Cédric Villani, Fatou Diome, Linda Lê 📚 Florent Morisseau et Francis Parmentier. #389
Quand le mathématicien enchante sa discipline; quand une romancière raconte la misère de ceux qui rêvent d’eldorado et de celles qui attendent de leurs nouvelles; quand sa voisine d’émission questionne les abus de pouvoir et de dictature; quand le paysagiste et le maraîcher repensent l’hortillonnage; quand Bako Dagnon chante l’Afrique. Réjouissant, métis, radical: Des mots de minuit!
Des mots de minuit:
Émission N°389 du 22 septembre 2010
Réalisation: Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Journalistes: Lorenzo Ciavarini Azzi et Nathalie Mantovani
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
Avec
Les romancières Fatou Diome et Linda Lê
Le mathématicien Cédric Villani
Le paysagiste Florent Morisseau et le maraîcher Francis Parmentier
et la chanteuse Bako Dagnon …
CONVERSATION :
Le sujet de l’immigration s’impose et s’imposera de plus en plus au vu de la mobilité actuelle et des déséquilibres économiques qui n’encouragent que cela… Quand on dit immigration ici, il faut toujours penser que cela veut dire de l’autre côté émigration. Il y a l’arrivée ici et il y a l’arrachement de l’autre côté. Ce n’est pas un voyage d’agrément. Donc, il y a des raisons et des conséquences. Analyser les erreurs du passé, c’est important mais une fois qu’on a compris ce qui s’est passé avec l’esclavage et la colonisation, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est sur quel socle m’appuyer pour propulser la barque Afrique et avancer vers demain. De ce côté-là, il y a aussi une reponsabilité des dirigeants africains autant que celle de l’Europe…
Fatou Diome. Des mots de minuit, 2018.
Fatou Diome, auteure franco-sénégalaise, pour son livre « Celles qui attendent ». Les héroïnes de son roman attendent des nouvelles de leurs proches qui ont décidé d’immigrer clandestinement :
« Arame et Bougna, mères, respectivement, de Lamine et Issa, deux émigrés clandestins. Elles ne comptaient plus leurs printemps, mais chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui devait tenir la demeure sur les galeries creusées par l’absence. Mais commentdépeindre la peine d’une mère qui attend son enfant, sans jamais être certaine de le revoir ? Coumba et Daba, quant à elles, humaient leurs premières roses : jeunes, belles, elles rêvaient d’un destin autre que celui de leurs aînées du village. Assoiffées d’amour, d’avenir et de modernité, elles s’étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix. Mariées, respectivement à Issa et Lamine, l’Europe est leur plus grande rivale. Esseulées, elles peuvent rester fidèles à leur chambre vide ou succomber à la tentation. Mais la vie n’attend pas les absents, derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles. Le visage qu’on retrouve n’est pas forcément celui qu’on attendait. » ©Flammarion.
Ce livre tourne autour de l’opposition entre deux camps, celui de ceux qui pensent qu’il faut répondre à la terreur par la terreur, celui de ceux qui préfèrent répondre par la non violence… En tout cas, une résistance est possible, une certaine espérance.
Linda Lê. Des mots de minuit, 2018.
Linda Lê, auteure née au Vietnam signe « Cronos » :
« À Zaroffcity, le pouvoir est détenu par deux absolutistes : le Grand Guide, intronisé après un coup d’État, et son ministre de l’Intérieur, Karaci, surnommé la Hyène par des habitants qui vivent sous le régime de la terreur. Alors que les exactions se multiplient, alors que les opportunistes se rangent sous la bannière des nouveaux dirigeants, s’élève une voix, celle d’Una, fille d’un ancien astronome devenu sénile. Pour le sauver, elle a dû accepter d’épouser Karaci. Elle écrit en secret à son frère, comédien exilé, des lettres sur sa solitude de captive, exprimant son amertume, ses indignations, ses rancœurs, mais aussi son amour pour son vieux père, pour un gamin des rues venu malgré les dangers lui apporter une consolation, pour un insurgé, auteur de pamphlets subversifs. Peu à peu, une métamorphose s’opère en elle : d’abord résignée, elle rejoint les opposants puis se mue en conspiratrice au moment où elle apprend qu’elle va être mère. Fable politique, tragédie mettant en scène les excès d’une dictature, les compromissions des arrivistes, la corruption par l’argent et le musellement des rébellions, Cronos est aussi le chant d’amour d’une Antigone résolue au sacrifice. »
© Chistian Bourgois
Quand vous dites les mathématiques, vous insistez sur la diversité et il y a beaucoup de mathématiques différentes. Quand vous dites la mathématique, vous insistez sur l’unité. Les deux sont intéressantes… On pense que cette matière est figée alors qu’elle est très ouverte. Dans l’océan immense de choses que l’on aimerait savoir, en recherche, vous ne voyiez rien, vous ne savez pas comment prendre le problème et un jour, quand vous avez de la chance, arrive cette petite lueur, ce moment où vous sentez que vous allez pouvoir demêler les choses.
Cédric Villani. Des mots de minuit, 2018.
Cédric Villani, le mathématicien, désormais député, alors qu’il vient de recevoir la médaille Fields attribuée tous les quatre ans au cours d’un congrés international à un ou plusieurs mathématiciens de moins de 40 ans. Il évoque notamment John Nash, mathématicien et schizophrène, pour qui il a la plus grande admiration
Dans le secteur où je me trouvais, c’était beaucoup d’eau, énormément de friches. L’hortillonnage vous oblige à faire avec la nature et vous lie à l’environnement.
Sur ce territoire, il y avait un équilibre entre l’action de l’homme et le milieu. Aujourd’hui, avec l’évolution de l’agriculture, les maraîchers avaient tendance à disparaître. Mon travail de paysagiste -qui n’est ni une lubie ni une intervention d’artiste- est un travail sur la mémoire du lieu, son ajustement et son évolution pour lui retrouver une dynamique. Il s’agit pour nous de réhabiliter l’endroit et son économie. Autrefois tous les légumes étaient acheminés par barques au cœur de la ville d’Amiens. Aujourd’hui c’est en camionnettes. Tout l’enjeu est de prouver qu’il est possible de produire et de consommer local.Florent Morisseau, Francis Parmentier. Des mots de minuit, 2018.
Le paysagiste Florent Morisseau et le maraîcher Francis Parmentier, maraîcher hortillonnage . Ils présentent le projet « Hortillonnages d’Amiens. À quelques centaines de mètres de la cathédrale gothique, ils constituent un ensemble de jardins flottants sur un dédale de 65 km de canaux, au cœur de la cité amiénoise.
MUSIQUE :
Bako Dagnon (1948-2015) chante « titati » et « Sidi Ba » extraits de son album « Sidiba ».
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