📚 « Le requiem de Terezin » de Josef Bor: un acte de résistance
Texte fondateur des Editions du Sonneur, l’histoire vraie du chef d’orchestre Raphaël Schächter est aujourd’hui rééditée. Un roman lumineux pour ne pas oublier.
Juriste tchèque, Josef Bor a été interné au camp de Terezin en 1942 puis transféré à Auschwitz en 1944. Libéré l’année suivante, il publie en 1963 ce texte directement inspiré de son expérience dans ce camp où furent emprisonnés de nombreux artistes. Parmi eux Robert Desnos, Marceline Loridan Ivans et un certain Raphael Schächter. Chef d’orchestre, Raphaël Schächter va avoir très tôt l’idée d’un pari fou: faire jouer par les détenus du ghetto le Requiem de Verdi. Une œuvre choisie à dessein: « Schächter se souvint de l’instant précis qu’il l’avait amené à commencer l’étude de cette œuvre. Prouver l’imposture, l’aberration des notions de sang pur ou impur, de race supérieure ou inférieure, démontrer cela précisément dans un camp juif par le moyen de la musique. »
S’extraire de la barbarie
Personne ne croit en son projet mais Schächter lui n’en démord pas: « J’y arriverai en dépit de toutes les difficultés rencontrées. » Arpentant les baraquements mouroirs, le chef d’orchestre part seul en quête des cent quarante choristes, des deux pianistes et des quatre solistes nécessaires pour interpréter cette messe catholique des morts. Le livre de Josef Bor retrace les dix- huit mois de répétition pendant lesquels ces hommes et ces femmes promis à une mort certaine vont parvenir à s’extraire de la barbarie de leur condition pour se consacrer à la beauté de la musique. En dépit des rafles quotidiennes, du nombre de choristes qui chaque jour diminue, Schächter continue, avec un seul souhait « que ceux qui résistaient encore gardent assez de force et de courage pour préserver une foi, une espérance invincible en l’avenir. »
Le chef d’orchestre et ses musiciens joueront devant les dignitaires nazis dont Adolf Eichmann. Sans faillir. « Quand nous reviendrons, j’écrirai une histoire, une nouvelle, ou peut-être un conte, un conte de fées, répétait souvent Schächter. » Josef Bor l’a fait. Son livre n’est pas un livre de désespoir mais une ode à la beauté et à la liberté. Inoubliable.
Le chef d’orchestre et ses musiciens joueront devant les dignitaires nazis dont Adolf Eichmann. Sans faillir. « Quand nous reviendrons, j’écrirai une histoire, une nouvelle, ou peut-être un conte, un conte de fées, répétait souvent Schächter. » Josef Bor l’a fait. Son livre n’est pas un livre de désespoir mais une ode à la beauté et à la liberté. Inoubliable.
Les Editions du Sonneur – 114 pages
traduit du tchèque par Zdenka et Raymond Datheil
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