Carmen Castillo, Fabienne Verdier, Yves Pasquier et Marc Bierry, Jacques Bonnaffé ; 🎼 avec Kim Novak et Laetitia Himo #288
Si vous pensez que les artistes sont des êtres qui, principalement, papotent légèrement de leur création autour d’un verre, ici vous risquez d’être surpris. Et si le lien de ce numéro était le travail ? Travail de mémoire, travail de peinture, travail des mots et des ressentis, travail de recherches intimes et universelles. Du Chili aux pentes de la Maurienne, un sens brûlant et partagé de l’engagement. “Des mots de minuit”: métis, radical, réjouissant!
Des mots de minuit, l’Émission du 5 décembre 2007. #288
Avec
- La documentariste et écrivaine Carmen Castillo
- La peintre Fabienne Verdier
- Les artistes Yves Pasquier et Marc Bietry
- L’acteur et comédien Jacques Bonnaffé
Musique
- Le groupe de rock Kim Novak
- La violoncelliste Laetitia Himo
CONVERSATION:
Carmen Castillo signe Rue Santa Fe. Dans ce documentaire, elle revient au Chili dans son ancienne maison, là où son mari, leader du MIR, a été tué par les hommes de main du régime Pinochet. Ce film pose la question de l’engagement politique et met en avant l’importance du devoir de mémoire.
Être vaincue, survivre et traverser la vie en restant fidèle, pour moi, c’était une évidence. La fidélité n’incluant pas les rituels d’accompagnement à la mort. Comme la mémoire c’est vivant, détruire la nostalgie c’est expérimenter la vie dans ce qu’elle a de présent. Mais je suis pleine de deuils impossibles. Je suis ce corps qui a été frappé, je suis cette vie. Mais je sais que j’ai vécu le bonheur, la joie de vivre, que j’ai vécue avec les autres dans l’engagement politique.
Carmen Castillo. Des mots de Minuit, 2007.
Fabienne Verdier est artiste peintre. Elle évoque son enfance et son expérience en Chine, où elle a appris auprès des maîtres l’art du trait, comme une expérience mystique et ethique. Elle évoque aussi la sortie du livre Entretien avec Fabienne Verdier de Charles JULIET paru chez Albin Michel.
Ce chemin de soi est long et prend des années. Se reconnecter avec cette part spirituelle de soi est tout un chemin. Pour donner à voir en peinture j’ai dû faire un travail très très long. Enfant j’étais très seule, rebelle, assise au fond de la classe près du radiateur. Et puis… il y’a eu la Chine…
Fabienne Verdier. Des mots de minuit, 2007.
L’objet qui vous prolonge : un pinceau en corne de buffle et en crin de cheval mesurant un mètre.
Yves Pasquier est né en Savoie en 1957. Après une formation scientifique, sociale et artistique, il s’engage avec son épouse comme volontaire permanent au sein du mouvement ATD Quart-Monde et partage la vie de familles très démunies dans une cité-ghetto pendant deux années. Il en reviendra avec volonté et une certitude: L’Art et la Culture sont de formidables leviers pour le développement local, la création de liens, l’insertion et la promotion de tous et en particulier des plus fragiles d’entre nous. Il parle ici d’une réalisation artistique exposée sur les pentes de la Maurienne avec les habitants devenus « artistes-partageurs ».
Ce projet me passionne. Son approche est globale. On est dans la création mais on est dans le partage, dans l’envie d’être fier. C’est une œuvre qui crée de la solidarité, du partage. Ca faisait longtemps que je rêvais d’une création collective pour que les gens de ce territoire puissent mieux s’aimer.
Yves Pasquier. Des mots de minuit, 2007.
Marc Bierry est avec Yves Pasquier le co-auteur réalisateur de l’ œuvre populaire et participative Laura, un gigantesque assemblage d' »auras » d’aluminium personnalisées sur un flanc de montagne de la vallée de la Maurienne.
Y’a une œuvre qui donne aux autres la possibilité de faire une œuvre. C’est fait avec le métal de la vallée de la Maurienne. C’est une œuvre faite par vingt mille personnes, une œuvre en devenir qui parle du désir de rayonner de vingt mille personnes …
Marc Bierry. Des mots de minuit, 2007.
L’objet qui vous prolonge : leurs sculptures en forme d’aura symbole de leur association » Solid’Art » qui vise à l’insertion professionnelle en offrant aux personnes la possibilité de participer à la construction d’une sculpture collective en forme de couronne dans la vallée de la Maurienne.
Jacques Bonnaffé. L’acteur et comédien parle de sa passion, la poésie, à l’occasion de son spectacle L’Oral et Hardi à la Maison de la poésie, à Paris.
Le plaisir extrême, je le considère comme ordinaire. Au départ de la poésie il y a la nomination, nommer chaque chose. C’est le début de la poésie. Je suis amené à considérer que mon culte, plus que le plaisir extrême, c’est la richesse du parler. Toutes les déclarations d’amour que l’on fait au mot amour, sont bonnes.
Jacques Bonnaffé. Des mots de minuit, 2007.
L’objet qui vous prolonge : son cabas
MUSIQUE :
Le groupe de rock Kim Novak interprète deux morceaux de son dernier album Luck et Accident : Lost at play, et If .
La violoncelliste Laetitia Himo interprète Beata Funtanella (de son album Ritorna vicinu à mè.
Des mots de minuit #288
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Des mots de minuit/France2
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