Il vient d’être promu chevalier de la Légion d’honneur, il est « patron » de festival… Il n’aime pas les yaourts. Pas leur contenu mais ce à quoi ils renvoient d’un monde néolibéral maniaque où le marché et les riches auraient gagné. Et dire que les forces du mal qu’ils dénoncent, comme si ce n’était plus important, le laisse mener à sa guise un festival 2018 à deux étendards : LGBT et CULTURE
Je plaisante à peine mais dans ce « Mot à mot » s’expriment des convictions et des combats dont le mainstream n’aurait que faire. Voilà donc un chevalier à la force tranquille qui remue la société sur son genre, travaille avec les détenus de la prison voisine et fait salles combles (on vérifiera avec le bilan 2018). L’ordre du monde (Avignon comme le footbal) va bien. Provocation sûrement, mais les tragédies que décline le théâtre ne se sont jamais aussi bien portées. Quant au social mis en scène à Avignon, il peine à devoir suivre, hors la montagne, un premier de cordée fantasmé par le politique. Olivier Py me semble parfaitement incarner cette misère contemporaine et sournoise qui oblige à repenser et à réorganiser une résistance.
C’est à notre tour de dire qu’il n’y a pas d’autre alternative que la culture et l’éducation. Et tant pis si cela a été trop souvent dit. Tant pis si cela a été crié dans le désert encore et encore, tant pis si une minorité le dit à une autre minorité qui l’entend. Il n’y a pas d’autre alternative que de considérer le problème sous la lumière d’un autre désir. Non l’art ne peut servir seulement de consolation au tout libéral, ni de supplément d’âme à des défiscalisations, ni d’arrangement élégant et luxueux avec notre impuissance. L’art est ce qui précisément maintient ouvert les possibles quand tout semble impossible et que les puissances proclament cette impossibilité pour affermir leur pouvoir.
Olivier Py, juillet 2018.
Sinon, notre chevalier au large sourire reste aussi prolifique, qu’il écrive sur ses auteurs favoris, Paul Claudel par exemple, ou fasse d’une déclinaison du théâtre d’Eschylle un brûlot contemporain.
« Dans le cadre de sa politique d’accessibilité de la culture à tous les publics, le Festival d’Avignon développe depuis 2004 un partenariat avec le Centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet. En 2014, à la demande d’Olivier Py, ce partenariat s’intensifie grâce à la mise en place d’un atelier de création qu’il dirige avec Enzo Verdet. En signant avec et pour les détenus de l’établissement : Prométhée enchaîné, Hamlet et Antigone, ils proposent aux acteurs, avec l’aide de l’administration pénitentiaire, de se produire hors les murs. »
« Composé de trois courtes pièces, Pur présent se souvient des tragédies d’Eschyle qu’Olivier Py traduit et monte depuis dix ans. Cette intimité avec le poète antique a ouvert une brèche dans son esthétique comparable à celle issue de son travail en prison. Pour le dramaturge et directeur du Festival d’Avignon, les pièces nées de ces compagnonnages, comme ici L’Inaccessible, L’Inaccompli et L’Irrévocable, sont l’occasion de dépouiller son geste théâtral et d’aiguiser sa langue. Pour « cette tragédie de notre pur présent » dans lequel « le moindre geste nous rend coupables », Olivier Py a voulu la fulgurance, la concision grâce à quelques personnages puissants et situations extrêmes : un détenu et un aumônier, un banquier et son fils, un homme masqué et la foule, une prison qui brûle, un coup de feu, une révolution masquée. Tous sont pris dans des joutes oratoires qui s’entremêlent et se répondent. Tous s’emparent d’une question pour laquelle morale et loi sont impuissantes. « Comment vivre dignement ? »