« Troisième personne » de Valérie Mréjen: un drôle d’événement

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Dans son huitième roman la vidéaste et plasticienne Valérie Mréjen conte une aventure éternelle: l’arrivée d’un enfant. Un récit aussi poétique que singulier.

Son arrivée, tout à fait annoncée, reste une surprise jusqu’au dernier moment. Contrairement à l’image assez répandue du petit rôti, il ne fait pas de doute qu’il s’agit déjà d’une personne.

« Troisième personne » – Valérie Mréjen

« Troisième personne » – Valérie Mréjen
Papa, maman et la Troisième personne parfois appelée l’enfant dont on apprendra au fil des pages qu’il s’agit d’une fille. C’est donc à une histoire éternelle que nous convie l’auteur de L’agrume: celle de la maternité. Un thème souvent traité par ses consœurs, Eliette Abécassis et Marie Darrieusecq entre autres, mais rarement avec autant de singularité. C’est là sans doute la marque de fabrique de de cette romancière qui n’écrit rien comme les autres et n’est jamais où on l’attend. 
A première vue tout est pareil. Et pourtant tout est différent. Le récit s’ouvre sur la difficulté des parents à mettre en place le porte -bébé et se clôt sur les premiers pas de cette Troisième personne qui, en l’espace de cent quarante pages et quelques mois va révolutionner leur vie. Entre temps, les jeunes quadragénaires auront fait l’expérience de mots nouveaux « qu’ils tentent quelquefois d’introduire dans les conversations, autant pour s’y accoutumer que pour voir si les autres en ont l’usage aussi. Grenouillère, turbulette. J’ai dans mon sac une turbulette. Certains ne relèvent pas et poursuivent le cours de l’échange car ils voient tout à fait ce dont il est question. D’autres, au contraire, font des yeux étonnés et demande de quoi il s’agit. C’est un sac de couchage, vois-tu, ajusté avec des bretelles pour que l’enfant ne se découvre pas la nuit ».
Mais il n’y a pas que leur vocabulaire à avoir été enrichi: leur espace géographique et mental aussi. « Quelque chose a bougé – note la jeune accouchée à son retour de la maternité – Les meubles, le plancher, les objets, les affaires. Tout est bien à sa place mais la perception a changé ».
Valérie Mréjen excelle à traquer dans ses filets l’insolite du quotidien. Sous sa plume, le plus petit détail prend des allures d’odyssée. On l’aura compris point de mièvrerie dans l’univers de cette romancière qui porte sur ce qu’il est convenu d’appeler « un heureux événement » un regard poétique, burlesque et décalé. 

Troisième personne – Valérie Mréjen – P.O.L. – 144 pages

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