« Celle que vous croyez » de Camille Laurens
Dans Celle que vous croyez la romancière Camille Laurens imagine une intrigue amoureuse à l’heure des réseaux sociaux et la met en scène à la manière d’un Marivaux.
Le dernier roman de Camille Laurens aurait pu s’intituler Les fausses confidences. A l’instar de l’auteur de La double inconstance, la romancière va faire une expérience. Nous ne sommes pas en 1725 mais en 2016. Une femme, Claire Millecam, parle à un psy. Elle est divorcée. Agrégée de l’Université. Mère de deux enfants. Elle va avoir cinquante ans. Age fatidique pour une femme dans une société qui a érigé le jeunisme en religion. Qu’à cela ne tienne. Claire Millecam a de l’imagination et de l’appétence pour les réseaux sociaux. Elle s’invente un double, Claire Antunés, de vingt ans sa cadette. Un avatar lui permettant de se créer un nouveau profil Facebook. Une nouvelle identité. Le jeu de l’amour et de la Toile peut alors commencer.
Claire croit tenir les ficelles du scénario qu’elle a inventé. Mais bientôt les rôles vont s’inverser. L’amour chez Marivaux est un jeu dangereux dont Camille Laurens explore de sa plume fine et subtile toutes les variations possibles. Au fil des mails échangés, Claire tombe amoureuse de Chris, bellâtre de 36 ans. Viendra le moment où la belle devra révéler sa véritable identité. Renoncer à ses cheveux bruns pour retrouver sa blondeur naturelle. Troquer ses 20 ans contre ses 48 administratifs. Quitter le virtuel pour réintégrer la réalité. On ne joue pas impunément avec la fiction pourrait être la morale de cette histoire. A ce détail près que le roman ne s’arrête pas là. « Celle que vous croyez » n’étant précisément jamais celle que vous croyez dans ce récit où mises en abyme et récits enchâssés règnent en maître.
Cruauté
D’aucuns y verront donc une charge contre la dictature de l’âge. « Quel super-pouvoir acquièrent les femmes de cinquante ans? Elles deviennent invisibles! » s’insurge Claire Millecam dont le nom est l’anagramme presque parfait de Camille Laurens. Porte-parole dont la folie autorise tout les excès, Claire, malgré les traitements psychiatriques qui lui sont administrés, ne perd rien de sa verve. Ni de sa lucidité. »Il ne sert à rien d’être jeune sans être belle ni d’être belle sans être jeune les hommes mûrissent les femmes vieillissent c’est beau un homme la nuit une femme c’est triste ». Histoire d’amour entre un homme jeune et une femme qui ne l’est plus, le roman de Camille Laurens est aussi sombre que réjouissant. La cruauté du thème que l’auteur décortique au scalpel, n’épargnant aucun de ses personnages, y est pour beaucoup. Mais plus encore la vitalité de l’écriture.
Roman du désir dans tout ses états, y compris son absence, « Celle que vous croyez » brille par l’ingéniosité du dispositif narratif et la sensualité de la langue. « Un livre ne tient pas toutes les promesses du désir– écrit Camille Laurens dans un chapitre intitulé « Une histoire personnelle »- il en est l’un des aboutissements. Mais il traduit le plaisir qui est venu après la montée du désir, son épiphanie ». Le lecteur en ressort ébloui.
Claire croit tenir les ficelles du scénario qu’elle a inventé. Mais bientôt les rôles vont s’inverser. L’amour chez Marivaux est un jeu dangereux dont Camille Laurens explore de sa plume fine et subtile toutes les variations possibles. Au fil des mails échangés, Claire tombe amoureuse de Chris, bellâtre de 36 ans. Viendra le moment où la belle devra révéler sa véritable identité. Renoncer à ses cheveux bruns pour retrouver sa blondeur naturelle. Troquer ses 20 ans contre ses 48 administratifs. Quitter le virtuel pour réintégrer la réalité. On ne joue pas impunément avec la fiction pourrait être la morale de cette histoire. A ce détail près que le roman ne s’arrête pas là. « Celle que vous croyez » n’étant précisément jamais celle que vous croyez dans ce récit où mises en abyme et récits enchâssés règnent en maître.
Cruauté
D’aucuns y verront donc une charge contre la dictature de l’âge. « Quel super-pouvoir acquièrent les femmes de cinquante ans? Elles deviennent invisibles! » s’insurge Claire Millecam dont le nom est l’anagramme presque parfait de Camille Laurens. Porte-parole dont la folie autorise tout les excès, Claire, malgré les traitements psychiatriques qui lui sont administrés, ne perd rien de sa verve. Ni de sa lucidité. »Il ne sert à rien d’être jeune sans être belle ni d’être belle sans être jeune les hommes mûrissent les femmes vieillissent c’est beau un homme la nuit une femme c’est triste ». Histoire d’amour entre un homme jeune et une femme qui ne l’est plus, le roman de Camille Laurens est aussi sombre que réjouissant. La cruauté du thème que l’auteur décortique au scalpel, n’épargnant aucun de ses personnages, y est pour beaucoup. Mais plus encore la vitalité de l’écriture.
Roman du désir dans tout ses états, y compris son absence, « Celle que vous croyez » brille par l’ingéniosité du dispositif narratif et la sensualité de la langue. « Un livre ne tient pas toutes les promesses du désir– écrit Camille Laurens dans un chapitre intitulé « Une histoire personnelle »- il en est l’un des aboutissements. Mais il traduit le plaisir qui est venu après la montée du désir, son épiphanie ». Le lecteur en ressort ébloui.
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