Claude Régy (1923-2019): à l’écoute du silence… 🎭
C’est toujours une leçon et un plaisir d’écouter ce metteur en scène dont l’exigence a toujours corrélé l’épure et la recherche sans cesse approfondie des formes de ce lieu du vivant qu’est le théâtre. Sa dernière proposition (« Intérieur » de Maeterlinck) vaut bien un exercice d’admiration. « Mot à mot » du 20 juillet 2014.
En une heure et dix-minutes, il vaporise l’hystérie contemporaine. Rien que de lent dans cette pièce (Intérieur de Maurice Maeterlinck) mise en scène par Claude Régy à Avignon. Claude Régy, Sisyphe de 91 ans, qui a toujours voulu dans sa rigueur et son minimalisme, autre chose pour le monde, autre chose pour le spectateur qu’il engage ici organiquement et émotionnellement dans un drame (une famille apprend la mort de l’un de ses enfants). Il nourrit par le peu et oblige à la pensée, à la réappropriation du mystère. Régy qui sait faire écouter le vide et transformer le plomb du contemporain en or: la possibilité d’une mise en tension de soi, d’un donner à toucher la palpitation du monde sans tomber dans la tentation ou la sidération de l’horreur.
Il nous offre le temps et l’espace dans un ralenti et une économie du verbe et des corps, une sublimation du silence, une occasion de chemin de soi qui vaut méditation réussie autant qu’expérience initiatique. La pièce commence que déjà elle est donnée. Et cet hapax vaut admiration. Claude Régy rend heureux!
FESTIVAL D’AUTOMNE. Du mardi 9 au samedi 27 septembre, à la maison de la culture du Japon (Paris 15ème).
Consentir à ses propositions est la garantie d’une expérience sensorielle. L’agileté intellectuelle et la résistance aux effluves néo-libérales étayent la radicalité du propos.
Pour cette deuxième mise en scène en trente ans de Intérieur de Maurice Materlinck, Claude Régy a travaillé, à la demande de Satoshi Miyagi avec les acteurs du Shizuoka Performing Arts Center.
La pièce de Maeterlinck écrite en 1894, à l’origine d’un renouveau de l’écriture théâtrale est structurée par deux espaces (rendus chez Régy par la lumière). D’un côté, à l’intérieur d’une maison, une famille qui vit tranquillement son quotidien. Dehors, des étrangers messagers de l’inéluctable et porteurs de la nouvelle: une jeune fille, l’enfant de ceux qui ne savent pas encore s’est noyée. Leur parole (ici réduite à l’extrême) anticipe la tragédie qui vient. Jean-Pierre Léonardini (L’humanité) parle d’une « suave leçon de ténébres« . Rien à ajouter!
ps: quand nous le rencontrons le 20 juillet, Claude Régy entame la lecture du roman de Laurent Mauvignier: Autour du monde (Editions de minuit)
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