Paul Virilio (1932-2018): « Apprendre l’accident pour pouvoir s’en souvenir! »
Les explosions, celle de Tchernobyl, celle de la navette Challenger, la même année, en 1986. Une négativité du nucléaire et de la conquête spatiale. L’urbaniste et le philosophe expose ici magistralement sa théorie de l’accident pour nous appendre à lire ce qui va arriver. Lanceur d’alerte avant l’heure, cassandre pour ses détracteurs, le penseur est d’abord tranquille et lumineux.
Le silence est une manière de reprendre pied dans le contact avec autrui … On est dans une société qui parle tellement et qui donne tellement à voir qu’elle n’écoute plus…
Paul Virilio. Des mots de minuit, novembre 2002.
Il était enfant de la guerre (d’où son sens de la désintégration), puis catholique – « converti adulte » – et donc, urbaniste, philosophe et essayiste. Il a réfléchi à la vitesse, à ce qu’elle décompose de notre temporalité et de notre organisation sociale. Le politique veillant au grain du contrôle. Il invente à l’occasion de cette étude le néologisme « dromologie ».
Il avait fondé au début des années 1960 le groupe Architecture Principe avec Claude Parent et publié le manifeste sur la « Fonction Oblique » qui marque un tournant dans l’histoire de l’architecture française contemporaine.
Nous sommes, dans cette émission, en 2002. À l’époque de la « mondialisation des affects » comme il disait, l’année d’après un septembre de 2001, il est le témoin d’un moment qui permet une pensée contre soi. Il théorise sur l’accident, « face cachée de la productivité », raconte cette église de Nevers qui diaclectise son apparence extérieure de bunker (les années 60 de l’équilibre atomique de la terreur) et la lumière intérieure qu’on y trouve; détaille ce musée de l’accident au sens large ou revisité qu’il imagine et appelle à ce devoir de mémoire des grandes « catastrophes »: Auschwitz, Hiroshima, la déforestation, les krachs boursiers, Tchernobyl, le 11 septembre. « Il faut apprendre l’accident pour pouvoir s’en souvenir ». Comme Blanchot, Virilio offre une écriture et un parler du désastre. Deux occasions de retrouver du sens…
Il estimait que l’écologie était « le signe du grand accident ».
Réalisation : Jean-François Gauthier
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
Paul Virilio y était reçu avec la chorégraphe Emmanuelle Huynh
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