Célébré et récompensé à Berlin et à Biarritz, avant d’être un film magnifique, « Ixcanul » montre une lutte de cultures et de classes. Dans la douceur de ce qu’il reste d’un monde maya attaqué pour son anormalité.
IXCANUL – Jayro BUSTAMANTE (Guatemala) – 1h33
C’est un choc visuel et de beauté dès le premier plan. Dans la pénombre colorée d’une pauvre masure, Maria, 17 ans, face à une caméra qu’elle ignore, est en train d’être apprêtée par sa mère pour une cérémonie, un mariage. La jeune fille, derrière un reste d’enfance et pleine de grâce, a le regard baissé, résignée, impuissante.
On est dans un bout du monde, un petit village maya guatémaltèque accroché sur les pentes d’un volcan cendré que l’on vénère comme s’il pouvait commettre le pire ou permettre le meilleur. On y vit chichement d’un lopin de terre à maïs que l’on cultive quand on ne travaille pas à la plantation de café dont le patron fait la pluie et le beau temps de ces petites gens. C’est précisément à son contremaître que Maria a été promise, mariage arrangé, vendre sa fille en espérant ainsi se mettre en sécurité.
La soumission ne décourage pas l’envie et le désir, Maria est amoureuse de Pepe, un garçon de son âge qui n’a plus que faire d’un avenir immobile et imagine d’aller voir au delà du volcan, d’émigrer aux Etats-Unis.
« Ne jouis pas à l’intérieur… » lui demande-t-elle, « La première fois ça ne fait rien » répond-il lors d’une maladroite copulation. Pourtant le ventre de Maria s’arrondit alors que, lâche, Pepe est parti seul tenter sa chance ailleurs. Sa mère, elle, est toujours là, aimante et attentionnée, aidante.
Ce qui suit, entre fondamentales croyances et cruelles réalités incompréhensibles, dira l’impossibilité d’une culture originale face à un monde de dominations, celui qui avait été initialement imposé avec l’arrivée des colons blancs.
Ixcanul est un grand et beau film d’une vaine révolte. S’il passe en revue quelques uns des saccages d’un peuple, c’est sans agressivité, sans pathos, sans misérabilisme, une noble retenue, à l’opposé de la brutalité de l’assaut.
Bustamante s’est inspiré d’une histoire réelle, quand il a demandé à celle qui l’avait vécue une autorisation de s’en inspirer, elle lui a répondu, oui, bien sûr: « Cela concerne tant de femmes« . Le film a donc -et aussi- une forte dimension documentaire, mais ce jeune réalisateur d’un pays quasiment sans cinéma indigène en écrit une fiction tristement palpitante. Et de très belle façon: plastiquement magnifique, mixant chaleur et froideur des tonalités comme pour signifier l’affrontement de deux mondes, l’aménité rude des hauts-plateaux originels, paysages, costumes et coutumes, contre la crudité de la lumière d’un hôpital où l’on participe au trafic de bébés. Bustamante a le sens du cadre et du plan-séquence qui révèle une vérité qu’il connaît bien pour avoir lui-même vécu a proximité des lieux et des gens qu’il filme.
C’est donc ça aussi le Guatemala, « paradoxe absurde et magique« , comme le dit ce cinéaste dont, après avoir aimé Ixcanul, on envie la suite.
On est dans un bout du monde, un petit village maya guatémaltèque accroché sur les pentes d’un volcan cendré que l’on vénère comme s’il pouvait commettre le pire ou permettre le meilleur. On y vit chichement d’un lopin de terre à maïs que l’on cultive quand on ne travaille pas à la plantation de café dont le patron fait la pluie et le beau temps de ces petites gens. C’est précisément à son contremaître que Maria a été promise, mariage arrangé, vendre sa fille en espérant ainsi se mettre en sécurité.
La soumission ne décourage pas l’envie et le désir, Maria est amoureuse de Pepe, un garçon de son âge qui n’a plus que faire d’un avenir immobile et imagine d’aller voir au delà du volcan, d’émigrer aux Etats-Unis.
« Ne jouis pas à l’intérieur… » lui demande-t-elle, « La première fois ça ne fait rien » répond-il lors d’une maladroite copulation. Pourtant le ventre de Maria s’arrondit alors que, lâche, Pepe est parti seul tenter sa chance ailleurs. Sa mère, elle, est toujours là, aimante et attentionnée, aidante.
Ce qui suit, entre fondamentales croyances et cruelles réalités incompréhensibles, dira l’impossibilité d’une culture originale face à un monde de dominations, celui qui avait été initialement imposé avec l’arrivée des colons blancs.
Ixcanul est un grand et beau film d’une vaine révolte. S’il passe en revue quelques uns des saccages d’un peuple, c’est sans agressivité, sans pathos, sans misérabilisme, une noble retenue, à l’opposé de la brutalité de l’assaut.
Bustamante s’est inspiré d’une histoire réelle, quand il a demandé à celle qui l’avait vécue une autorisation de s’en inspirer, elle lui a répondu, oui, bien sûr: « Cela concerne tant de femmes« . Le film a donc -et aussi- une forte dimension documentaire, mais ce jeune réalisateur d’un pays quasiment sans cinéma indigène en écrit une fiction tristement palpitante. Et de très belle façon: plastiquement magnifique, mixant chaleur et froideur des tonalités comme pour signifier l’affrontement de deux mondes, l’aménité rude des hauts-plateaux originels, paysages, costumes et coutumes, contre la crudité de la lumière d’un hôpital où l’on participe au trafic de bébés. Bustamante a le sens du cadre et du plan-séquence qui révèle une vérité qu’il connaît bien pour avoir lui-même vécu a proximité des lieux et des gens qu’il filme.
C’est donc ça aussi le Guatemala, « paradoxe absurde et magique« , comme le dit ce cinéaste dont, après avoir aimé Ixcanul, on envie la suite.
Rencontre avec Jayro Bustamante, au festival de Biarritz 2015.
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