Catherine Hiegel, Slimane Benaïssa, Jessie Westenholz, Jacques Rebotier #60
Une actrice et un metteur en scène. Un poète aussi. Et quelques notes de jazz… L’amour du texte, des mots, de la poésie et du rythme de la langue… La passion du théâtre surtout… L’exil parfois… L’art toujours… « Des mots de minuit »: Métis, radical, réjouissant!
Émission N°60 du 28 mars 2001
Réalisation: Jean François Gauthier
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
Avec l’actrice Catherine Hiegel
Le metteur en scène Slimane Benaïssa
la directrice du salon de la musique Jessie Westenholz
et le poète et compositeur Jacques Rebotier
Le saxophoniste François Jeanneau, et le chanteur Charles Marcellesis pour la musique…
MANIÈRES DE VOIR :
– La comédienne Catherine Hiegel a été sociétaire de la Comédie-Française de 1976 à 2008. Pour cette enfant des planches (elle monte sur scène pour la première fois à 10 ans) la vie est théâtre. Sa passion implique un respect scrupuleux des textes qu’elle incarne et défend. Son art de l’interprétation est unanimement reconnu dans la profession, notamment des textes du patrimoine, sans que cela ne l’empêche d’aller explorer et défendre les nouveaux auteurs du répertoire, sans peur ni œillères, elle parle dans cette émission de son rôle dans Le malade imaginaire mis en scène par Claude Stratz à la Comédie-Française. Elle a fait peu de passages au cinéma, mais son interprétation dans le film La vie est un long fleuve tranquille d’Étienne Chatiliez, sorti en 1988, l’a rendue populaire.
La Comédie-Française a été depuis trois siècles un théâtre de création… On a créé Marivaux, on a créé Beaumarchais, Hugo, Musset, on a fait des scandales… Mais ça s’est arrêté, paradoxalement après la seconde guerre mondiale. Si je suis sortie pour aller jouer à Chaillot, à La Colline, à Nanterre, c’est pour rester en contact avec l’écriture contemporaine. C’est un besoin nécessaire, comme auteur, comme metteur en scène… sinon, on risque de se figer en restant uniquement dans le langage classique
Catherine Hiegel. Des mots de minuit, 2001.
– Slimane Benaïssa est auteur, metteur en scène et acteur. Il écrit en français et en arabe. Il revendique son identité amazighe. Il évoque ici sa mise en scène de la pièce Mémoire à la dérive mais aussi de son roman Les fils de l’amertume Auteur humaniste et courageux, il conteste dans ses pièces l’histoire officielle qui fait de l’Algérie un pays arabe à la religion unique, ce qui lui valut, venant des islamistes, menaces et insultes. Depuis 1993 il leur doit aussi son exil devenu sa prison et son inspiration
Mon problème c’est l’exil. C’est à travers mon métier que je fais exister une idée d’un pays que je porte en moi. Mais en tant qu’exilé, on est dans une situation très ambiguë. On finit par ne plus ressembler au pays qu’on a quitté. Ou plutôt le pays a changé. Un pays qui ne correspond plus à nos désirs. Mais si je continue à trimbaler l’exil comme une fatalité, je ne peux plus travailler.
J’ai connu les trois religions dans mon enfance. Dans la même maison, on était voisins d’une famille juive et d’une autre chétienne; les trois mères étaient comme des sœurs, et nous les enfants, on passait d’une famille à l’autre. J’ai grandi dans les trois religions monothéistes.Slimane Benaïssa. Des mots de minuit, 2001.
Slimane Benaïssa. Des mots de minuit, 2001.
ACTUALITE CULTURELLE:
– Jessie Westhenholz est commissaire générale du Salon Musicora. Cette année (2001) c’est la pratique instrumentale qui est à l’honneur, avec, comme bouquet final, l’interprétation du Bolero de Ravel par presque 2000 amateurs, ravis de participer à cette aventure hors norme.
Il ne faut pas dire en France « amateurisme ». Je suis danoise. Dés qu’on sort le mot amateur, les français sortent le revolver, ça ce n’est pas possible, surtout en musique. Cette année au Salon, ce sont les amateurs qui sont mis en valeur.
Quand on fait de la musique on est obligé d’écouter l’autre. C’est pas fréquent dans la vie moderne.
Jessie Westenholtz. Des mots de minuit, 2001.
– Jacques Rebotier est poète, metteur en scène et compositeur. Nous le recevons à l’occasion du printemps des poètes. Il est passionné par la relation vibrante qui existe au coeur du langage. Il lit ici un poème extrait de son receuil Le dos de la langue:
«Mademoiselle, voudriez-vous courbons nos langues ? (Pas l’échine !) Aimeriez-vous redressons langage ? Par racines… Que prenons-re les lettres au mot ? Et que pendez-les ? Par les pieds ? Plus si affinités ?
MUSIQUES :
– Le saxophoniste François Jeanneau interprète Calypso facto.
– Le chanteur et guitariste corse Charles Marcellesis interprète une chanson de son répertoire: Corsicaboverde.
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