« Et la terre de leur corps » de Zoé Valdés: les derniers jours de Gauguin

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Le Grand Palais consacre une rétrospective au peintre (jusqu’au 22 janvier 2018) et publie conjointement un récit de la romancière d’origine cubaine retraçant son ultime combat. Fiévreux et poignant.

 

Nous sommes en 1903 à Iva Hoa aux Marquises. Sur cette terre dont la sensualité lui a inspiré ses plus beaux tableaux. Gauguin est malade et il le sait. Sa blessure à la jambe s’est infectée. Il est seul désormais dans cette Maison du Jouir devenu Maison de douleur. C’est cet homme-là, vieillissant, malade, qu’a choisi de nous raconter la romancière Zoé Valdés.

Le moment était venu où son physique réclamait cet autoportrait, celui de sa vieillesse. Qui obéirait à sa vertueuse peinture, car tout chez lui ressortissait à la terre palpable, la pure terre rugueuse. Il allait bientôt avoir cinquante-cinq ans, et ses désirs étaient toujours intacts. Le désir de peindre, le désir d’aimer et de caresser une déesse pubère, l’irrépressible désir onaniste: le désir de soi.

Zoé Valdés, « Et la terre de leur corps »

Ce portrait c’est elle qui va le faire. De sa prose solaire et sensuelle donnant corps aux hallucinations du peintre qui ne tient plus que grâce aux injections de morphine. Toujours en vie mais déjà de l’autre côté.

C’est dans cet entre-deux que s’inscrit ce récit qui fait se dérouler tout le film de sa vie. De ses débuts à Paris quand il n’est encore qu’un jeune banquier jusqu’à l’homme qu’il est devenu et qui, « à l’âge de trente et un an, avait décidé de réaliser le grand rêve de sa vie : devenir peintre ». Une odyssée qui le mènera à Tahiti puis aux Marquises et dans laquelle les femmes tiendront un rôle éminemment central. Mette Sophie d’abord, la Danoise, qu’il avait aimé « de manière inconsistante, conventionnelle, insipide, mais c’était là sa façon d’aimer quand lui-même se prenait pour un bourgeois aisé » et qui lui donnera cinq enfants. Puis, toutes ses vahinés, Tehura qu’il avait épousée quand elle n’avait que treize ans et « dont il avait étrenné le corps de déesse » mais aussi Pahura, Vaeho qui lui inspireront parmi ses plus beaux tableaux. La romancière les convoque une à une dans cette chambre où le peintre vit ses dernières heures. Leur ombre plane sur ce récit sensuel dont elles sont les véritables héroïnes. Loin de se rallier au procès dont le peintre fit l’objet en Polynésie, Zoé Valdés raconte sans juger l’ultime combat de cet artiste majeur pour qui « le sexe (n’avait) pas d’autre façon d’être…que sauvage« .

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(photo d’illustration: © YanitziaCanetti)

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