Il y a de l’exaltation tragique chez Verdi ou chez Dumas fils quand il s’agit d’écrire ou de mettre en musique le chemin de vie et de mélancolie de celle que la bourgeoisie d’un milieu de siècle passé, le dix-neuvième, considèrent comme une dévoyée. La courtisane chante la jouissance, voudrait aimer mais la bonne morale l’assigne à la volupté. Une condamnation à mort…
En 2014, Après le Werther de Massenet dont la mise en scène lui a valu succès et « bankabilité » dans le milieu du lyrique, Benoît Jacquot s’attache à l’un des portraits de femmes (son cinéma en compte quelques-uns) les plus singuliers et émouvants du répertoire. A l’un des opéras les plus courus de Giuseppe Verdi, La traviata, la « dévoyée« , inspiré, via Dumas fils de la déréliction de la demi-mondaine Alphonsine Duplessis, La dame aux camélias. Sur Culturebox, il a déjà évoqué « les secrets de sa signature« . On pourra en retenir symboliquement le gigantisme de trois éléments de décor: un lit pour le stupre et le métier dont on ne sort pas et qui fait les maladies honteuses; un arbre pour la vie possible mais inaccessible aux gourgandines; un escalier pour le poids social qui ruine la liberté et l’intime d’une vie de femme amoureuse inexorablement assignée.
Mot à mot enregistré à l’Opéra de Paris
J’ai proposé ce mot à mot à Benoît Jacquot quelques instants avant la représentation que vous propose Culturebox …
Il arrive pile à l’heure, régle quelques détails avec ses assistants et s’installe. Il a toujours l’épi aussi facétieux… et le premier mot est signifiant… Ce qui ne nous empêchera pas d’évoquer Duras ou le tournage de son dernier film, LeJournal d’une femme de chambre d’après Octave Mirbeau…