« Anomalie des zones profondes du cerveau »: Tempête sous un crâne
La romancière Laure Limongi consacre un roman sensible et réjouissant à l’algie vasculaire de la face, version aigue de la migraine que la médecine traditionnelle peine à soulager.
De George Sand à André Gide en passant par Franz Kafka ou Gustave Flaubert, nombreux sont ceux qui en ont souffert. Véritable « supplice contre lequel il n’est pas de remède » affirme Guy de Maupassant. « Perversion? » s’interroge Roland Barthes. La migraine touche environ 15% de la population mondiale soit un milliard de personnes. « Jules César serait le plus ancien migraineux connu. La migraine n’empêche donc pas de conquérir la Gaule ». Encore moins d’écrire un roman. « Anomalie des zones profondes du cerveau » de Laure Limongi en est la preuve éclatante.
« Ca commence comme un orage. Ou des milliers de vers traversant le cerveau. Des picotements (…) La pire chose que j’ai jamais ressentie. C’est comme avoir un pic à glace enfoncé derrière l’oeil ». Voilà pour les premiers symptômes de l’algie vasculaire de la face, affection rare aussi nommée migraine du suicide. Tout un programme. »Et il est vrai qu’au plus fort de la douleur, l’idée de la mort apparaît comme un apaisement, selon le raisonnement simple: ne plus ressentir=ne plus ressentir la douleur« , affirme Laure Limongi qui sait de quoi elle parle et va néanmoins trouver une parade inédite à son mal. Que faire quand on a tout essayé de l’acupuncture à la sophrologie en passant par le taï chi, la médecine chinoise ou l’Isoptine seul traitement reconnu à l’heure actuelle dont les effets secondaires transforment le corps « en organisme vieillard « ? Se tourner vers les substances psychédéliques? Attendre que la molécule qu’elles contiennent, que l’on retrouve dans le LSD, soit enfin commercialisée? Hanter jusqu’à la fin de ses jours l’unité Céphalées des grands hôpitaux? Laure Limongi a trouvé mieux. Devenir actrice de son mal. Autrement dit écrire.
Pour échapper au devenir du patient ordinaire, la romancière établit alors un programme auquel elle va se tenir : »Inscrire chaque élément de sa vie pour tenter de trouver une logique, un schéma. Ne jamais se séparer de son carnet ni de son stylo. Se cartographier comme un continent tout juste découvert. Faire des listes. Des diagrammes.(…) Noter ce qu’on mange, ce qu’on boit(…) Etre son propre flic, son infirmière insupportable de minutie et d’indiscrétion. » « Anomalie des zones profondes du cerveau » est un voyage au coeur de la maladie souvent drôle, toujours érudit. Après l’avoir refermé vous saurez tout sur l’algie vasculaire de la face. Et plus encore. Ainsi « Freud avait la phobie des fougères« , « douze nouveau-nés sont donnés tous les jours à des parents qui ne sont pas les leurs« ou encore « Une pieuvre possède trois coeur« . Le plus intéressant restant cependant le voyage intérieur auquel la romancière convie son lecteur. Des pages poignantes, sans fard, dans lesquelles elle conte »l’isolement. La perte de temps. La vie qui file. Les larmes de rage. L’injustice ». En 1926 Virginia Woolf employait d’autres mots mais ne disait pas autre chose de cette singulière expérience qui met fin soudain à toute mascarade dans un petit récit intitulé « De la maladie ».
« Ca commence comme un orage. Ou des milliers de vers traversant le cerveau. Des picotements (…) La pire chose que j’ai jamais ressentie. C’est comme avoir un pic à glace enfoncé derrière l’oeil ». Voilà pour les premiers symptômes de l’algie vasculaire de la face, affection rare aussi nommée migraine du suicide. Tout un programme. »Et il est vrai qu’au plus fort de la douleur, l’idée de la mort apparaît comme un apaisement, selon le raisonnement simple: ne plus ressentir=ne plus ressentir la douleur« , affirme Laure Limongi qui sait de quoi elle parle et va néanmoins trouver une parade inédite à son mal. Que faire quand on a tout essayé de l’acupuncture à la sophrologie en passant par le taï chi, la médecine chinoise ou l’Isoptine seul traitement reconnu à l’heure actuelle dont les effets secondaires transforment le corps « en organisme vieillard « ? Se tourner vers les substances psychédéliques? Attendre que la molécule qu’elles contiennent, que l’on retrouve dans le LSD, soit enfin commercialisée? Hanter jusqu’à la fin de ses jours l’unité Céphalées des grands hôpitaux? Laure Limongi a trouvé mieux. Devenir actrice de son mal. Autrement dit écrire.
Pour échapper au devenir du patient ordinaire, la romancière établit alors un programme auquel elle va se tenir : »Inscrire chaque élément de sa vie pour tenter de trouver une logique, un schéma. Ne jamais se séparer de son carnet ni de son stylo. Se cartographier comme un continent tout juste découvert. Faire des listes. Des diagrammes.(…) Noter ce qu’on mange, ce qu’on boit(…) Etre son propre flic, son infirmière insupportable de minutie et d’indiscrétion. » « Anomalie des zones profondes du cerveau » est un voyage au coeur de la maladie souvent drôle, toujours érudit. Après l’avoir refermé vous saurez tout sur l’algie vasculaire de la face. Et plus encore. Ainsi « Freud avait la phobie des fougères« , « douze nouveau-nés sont donnés tous les jours à des parents qui ne sont pas les leurs« ou encore « Une pieuvre possède trois coeur« . Le plus intéressant restant cependant le voyage intérieur auquel la romancière convie son lecteur. Des pages poignantes, sans fard, dans lesquelles elle conte »l’isolement. La perte de temps. La vie qui file. Les larmes de rage. L’injustice ». En 1926 Virginia Woolf employait d’autres mots mais ne disait pas autre chose de cette singulière expérience qui met fin soudain à toute mascarade dans un petit récit intitulé « De la maladie ».
Anomalie des zones profondes du cerveau – Laure Limongi – Grasset – 208 pages
Les lectures d’Alexandra
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