Il boit pas, il fume pas, il drague pas, mais…il cause !
Laurent Canale est l’une des premières personnes que je suis allé voir à mon arrivée à Paris la semaine dernière, c’était juste après m’être installé un petit bureau temporaire dans le 10ème arrondissement, le temps de mon séjour en Ile de France qui m’oblige à abandonner mon véhicule pour un temps. C’est à pied qu’il me faut me déplacer de façon à profiter au mieux de la capitale.
Et pour se déplacer à pied il faut être bien chaussé. L’une de mes paires de chaussures présentait de sérieux signes de fatigue. De Paris à Francfort, en passant par l’Italie, ce modèle confortable m’avait accompagné fidèlement. Des milliers de pas sont venus à bout d’une semelle déjà changée il y a une dizaine d’années. Il faut dire qu’elles m’accompagnent depuis plus de vingt ans.
J’avais prévenu Laurent de l’intervention à réaliser. J’avais aussi prévu de passer un peu de temps avec lui pour discuter. Nous nous connaissons bien: nous étions voisins dans le quartier Latin. L’atmosphère de la boutique prête à la discussion: l’endroit est calme, une odeur de cuir et de colle parfume le lieu. Laurent Canale ne fume pas mais cause de son métier. Cela fait plus de vingt ans qu’il a repris la boutique de ses parents, celle dans laquelle son grand-père prenait soin des bottes de la Garde républicaine. Laurent n’est pas avare de mots, ce métier est sa passion. Il aime redonner vie à toutes sortes de pompes, godasses ou souliers qui lui passent entre les mains. Il en a une autre, le tango, qu’il pratique et qui lui permet d’exercer son métier auprès de danseurs. Passant ainsi de la réparation à la création de chaussures de spectacle. Lorsqu’il parle des danseurs, Laurent se lève de sa chaise, j’ai parfois l’impression qu’il va se mettre à danser avec une partenaire imaginaire, il fait des petits pas de danse, des gestes -il est d’origine Italienne- pour décrire la silhouette ou la prestance de telle ou telle danseuse. Laurent, comme tous les passionnés, partage son savoir et il adore ça. Ses yeux brillent lorsqu’il évoque les apprentis cordonniers du lycée EREA (Établissement Régional d’Enseignement Adapté) Jean Monnet de Garches (92), qu’il reçoit chaque année. Ses yeux ont dû briller quand son fils Anthony, après avoir lu un livre (La chaussure pour homme faite main. Ed. Ullman) de Magda Molnar et de Laszlo Vass, un chausseur hongrois installé à Budapest, décide de faire son apprentissage chez les compagnons du devoir.
Transmission, transmission… Ca mérite réflexion.
LLL. Semaine 34
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