Joann Sfar, Seydou Boro, Carlos Liscano, Damien Odoul. Anne Calas #195
« Des mots de minuit » accueille un dessinateur, un chorégraphe, un cinéaste et un romancier. Malgré leur horizon et leur mode d’expression divers, un lien plus ou moins souterrain les unit dans leurs recherches et leurs travaux : La question de la philosophie des corps. Dans leurs dos, Schopenhauer et Kafka comme deux fantômes inspirants et puissants. Métis, radical, réjouissant!
Émission N°195 du 23 février 2005
Rédaction en chef : Rémy Roche
Journalistes: Lorenzo Ciavarini Azzi et Nathalie Mantovani
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
le chorégraphe Seydou Boro
le romancier Carlos Liscano
et le cinéaste Damien Odoul
La chanteuse Anne Calas, et le ténor Dimitri Hvorostovsky pour la musique…
MANIÈRES DE VOIR :
J’ai une formation de comédien, de chanteur et de danseur. Mais à un moment donné, j’ai eu envie d’utiliser tous ces mondes. Là et maintenant, mélanger de plus en plus. Il n’y a pas qu’une seule voix dans la danse, et on peut se permettre d’oser. Et c’est comme ça, en osant, que je suis parti sur ce solo.
Seydou Boro. Des mots de minuit, 2005.
– Joann Sfar est un auteur de bande dessinée (déjà plus d’une centaine d’albums), illustrateur, romancier et réalisateur français. Équilibriste, entre la philosophie et la religion, sans jamais se défaire d’une humour ravageur et subtil, Sfar est un observateur caustique de tout ce qui l’entoure, armé de ses crayons et d’une bonne connaissance de la philosphie (Il fut élève de Clément Rosset) et de la culture juive.
J’ai transformé ma mémoire en activité professionnelle. J’ai l’hystérie du dessin, c’est la contradiction qui me constitue. Moi on m’a enseigné le dessin comme le rapport entre la réalité et la fiction. Pour moi, mêler la fiction avec la réalité c’est très salubre.
Joann Sfar .Des mots de minuit, 2005.
Joann Sfar .Des mots de minuit, 2005.
ACTUALITÉ CULTURELLE :
– Carlos Liscano est un écrivain uruguayen né en 1949 à Montevideo. Engagé dans le mouvement de guerilla urbaineTupamaros, il est arrêté le 14 mars 1972 et condamné peu après par le régime militaire à treize années de prison. C’est incarcéré qu’il commence à écrire. Aprés avoir été libéré, il rejoindra la Suède où il vit désormais. Il parle ici de son troisième roman La route d’Ithaque (Belfond)
C’est en prison que j’ai commencé à écrire. C’était pour moi une manière de m’exprimer malgré la détention, parce qu’il y avait beaucoup de solitude. Et écrire, était aussi une manière de faire passer le temps. Mon livre, c’est le récit de la route d’un homme qui ne trouve pas ce qu’il cherche.
Carlos Liscano. Desmots de minuit, 2005.
Carlos Liscano. Desmots de minuit, 2005.
« La route d’Ithaque ». Extrait.
« Dans ce quartier de Rinkeby, parmi les immigrants en provenance du Sac, comme disait Lumumba, un Noir que je connus plus tard, quand je travaillai à l’hôpital, se déroulait une silencieuse guerre mondiale de tous contre tous, excepté les rares Suédois qui y habitaient, qui ne participaient pas à la bagarre parce qu’ils se savaient en territoire étranger. Ils restaient neutres, ne livraient bataille à personne, fidèles à la tradition. Les Finlandais se croyaient presque Suédois et méprisaient le Reste comme disait Lumumba, le Reste comprenant presque tout le monde. »
– Damien Odoul est cinéaste, acteur, metteur en scène ou encore poète. Véritable caméléon dans le paysage artistique français, rebelle et imprévisible, artiste jusqu’au bout des ongles, Odoul évoque ici avec passion son nouveau film En attendant le déluge avec, dans le rôle titre, un Pierre Richard bien loin des farces et des rigolades du grand blond.
En France, certains veulent voir Odoul comme le cinéaste du noir et blanc et des analphabètes. Pour moi, c’est toujours très amusant de voir ces gens se demander, mais où est-ce qu’il va ce type? J’ai fait une trilogie que j’ai terminée avec ce film, « Errances », et ça a été un four extraordinaire.
Damien Odoul. Des mots de minuit, 2005.
Damien Odoul. Des mots de minuit, 2005.
MUSIQUE:
– Le ténor russe Dimitri Alexandrovitch Hvorostovsky (1962-2017) interprète un extrait de son album Where are you my brothers ?
– La chanteuse Anne Calas, accompagnée du pianiste Henry Torgue, interprète Petite Louise
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