Comment un handicapé social nous fait redécouvrir notre monde impitoyable. Une formidable comédie au goût acide.
Bad Boy Bubby – Rolf de Heer (Australie) – 1h48 – (reprise: 1993)
35 ans et toujours comme un gros bébé. Séquestré depuis tout ce temps par une mère maniaco-possessive dans une cave taudis sans lumière du jour, interdit de sortie, l’atmosphère extérieure serait empoisonnée. Pour son Bubby, elle n’a que « Bad boy! Jésus te regarde et te juge » à la bouche, sauf quand sa maltraitance va jusqu’à s’en servir comme objet sexuel. La pitance du petit: du pain écrasé mouillé au lait sucré, ses loisirs jouer avec les cafards qui colonisent le lieu ou torturer son chat. Un enfant sauvage quasiment privé de langage.
Voilà que le père revient sans prévenir. Alcoolique mythomane, il avait oublié qu’il avait un fils mais pas les seins de sa mère qu’il vénère au point d’être rentré pour à nouveau les honorer, ce qu’apprécie goulûment celle à qui ils appartiennent. Moins jaloux que déconcerté, Bubby tue père et mère alors qu’ils sont ivres-morts. Ça n’est pas une fin, c’est le vrai début du film, il fallait cette introduction.
La porte s’est ouverte, Bubby s’y engouffre, ignorant de tout, il va découvrir l’air du dehors, largement à ses dépens, l’innocence de son regard et de ses comportements nous fera réexaminer les absurdités et les quelques bonheurs de ce monde « libre« . Il serait insignifiant d’énumérer les affaires auxquelles l’attardé va être confronté, il faut les voir. Le scenario accumule avec astuce – mais dans l’économie du jugement – ces situations, ces impossibilités qui s’imposent à ce dépourvu de tout, qui ne peut qu’imiter ce qui s’est précedemment imprimé dans son logiciel buggé. C’est souvent vraiment très drôle, mais justement le cocasse nous ramène au réel d’un univers qui l’est beaucoup moins. Derrière la jouissive comédie (noire), il y a des questions qui dérangent.
Film hors normes, Bad Boy Bubby cache à peine une fable discrètement philosophique déguisée en aventure complètement barrée. Rolf de Heer, le réalisateur, dit qu’il a voulu parler de « l’importance d’être aimé pour un enfant« . En effet, sans ça, sauf miracle, difficile d’avoir une belle vie ensuite. Il y aura un miracle pour Bubby. Il plaide aussi pour le droit à la différence, toutes les différences. 25 ans après, le message est malheureusement toujours aussi pertinent. Énoncé dans une façon cinématographique très maîtrisée, il mérite la nouvelle exposition que lui offre cette reprise en salles. Larmes de rire assurées, pas seulement.
35 ans et toujours comme un gros bébé. Séquestré depuis tout ce temps par une mère maniaco-possessive dans une cave taudis sans lumière du jour, interdit de sortie, l’atmosphère extérieure serait empoisonnée. Pour son Bubby, elle n’a que « Bad boy! Jésus te regarde et te juge » à la bouche, sauf quand sa maltraitance va jusqu’à s’en servir comme objet sexuel. La pitance du petit: du pain écrasé mouillé au lait sucré, ses loisirs jouer avec les cafards qui colonisent le lieu ou torturer son chat. Un enfant sauvage quasiment privé de langage.
Voilà que le père revient sans prévenir. Alcoolique mythomane, il avait oublié qu’il avait un fils mais pas les seins de sa mère qu’il vénère au point d’être rentré pour à nouveau les honorer, ce qu’apprécie goulûment celle à qui ils appartiennent. Moins jaloux que déconcerté, Bubby tue père et mère alors qu’ils sont ivres-morts. Ça n’est pas une fin, c’est le vrai début du film, il fallait cette introduction.
La porte s’est ouverte, Bubby s’y engouffre, ignorant de tout, il va découvrir l’air du dehors, largement à ses dépens, l’innocence de son regard et de ses comportements nous fera réexaminer les absurdités et les quelques bonheurs de ce monde « libre« . Il serait insignifiant d’énumérer les affaires auxquelles l’attardé va être confronté, il faut les voir. Le scenario accumule avec astuce – mais dans l’économie du jugement – ces situations, ces impossibilités qui s’imposent à ce dépourvu de tout, qui ne peut qu’imiter ce qui s’est précedemment imprimé dans son logiciel buggé. C’est souvent vraiment très drôle, mais justement le cocasse nous ramène au réel d’un univers qui l’est beaucoup moins. Derrière la jouissive comédie (noire), il y a des questions qui dérangent.
Film hors normes, Bad Boy Bubby cache à peine une fable discrètement philosophique déguisée en aventure complètement barrée. Rolf de Heer, le réalisateur, dit qu’il a voulu parler de « l’importance d’être aimé pour un enfant« . En effet, sans ça, sauf miracle, difficile d’avoir une belle vie ensuite. Il y aura un miracle pour Bubby. Il plaide aussi pour le droit à la différence, toutes les différences. 25 ans après, le message est malheureusement toujours aussi pertinent. Énoncé dans une façon cinématographique très maîtrisée, il mérite la nouvelle exposition que lui offre cette reprise en salles. Larmes de rire assurées, pas seulement.
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