Dominique Noguez (1942-2019): la mort d’un « grantécrivain »
À quatre minutes et 24 secondes de cette vidéo, il y a une moue, à tout le moins un effet de surprise de Raymond Devos quand l’écrivain Noguez affirme que la honte est compagne de la possibilité d’écrire. Devos, interférant et magnifique, le taquine: mais la littérature, mais l’invention, où va se nicher le péché. Avec le recul (nous sommes en 2002), une « putain » de conversation! Réjouissante!
Des mots de minuit, émission du 3 avril 2002.
- – Dominique Noguez (1942-2019) et Raymond Devos (1922-2006). Ces deux-là se tournent autour, se jaugent, se tiennent à distance avant de se rencontrer dans un rire qui leur devient commun. L’intellectuel (normalien, agreg de philo) et le joueur de mots. Une paire qui se découvre à l’occasion d’un salon du livre. Le lettré offre à la cantonnade sur le plateau des spéculoos dont il raffole. Il évoque ses livres, la possibilité d’être diariste, citant Baudelaire, « à condition de ne pas ennuyer ». Il fut thésard et réalisateur de court métrage sur le cinéma expérimental américain (Una vita), façon déguisée de faire encore de la littérature et de s’assurer chronique dans une revue. À l’époque, il a notamment signé Comment complétement rater sa vie en 11 leçons, Les derniers jours du monde ou Les Martagons. Il est chevénementiste et revient sur « un petit bout de femme », Marguerite Duras (« un peu lamentable mais surtout admirable ») dont il admire l’œuvre et le style et dont il fut proche jusqu’à ce qu’elle le tutoie (« un début de la fin »).
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Je pense que si on n’est pas traversé par la honte et même le dégoût de ce qu’on écrit, on n’est pas vraiment un écrivain ou on l’est mais d’une façon somnambule. Pour l’être vraiment, ll faut l’être dans l’inconscient et donc souvent dans la honte.
Dominique Noguez. Des mots de minuit, 2002.
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Vous parlez de péché et de honte… Ce qui compte, c’est l’imagination, c’est l’aventure. Si on parle de littérature et de pourquoi on écrit… Excusez-moi, je ne me pose pas ces questions. Il faut emmener les gens dans un voyage quel qu’il soit. Oui, ça m’agace! Le rêve, c’est de la littérature. on écrit quelque chose parce qu’on est « emparé » par une idée et on voit jusqu’à où ça va… Moi, je ne sais pas comment ça va finir!
Raymond Devos. Des mots de minuit, 2002.
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