Magic Marciac. Dans le subtil cocktail du festival gersois, la note de velours acide de Melody Gardot.
L’immense chapiteau est plein à craquer, il ne faudra pas deux titres pour que les 6000 spectateurs soient pris d’envoûtement. Introduite par de solides musiciens, voici Melody Gardot. On la croyait fragile créature, c’est une atypique diva qui sait tout dire et tout chanter qui prend possession de la scène pour deux heures de transports en commun. Si elle ne concède rien aux facilités démagogiques, elle donne tout et sur tous les tons. « Pas besoin de se mettre toute nue sur scène« , glisse-t-elle dans un sourire et un joli français.
En 2003 — elle a 18 ans — Melody Gardot connait l’horreur d’un accident de la circulation qui la cloue 12 mois sur un lit d’hôpital. La musique l’aide à se guérir, c’est ensuite qu’elle décide d’en faire sa vie. Il lui faudra du temps et de la volonté pour réapprivoiser son corps meurtri et si ce soir elle éloigne les photographes du festival, c’est peut être qu’elle pense que tout n’est pas encore bien en règle. Les apparences sont parfois trompeuses, pas les mots ni les notes, la foule de Marciac qui n’est plus qu’une oreille et un c(h)œur s’en émerveille autant qu’elle s’en émeut.
Qui est-elle, celle que l’on a connu fredonnant, comme dans une comptine jazzy « Les étoiles, les étoiles, dites-moi pourquoi je vous regarde? » Multiple, changeante, complexe comme sa musique. On la croit quand, raisonnable romantique, elle confie « Our love is easy« , on suit la rockeuse glamour dans ses gros sons funky, elle nous scotche quand elle rend hommage à Charlie Mingus dans une déroutante mélopée qu’on aimerait sans fin, s’accompagnant d’un piano droit quand d’autres exigent un Steinway. C’est finalement sa simplicité qui fait mouche, son sens de l’authentique et de la confidence, son intransigeance, ses mystères, ses envies, ses révoltes, ses écorchures.
Le velours et les épines, le blues fait aussi partie de son répertoire.
Melody Gardot, tournée en France à l’automne.
Jazz in Marciac, jusqu’au 16 août 2015.
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