A ne rien vouloir savoir des lieux où je vais, je m’expose parfois à des surprises. Mais c’est un choix. Et aux Maldives comme ailleurs je ne le regrette pas, cela me permet de vous parler de vie quotidienne, religion et tourisme.
Voir, regarder, entendre, écouter, ressentir. Le voyage, c’est tout cela et surtout le minimum d’idées préconçues si possible. Aux Maldives comme ailleurs, il faut entrer dans la carte postale et attendre.
J’ai une spécificité lorsque je voyage, et cela m’arrive plutôt souvent, sans parler de ce que nous vivons actuellement, généralement je ne veux rien savoir du pays dans lequel je vais. Cela peut sembler étrange et pourtant je trouve cela beaucoup plus confortable. A ne rien savoir, on part sans idées préconçues. Les Maldives n’ont pas dérogé à cette règle. Même si nous avions entendu parler de Charia, d’intégrisme religieux, j’ai décidé de n’en rien savoir. Nous avions tous simplement des tenues couvertes et respectueuses des croyances de nos hôtes. Rien que de très normal.
Nous sommes arrivés à Addhu la première semaine du ramadan. Dans un pays où l’islam est la religion d’Etat, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, en dehors de rues et magasins désertés. Le premier contact s’est fait dans un magasin d’alimentation, où je me suis retrouvée nez à nez avec une femme en burqa intégrale. C’est curieux comme, même habillée, je me suis sentie nue face à elle. La seconde réaction est celle d’une occidentale libre en actes et en pensées, à qui l’on ne dicte rien, donc ce voile intellectuellement me gêne. Mais cette gêne ne regarde que moi et je n’ai pas à la commenter dans un pays qui n’est pas le mien.
Mais alors que je maugréais du fond de mon hémisphère gauche, dans le même magasin, entre une jeune femme en jean, tee-shirt et petits talons. Mon regard s’est alors posé sur tous les hommes présents et… Rien. Pas d’observation, de gêne, de recul. Les mêmes regards que ceux qui nous sont adressés. Tout est normal. De même dans les rues de Gan, des voiles, une malheureuse burqa, une femme au volant, plusieurs en moto. Un ramadan observé, simple, normal.
La discussion avec un commerçant encore plus ouvert que les autres, nous permet de découvrir qu’Addhu est un cas à part dans les Maldives. Lors du départ des Britanniques cette île qui était autrefois indépendante s’est retrouvée rattachée à l’archipel. De fait, les mentalités sont un peu à part. Ce qui nous amène, puisque nous avons eu le charme de connexions internet faciles, à consulter quelques sites de référence sur la politique. Et nous voilà découvrant que le premier président élu démocratiquement en 2008 vient d’être condamné à la prison pour terrorisme ce qui déplait aux Français, à l’Union Européenne, à l’Inde… Les relations sont les plus fraîches qui soient. Bien. On continue, la peine de mort est de nouveau appliquée, et peut l’être pour les enfants dès l’âge de 10 ans. Voilà.
On est loin de notre carte postale là. L’apostasie est un crime. Comme la consommation d’alcool. Et là on dépasse un peu les bornes, pour l’alcool, cela ne concerne pas les îles-hôtels. Nous sommes des navigateurs et de fait nous ancrons dès que les conditions le permettent, mais là cela se complique, notre agent (qui prend en charge les démarches d’entrée et de sortie du territoire et nous fournit tous les services dont nous avons besoin, de l’accès à internet en passant par la laverie) nous donne notre programme, avec nos arrêts. On suit ou pas. En revanche, certaines îles sont purement et simplement interdites aux étrangers, ce qu’il nous rappelle à plusieurs reprises. La rencontre ne peut pas se faire. Même s’il y a curiosité, comme avec ces pêcheurs que j’ai croisés sur leur barque. Une curiosité folle mais aucun dialogue possible, le seul mot qu’ils aient compris était « fish » et ils m’ont montré leur simple prise. Avant de repartir. Pour autant, l’atoll est si grand qu’on ne se sent pas bridés.
La situation doit être différente à Malé, la capitale. Nous n’en saurons rien, nous n’irons pas. Nous sommes presque en excès d’information depuis notre arrivée. Nous ne pensions pas que ce serait possible.
Comme quoi…
Bonus! Les premières images video de la vie à bord de « Shakespeare« :
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