« Chère Brigande » de Michèle Lesbre: lettre à une rebelle
L’auteure écrit à Marion de Faouët sorte de Robin des bois du XVIIIème siècle qui à sa manière nous parle d’aujourd’hui.
C’est l’histoire d’une femme qui en cache une autre. Toutes deux s’appellent Marion.
La première est SDF. La narratrice la croise chaque matin. « Je n’avais d’abord aperçu que sa chevelure débordant d’un duvet crasseux, longs cheveux roux emmêlés qui se répandaient en ondulant et qu’une discrète respiration soulevait en un rythme lent, parfois entrecoupé d’un soupir, d’un gémissement. »
La seconde, rousse elle aussi, est née en 1717 dans le Morbihan. « Tu t’appelles Marie-Louise, mais très vite Marion sera ton surnom, et aussi Finefont, ou encore Marie Fine-Mouche. Et fine mouche, tu l’es. Ta chevelure acajou enflamme le cœur des hommes, ils te seront fidèles jusqu’au bout, amis ou amants, toujours prêts à obéir à tes ordres ».
C’est à cette Marion là que Michèle Lesbre s’adresse par-delà les siècles dans ce beau roman en forme de lettre. A cette rebelle qui dépouillait les riches pour redistribuer aux pauvres. A cette « Robin des bois » bretonne qui mourra sur l’échafaud à l’âge de trente-huit ans et la fascine depuis longtemps. Pour sa liberté, pour sa révolte aussi et son engagement. Autant de combats en lesquels la romancière se reconnaît. « Au même âge, je participais à mes premières manifestations contre la guerre d’Algérie et j’entrais dans ce moment de ma vie portée par les utopies qui, j’en étais persuadée, sauveraient le monde. Vingt ans plus tard elles disparaissaient peu à peu avalées et digérées par ce monstre qu’est le système économique que nous combattions ».
Son combat actuel se joue dès lors sur d’autres fronts. Jetant des passerelles entre deux époques que tout semble opposer, elle souligne qu’en deux cent soixante ans les choses n’ont guère changé: « La misère, toujours encombrante pour le pouvoir se banalise. On tente parfois même d’en éliminer les traces (…) A Calais, des milliers de migrants croupissent dans des hangars, meurent, se font maltraiter par la police, comme si on attendait qu’ils renoncent et désertent enfin, qu’on puisse les oublier eux aussi ».
Michèle Lesbre, elle, ne renonce pas et signe avec cette lettre à une rebelle son roman le plus personnel. Le plus engagé.
La première est SDF. La narratrice la croise chaque matin. « Je n’avais d’abord aperçu que sa chevelure débordant d’un duvet crasseux, longs cheveux roux emmêlés qui se répandaient en ondulant et qu’une discrète respiration soulevait en un rythme lent, parfois entrecoupé d’un soupir, d’un gémissement. »
La seconde, rousse elle aussi, est née en 1717 dans le Morbihan. « Tu t’appelles Marie-Louise, mais très vite Marion sera ton surnom, et aussi Finefont, ou encore Marie Fine-Mouche. Et fine mouche, tu l’es. Ta chevelure acajou enflamme le cœur des hommes, ils te seront fidèles jusqu’au bout, amis ou amants, toujours prêts à obéir à tes ordres ».
C’est à cette Marion là que Michèle Lesbre s’adresse par-delà les siècles dans ce beau roman en forme de lettre. A cette rebelle qui dépouillait les riches pour redistribuer aux pauvres. A cette « Robin des bois » bretonne qui mourra sur l’échafaud à l’âge de trente-huit ans et la fascine depuis longtemps. Pour sa liberté, pour sa révolte aussi et son engagement. Autant de combats en lesquels la romancière se reconnaît. « Au même âge, je participais à mes premières manifestations contre la guerre d’Algérie et j’entrais dans ce moment de ma vie portée par les utopies qui, j’en étais persuadée, sauveraient le monde. Vingt ans plus tard elles disparaissaient peu à peu avalées et digérées par ce monstre qu’est le système économique que nous combattions ».
Son combat actuel se joue dès lors sur d’autres fronts. Jetant des passerelles entre deux époques que tout semble opposer, elle souligne qu’en deux cent soixante ans les choses n’ont guère changé: « La misère, toujours encombrante pour le pouvoir se banalise. On tente parfois même d’en éliminer les traces (…) A Calais, des milliers de migrants croupissent dans des hangars, meurent, se font maltraiter par la police, comme si on attendait qu’ils renoncent et désertent enfin, qu’on puisse les oublier eux aussi ».
Michèle Lesbre, elle, ne renonce pas et signe avec cette lettre à une rebelle son roman le plus personnel. Le plus engagé.
Chère Brigande – Michèle LESBRES – ed. Sabine Wespieser – 80 pages
(photo d’illustration de l’article: © Philippe Matsas – Opale)
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