Rokia Traoré: Offrir l’histoire en majesté et en partage, « Dream Mandé-Djata »
Il y a la solennité d’un lieu, la solennité d’un propos, la puissance et la simplicité de la résistance incarnée par une femme malienne qui endosse le récit de la griotte. Redire l’apport d’une Afrique exemplaire dans son organisation politique et sociale est bien le propos quand une suffisance, une ignorance ou un aveuglement ont fait dire que le continent n’était pas entré dans l’Histoire
Le lieu avignonnais de ce spectacle et de ce « mot à mot »: le musée Calvet. Le bâtiment était l’hôtel particulier d’un amateur d’art du XVIIIème siècle. Il continue d’imposer sans vergogne sa solennité de « monument historique ».
Les platanes de son jardin gentiment caressés par le vent ajoutent à la majesté du moment. On pourrait rêver. Les bancs sont spartiates et au même niveau. Celles et ceux du fond se contenteront de rêver. Tant pis, tant mieux.
Les platanes de son jardin gentiment caressés par le vent ajoutent à la majesté du moment. On pourrait rêver. Les bancs sont spartiates et au même niveau. Celles et ceux du fond se contenteront de rêver. Tant pis, tant mieux.
Elle est en blanc. Elle chante en mandingue et raconte en français. La kora de Mamadyba Camara et le n’goni de Mamah Diabaté séquencent le récit repris d’une griotte férue d’histoire: Bako Dagnon (elle est morte en 2015). Que disait-elle? Que bien avant Les Lumières de l’Occident, l’Afrique avait une charte des droits et que les princesses bossues n’ont pas forcément à craindre les buffles prédateurs. Rokia Traoré préfère le Politique au mythe quand elle insiste sur la parole et l’histoire d’un continent écrite en blanc par ses colons et saccagée par les propos malvenus écrits par la plume d’un récent président français.
La magie de ce spectacle est dans ce grand écart entre ce que peut dire l’Afrique et le propos de ceux qui s’en pensent les porte-paroles.
À Bamako existe une fondation pour la musique, la scène, la culture et l’histoire. Elle a été créée par Rokia Traoré qui y investit tous les cachets qu’elle perçoit à l’occasion de ses tournées internationales. Car, elle chante aussi autrement… Pour mémoire, elle est auteure, compositrice, interprète et guitariste.
La magie de ce spectacle est dans ce grand écart entre ce que peut dire l’Afrique et le propos de ceux qui s’en pensent les porte-paroles.
À Bamako existe une fondation pour la musique, la scène, la culture et l’histoire. Elle a été créée par Rokia Traoré qui y investit tous les cachets qu’elle perçoit à l’occasion de ses tournées internationales. Car, elle chante aussi autrement… Pour mémoire, elle est auteure, compositrice, interprète et guitariste.
« L’épopée de Soundiata Keïta est à la fois l’histoire et la légende de l’Afrique de l’Ouest. Entre 1235 et 1255 environ, il règne sur l’empire du Mandé qu’il unifie et pacifie après avoir vaincu Soumaoro Kanté, roi fourbe et cruel. Mêlant faits incontestables et événements fantastiques, le récit de sa vie et de son règne a été transmis pendant des siècles par la seule voix des griots mandingues. Prophéties, sorts magiques et exploits guerriers sont perpétués pour célébrer un souverain soucieux des libertés de son peuple, énumérées dans la fondatrice charte de Kouroukan Fouga. »
« Peu de parcours artistiques sont à la fois aussi libres et aussi enracinés que celui de Rokia Traoré. D’ailleurs, on l’a souvent dite unique, post-traditionnelle, mutante, tant elle se trouve avec facilité à des carrefours inconnus, à des confluences imprévisibles et pourtant dessinées par son histoire personnelle. Rokia Traoré est une voix très malienne pour la puissance et le timbre, mais volontiers folk pour la vertu du retrait et de la précision, et tout autant rock dans son goût de la rencontre, de la turbulence et du choc. Ce qui la marque à jamais? Aux armes et cætera de Serge Gainsbourg, que son père mettait très fort le matin, un 33 tours d’Ella Fitzgerald, les albums de Joan Baez, Tracy Chapman, Mark Knopfler, mais aussi Ali Farka Touré ou des cassettes de griots lorsque, plus tard à Bamako, ses amis maliens n’écoutent que du rap. Si Rokia Traoré est vue comme une icône de la world music, célébrée pour l’élégance d’une musique incarnant la culture sans frontières du nouveau siècle, elle est aussi par ses chemins singuliers – un spectacle écrit avec Toni Morrison et mis en scène par Peter Sellars, assimilation de l’héritage des griots, alors qu’elle n’appartient pas à leur caste – le symbole d’un Mali en mouvement. Au Festival d’Avignon, la chanteuse présente une nouvelle audace, à la fois pour sa culture et pour sa carrière de chanteuse. » ©FestivalAvignon
« Dream Mandé-Djata »
Texte, conception, musique: Rokia Traoré avec Mamadyba Camara (kora) et Mamah Diabaté (ngoni).
Du 30 août au 2 septembre 2017 au Zürcher theater de Zurich
Le 22 septembre au Manège, scène nationale, à Maubeuge
Le 18 novembre 2017 à l’abbaye de Fontevraud
Du 30 août au 2 septembre 2017 au Zürcher theater de Zurich
Le 22 septembre au Manège, scène nationale, à Maubeuge
Le 18 novembre 2017 à l’abbaye de Fontevraud
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