il a aussi de futile mais obligatoire: vanité des selfies, tyrannie des standards véhiculés par les réseaux sociaux, mièvrerie addictive des soap operas, même si « Je ne comprends rien au romantisme« . Dans ce cocktail de l’aliénation il y a aussi la religion, mise au goût du jour par une prêcheuse sexy-pop qui chante ses homélies devant une croix fluo, alimentant les ambiguïtés: « Viens Jesus, le sang de mon corps. L’amour est sur la croix. » Troublant en effet. L’adolescence flirte avec la mort, dans la nouvelle envie de petites morts.
La révélation d’une réalisatrice
Mate-me por favor, flirte avec les genres. Le teen movie, on en a vu des tonnes, souvent insipides, on a aussi vu Virgin Suicides, de Sofia Coppola, sans doute, sûrement, Anita Rocha da Silvera, la réalisatrice, elle aussi. Sa grande sœur argentine de cinéma, Lucrecia Martel, avait mises en images d’autres adolescentes dans La cienaga. 15 ans après, la torpeur de celles-là fait ici place à une imagerie revisitée par un manga japonais plus radical. Car le fantastique et l’horreur sont aussi convoqués, mais dans une esthétique décalée très personnelle: quand le sang coule, il a des allures de confiture.
Ainsi se déroule une galerie d’apprenties-femmes, déjà cabossées, finalement au sens propre. Dans une mise en scène aussi précise qu’inventive, de stricts plans fixes, parfois des mouvements millimétrés, dans des décors jamais accidentels, une partition sonore qui renforce l’inquiétude. Et une direction d’actrices qui ne cède rien à l’improvisation, qui fait que ces bourgeons de comédiennes sont simplement éblouissantes.
En dépit, ou à cause, de cette efficacité, Mate-me ne fera pas l’unanimité. Certains en resteront, comme un reproche, à juger l’exposition trop glauque, d’autres à la trouver trop formelle, il y en aura aussi qui seront durablement troublés par ces jeunes pousses déjà en manque d’oxygène.
La liberté d’une artiste invite à celle du spectateur.
Si Mate-me est un film incertain, le talent de sa réalisatrice est certain.
Ainsi se déroule une galerie d’apprenties-femmes, déjà cabossées, finalement au sens propre. Dans une mise en scène aussi précise qu’inventive, de stricts plans fixes, parfois des mouvements millimétrés, dans des décors jamais accidentels, une partition sonore qui renforce l’inquiétude. Et une direction d’actrices qui ne cède rien à l’improvisation, qui fait que ces bourgeons de comédiennes sont simplement éblouissantes.
En dépit, ou à cause, de cette efficacité, Mate-me ne fera pas l’unanimité. Certains en resteront, comme un reproche, à juger l’exposition trop glauque, d’autres à la trouver trop formelle, il y en aura aussi qui seront durablement troublés par ces jeunes pousses déjà en manque d’oxygène.
La liberté d’une artiste invite à celle du spectateur.
Si Mate-me est un film incertain, le talent de sa réalisatrice est certain.
Mate-me por favor – Anita Rocha da Silvera (Brésil) – 1h44
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