DMDM #340. « Si je ne chantais pas, je ne continuerai pas à vivre! »: Misia

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Quand l’artiste dansait nue avant même que le fado ne devienne sa possibilité de vivre; quand le metteur en scène transcende le pessimisme d’un texte et en recueille l’énergie; quand le malheureux mari de Virginia Woolf craignait les « abominables complications de la virginité »; quand la BD à deux -scénariste et dessinateur et vice-versa- est d’abord affaire de musique ou de littérature …

Des mots de minuit : émission #340 du 25 mars 2009.
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
 
CONVERSATION:

 

Je chante le fado très déshabillée, à fleur de peau, sans aucune pudeur… De ce point de vue, je suis nue sur scène quand je chante… Le fado m’a donné en tout l’envie, la force. C’est un outil pour vivre vraiment…

Misia. DMDM, 2009.

Misia
La chanteuse de Fado (patrimoine universel de l’humanité), née dans une famille espagnole d’artistes (mére danseuse et grand-mère actrice), sort l’album « Ruas »  et est en concert au Casino de Paris. Elle cite Beckett: « Quand on est dans la merde jusqu’au coup, il ne reste plus qu’à chanter… »

 

Une photo de sa mère.

« L’objet qui vous prolonge… » Une photo de sa mère qu’elle a retrouvée récemment et qui l’accompagne désormais partout.

 

Je ne suis pas pessimiste. Je monte des choses qui sont tragiques mais ça n’implique rien. La mise en scène est aussi une forme d’écriture et de littérature destinée à la mort comme tous les gestes qu’on fait. Il y a des options dans cette perspective. La mienne est de travailler sur l’énergie. Ça se donne. Ça demande de la concentration. Mais, on peut la récupérer et la réutiliser et ça, pour moi, c’est la vitalité d’un spectacle et ça peut être mon apport à des textes qui sont assez pessimistes.

Jorge Lavelli. DMDM, 2009.

 

Jorge Lavelli
Le metteur en scène  argentin, élève en France de Charles Dullin et Jacques Lecocq, est sur le plateau pour sa pièce « Le garçon du dernier rang » dont il assure la conception et la mise en scène et qui est jouée au Théâtre de la Tempête

 

 

J’ai été voir qui était Léonard Woolf, le mari de Virginia et à cette époque, c’est l’homme qui était forcément un bon amant et la femme qui était frigide… De fait, c’était un homme très malheureux, très déchiré, exilé comme petit fonctionnaire à Ceylan… De là-bas, il écrit à un ami à propos des femmes, « qu’elles sont extraordinairement laides et que mortes, elles sont répugnantes »… Quand sa famille lui dit d’épouser Virginia il dit que « l’épouvantent les horribles préliminaires et les abominables complications de la virginité ». On imagine quel amant et quel initiateur il a pu être pour Virginia!

Viviane Forrester. DMDM, 2009.

 

Viviane Forrester
L’essayiste, romancière et critique littéraire (notamment au journal Le Monde) signe une biographie de Virginia Woolf dont elle est considérée comme une spécialiste. Son angle d’attaque: Léonard, un mari abîmé à l’intérieur.  
(Sur Woolf, voir également le « Plume » d’Alexandra Lemasson ci-dessous).

 

Si ça ne fonctionnait pas facilement, ça ferait longtemps qu’on aurait arrêté de travailler ensemble. La meilleure image de notre travail commun est la musique. Les sons se mélangent mais on ignore d’où vient telle ou telle note. Ça s’est fait naturellement. En plus, il y a un rapport évident entre le trait et la voix.

Il y a, dans notre manière de raconter en BD, un souci de l’écriture. En tant que lecteur, la bulle m’intéresse pour ce qu’elle me raconte. Le dessin est presque secondaire. Doit-il être beau? Pas forcément! Ce qui compte, c’est le livre! On est dans une écriture même si la littérature en BD, est essentiellement dialogue. Cette économie de moyens laisse place à tout le reste et le lecteur va le remplir lui-même!

Charles Berberian, Philippe Dupuy. DMDM, 2009.

 

Philippe Dupuy et Charles Berberian
Les auteurs de BD (un temps chez Fluide glacial avec « Graine de voyous »), par ailleurs illustrateurs, pour la sortie des tomes 5 et 6 de leur bande dessinée « Monsieur Jean ». Ils écrivent à quatre mains. L’un et l’autre sont à la fois auteurs et scénaristes. 

 

Du blanc.

« L’objet … » Un flacon de correcteur pour Philippe Dupuy  qui aime l’idée du vide et celle du travail sur la case blanche.

 

Une de ses bagues.

« L’objet… » Pour Charles Berberian, l’une de ses bagues. Il les collectionne et dit que celle-ci était à lui avant même qu’il l’achète!

Musique:

 

Misia interprète deux extraits de son dernier album « Ruas ».

Misia en son site…

 

 DMDM, L’Émission… 



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