Denis Lavant et Razerka Ben Sadia-Lavant, Reda Kateb, Bruno Masure et Claude Sérillon, Arnaud Gaillard 🎼 avec Ayin Aleph #365

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Quand Shakespeare amène au slam un comédien et une metteuse en scène de théâtre du souffle et de la parole; quand une passion plus qu’une carrière se joue à ça; quand le sociologue questionne la sexualité en prison inexistante dans le code et interdite par les murs; quand deux anciens compères du journal télévisé jouent la lucidité face au journalisme qui vient. Sinon, Ayin Aleph pour le son…

Des mots de minuit : émission n°365 du 9 décembre 2009
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
CONVERSATION:

Denis Lavant: Le but, c’est de retourner toutes les valeurs sociales. À quoi ça rime? On ne sait plus très bien où situer les valeurs aujourd’hui, c’est là le problème. On ne sait plus où se fixer.
Razerka Ben Sadia-Lavant: Shakespeare m’inspire parce qu’il tombe à chaque fois juste, comme quand ce Timon croit qu’il a beaucoup d’amis. Jusqu’à sa ruine. Pour lui qui était dans le partage et qui se croyait entouré en cas de difficulté avant de se rendre compte que non.
Quant au slam, je voulais être dans l’adresse directe et retrouver simplement la parole… On n’a pas besoin de beaucoup de choses quand on a quelque chose à dire. La parole et le souffle suffisent. C’est ce que j’ai voulu privilégié. Les slameurs sont des virtuoses de la parole poétique.

Denis Lavant et Razerka Ben Sadia-Lavant. DMDM, 2009.

Denis Lavant et Razerka Ben Sadia-Lavant  
Entretien avec Denis Lavant, comédien et Razerka Ben Sadia-Lavant metteuse en scène notamment pour la pièce de théâtre « Timon d’Athènes: Shakespeare and slam ».
Bracelet en or
« L’objet qui la prolonge… » Dans les moments qu’elle dit « difficiles, délicats ou émouvants », Razerka Ben Sadia-Lavant porte des bracelets que lui a offerts sa soeur il y a trente ans…
Denis Lavant aime les objets qui ont vieilli. Comme cette canne, récemment achetée, un accessoire qu’il utilise pas seuleument dans la vie mais également au théâtre.

Quand j’ai été casté pour la série « Engrenages » sur Canal, je faisais à l’époque du théâtre et pour gagner un peu de sous, je faisais le clown dans les anniversaires d’enfants, ce jour-là pour une petite fille de 4 ans. La directrice de casting n’avait pas voulu retrader le rendez-vous. J’étais en retard. Bus, taxi dans lequel je me suis changé… Je suis arrivé en courant, je transpirais. Je lui ai demandé: « est-ce que je peux passer l’essai quand même? » Et j’ai été pris… Et puis est arrivé « Le prophète » d’Audiard….
Je ne sais pas comment faire dans la vie s’il faut pousser des coudes pour obtenir une place. Ce que je trouve en parfaite contradiction avec le métier d’artiste dans lequel il ne devrait pas être question d’exister contre les autres!

Reda Kateb. DMDM, 2009.

Reda Kateb
Le comédien, remarqué dans « le prophète » de Jacques Audiard à l’occasion de la sortie du premier long métrage de Léa Fehner « Qu’un seul tienne et les autres suivront ».
Crotales (castagnettes)
« L’objet qui le prolonge… »: un instument d’esclaves, les catagnettes dites « crotales » des « Gnawas », héritiers des anciens esclaves d’Afrique noire déportés au Maghreb. Elles produisent trois notes sont censées reproduire le bruit des chaînes. « Faire sonner dans la durée pour se libérer dans une espèce de cercle de libération! »

Dans le Code de procédure pénale, le mot sexualité n’existe pas . Il y a pudeur et obscénité et c’est à partir de là que tout le régime de la sexualité est organisé. Donc la loi n’en parle pas et l’architecture ne la facilite pas non plus. Elle ignore ce besoin. Il n’y a pas de possibilité architecturale qui la permette en toute dignité et à l’abri du regard des autres, pour protéger la pudeur…
J’ai dû inspirer confiance à toutes celles et à tous ceux qui m’ont parlé. Ça a été plutôt cathartique pour eux. Ils ont été extrêmement généreux dans un témoignage qui leur faisiat du bien. Ils pouvaient enfin évoquer cette chose qui est vraiment tabou en prison, même entre eux.

Arnaud Gaillard. DMDM, 2009.

Arnaud Gaillard

Le sociologue, à propos de son livre « Sexualité et prison : désert affectif et désirs sous contraintes » .

Flyer du congrès mondial contre la peine de mort  
À l’époque, Arnaud Gaillard était en charge de l’organisation en Suisse du quatrième congrès contre la peine de mort prévu en 2010.

Je me suis dit que si les Français estimaient régulièrement que les medias ne sont pas indépendants du pouvoir politique, c’est qu’il y avait un malaise et donc j’ai raconté dans ce journal mon expérience -avant et après 1981- des rapports entre les politqiues et les journalistes: les repas qu’on partage, les voyages qu’on partage, la façon dont ça fonctionne… J’ai mis aussi les doigts dans le pot de confiture!

Bruno Masure. DMDM, 2009.

Bruno Masure et Claude Sérillon
Les deux journalistes Bruno Masure et Claude Sérillon pour la publication de leurs livres « Journalistes à la niche?: de Pompidou à Sarkozy, chronique des liaisons dangereuses entre médias et politiques », et « Les mots de l’actu ».

Vous savez, par exemple, que pour les chiffres du chômage, on a l’habitude de ne pas prendre en compte l’Outre-mer. Si on ne le fait pas, on est aujourd’hui à 4 millions 300 et quelques mille. De fait, on commence par parler d’une catégorie, on y ajoute parfois le détail pour les plus de 55 ans…
Mais si on prenait à chaque fois le temps d’expliquer, on pourrait être plus précis et éviter de fausses polémiques… On a l’impression que c’est de la « com » gouvernementale ou syndicale ou que le journaliste fait ça vite fait et qu’il passe à autre chose…

Claude Sérillon. DMDM, 2009.

Brique de billets recyclés

« L’objet qui le prolonge… »: une brique constituée de 1000 billets de 500 francs déchiquetés et compactés offerts aux invités du Ministère de l’économie dont Bruno Masure lors de « la célébration » du passage à l’euro.

LIVE:

Ayin Aleph interprète « My bloody mariage » et « I came ».