Thriller western empreint d’une culture de l’honneur, on se régale du mélange des genres d’un film palpitant autant que magnifique.
On est dans les années 70, dans le nord de la Colombie, sur les terres désertiques des indigènes wayuu qui se défendent de la disparition par une adhésion sans faille à leur culture, rites et superstitions.
De la danse du choix, Rapayet sort vainqueur: « Tu seras ma femme« , lance-t-il fier à Zaida. Ursula accepte ce beau-fils ombrageux, mais à la condition du versement d’une forte dot en bétail et bijoux. Rapayet qui ne vit que d’un maigre négoce de chèvres, vaches et café doit trouver d’autres ressources. Il s’allie avec un vieil ami, pour fournir à des gringos de la marijuana aussi cultivée par là par un baron de la famille: le marché hippie américain est en pleine expansion. Ce ne sera pourtant pas si simple. Car si le business finira par rapporter gros, au point que Rapayet et sa famille s’installeront dans un irréel et luxueux castelet érigé en plein désert, il y aura multiples déconvenues et des morts violentes, parfois tristes.
Culture et rêves
Bien mal acquis ne profite jamais dit-on sous nos tropiques, il semble qu’il en soit également ainsi en terre wayuu. L’honneur y est plus important que la fortune, on peut tout perdre si on ne se conforme pas aux règles ancestrales de la dignité, on accepte perdre tout autant pour vouloir laver son honneur. C’est bien ce que racontent minutieusement en images, coups de feu et désarrois ces deux heures d’action et de passions, passionnantes.
Western ascétique, thriller sanglant, drame ethnologique, tout à la fois, mélange des genres et des plaisirs cinématographiques. Un film de paysages, ceux de cette région que connaissent bien les réalisateurs et dont ils savent mettre en tableaux la beauté aride. Mais d’abord un film de personnages fortement caractérisés, ceux qui sont précisément nés dans ces paysages de survie et cette culture ésotérique qui respecte les rêves de la nuit « ils sont la preuve que l’âme existe« , même quand ils annoncent des évènements terribles.
Entre Tarantino et la tragédie grecque, un grand film d’ailleurs.
Les oiseaux de passage – Cristina GALLEGO & Ciro GUERRA (Colombie) – 2h05
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