Desmotsdeminuit, une suite… est à Avignon pour rencontrer, écouter et voir. Quelques-uns de celles et ceux qui font le festival. Off et In et le « mot à mot »… de Marie-José Malis. La directrice du Théâtre de la Commune à Aubervilliers a proposé à Avignon « Hypérion » de Friedrich Hölderlin, SA référence poétique, philosophique et langagière!
Le poète allemand est l’un de ces donneurs d’alerte qui savent mettre en lumière les gouffres de l’époque et l’esprit du temps. Son roman épistolaire, écrit en 1796, à l’âge de 26 ans, (un jeune homme parti en Grèce à la guerre contre les Turcs écrit à son ami resté au pays pour parler de boucherie et d’amour, de sa séparation d’avec Diotima, de barbarie et de divin) est pour la metteuse en scène un « analyseur historique » parfaitement adapté à l’histoire contemporaine (Les « printemps arabes« , la crise en Grèce). Elle y voit également une ode à la jeunesse et l’opportunité d’un possible par les mots et la finesse de l’analyse. Hölderlin écrit au lendemain de la révolution française.
La critique a assassiné cette proposition de Marie-José Malis. « Raseur« , « lugubre » sont les qualificatifs (les moins dépréciatifs) qui n’ont même pas réveillé Avignon dans sa routine mâtinée de manifestations des intermittents ou de visite ministérielle escamotable. L’avocat du diable dira à sa décharge que la normalienne, fille d’agriculteurs explique remarquablement sa conception du théâtre et de l’usage des mots, de leur nécessaire métabolisation par les comédiens. Ce spectacle sera repris à la rentrée au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers.